Lem a écrit :C'est le fait de pouvoir dire : je lis (ou j'écris) un roman de science-fiction et que ça ne pose pas plus de problème que de dire : je lis (ou j'écris) un roman historique.
Ca, ca signifie que toi-même, tu as un problème avec le fait d'écrire de la SF. Je ne vois pas en quoi la légitimation par je-ne-sais-trop-quelle-puissance-magique y changera quoi que ce soit.
C'est une manière très naïve, voire enfantine, de considérer les lecteurs. Pour un lecteur de Marc Lévy, assassiné par la critique, et depuis le début, qu'on dise qu'il lise de la merde, il s'en fout (idem pour Dan Brown). Il aime ça. Alors peut-être que tu as une conception un peu scolaire et que tu veux qu'il existe un grand maître qui donne des bonnes et des mauvaises notes à tout le monde, mais ce grand maître n'existe pas.
Quand le public, éventuellement cornaqué par la critique, approche un roman policier, il sait intuitivement où placer ses attentes, comment se positionner par rapport au texte. Il se place dans le bon état d'esprit pour le recevoir et le comprendre tel qu'il a été écrit.
Et ce ne serait pas non plus lié aux auteurs de romans policiers ? Je veux dire, ce n'est pas AUSSI parce que les auteurs font de MEILLEURS romans policiers ?
mais simplement d'élargir ce qu'on considère comme de la littérature pour établir la place de la SF.
La SF est déja plus large que la littérature. C'est pour ça qu'elle a une place centrale dans la culture populaire contemporaine (aujourd'hui sort "Avatar" par exemple).
Somme toute, si on voulait transposer cette situation dans le domaine de la peinture au début du XXème siècle, on pourrait dire qu'il s'agit d'apprendre aux amateurs qu'il y a certains tableaux auxquels il est vain de demander une image naturaliste ou une application sage de la perspective ; pour comprendre Nos Toiles, il faut avoir une conception élargie de la peinture.
Ce qui a beaucoup aidé pour l'art Abstrait, unanimement reconnu par les amateurs. Mauvais exemple que la peinture. L'art moderne et contemporain est légitimé, mais il suffit de se promener à Beaubourg ou dans n'importe quel autre musée d'art moderne pour s'apercevoir de l'incompréhension parfois profonde pour les oeuvres de Fernand Léger, Nicolas de Stael, Hartung et Klein. Et je ne parle même pas des artistes vivants.
Et si tu penses aux Impressionnistes, c'est encore raté. Ils ont obtenu la reconnaissance du public avant d'être reconnus par les Académies.