Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » mer. déc. 16, 2009 10:32 pm

Lensman a écrit :
silramil a écrit :

Alors, OK pour une telle histoire, qui s'annonce passionnante, mais je doute qu'elle ait la portée légitimante que Lem espère, pour une simple et bonne raison. On peut dire que Renard et Rosny ont fait de la science-fiction. On peut par conséquent faire en sorte que des gens reprennent cette affirmation, et parlent du premier essai de Renard comme d'un acte de naissance de la science-fiction en France. Mais si un prescripteur se met à lire les romans de Renard, et les rapproche de ce qui se fait en science-fiction en France depuis cinquante ans, il ne sera pas plus avancé pour légitimer la SF actuelle.
Je suis assez d'accord avec l'ensemble de ton intervention (même s'il y a des points que je modèrerais ou que j'accentuerais, selon mon bon plaisir...). Pour la légitimation, on peut partir de l'idée que les "prescripteurs" ne vont pas "lire" les textes: ce qui compte, c'est qu'ils CROIENT qu'il y a eu une grande SF française passée, qu'on ne lit plus, mais d'une grande qualité littéraire, et qui rend des points aux cow boys étrangers, vifs mais mal dégrossis... (je précise que j'ironise, à partir d'un certain moment de ma réponse).
Oncle Joe
Mais enfin, Oncle Joe, Barjavel avait lu une bonne partie de tout ça, la vieille sf française (et même La Sphère d'or qui était australienne et qui a sûrement bercé Greg Egan), et il a exercé une grosse influence, et aussi l'avaient lue en tout ou partie Pierre Boulle, et Merle, et Hougron, et Curval, et Sternberg, et moi, et Bessière, et Carsac et probablement Wul. Nathalie Henneberg ignorait à peu près tout, voire tout, de la sf anglo-saxonne. Rosny a été très lu, et Renard aussi. Le Péril bleu et ses autres grands romans de sf et même ses recueils de nouvelles ont été des best-sellers. Robida a connu une énorme audience.
Crès a été un éditeur à succès, publiant principalement de la science-fiction et du fantastique. Et Wells et Doyle ont été tirés à des dizaines de milliers d'exemplaires au moins, en France, sans même remonter à Verne.
Rosny et Renard, dont on peut oublier ici les petites querelles personnelles dont l'histoire reste à écrire, n'ont pas fait immédiatement école comme ils l'espéraient, mais la Première Guerre Mondiale est passée là-dessus, qui a tué la plus grande partie des intellectuels et des écrivains plus ou moins en herbe, comme je l'ai souvent rappelé. Les revues populaires comme Sciences et Voyages, L'Aventure et bien d'autres publiaient avant 1914 et même un peu après beaucoup de science-fiction même si elles étaient plutôt destinées aux adolescents. La Maison d' Ailleurs en est pleine. Il faut aller à Yverdon.


Il ne faut tout de même pas croire que le monde a été créé après la Seconde Guerre Mondiale, ce que même les Créationnistes les plus délirants ne soutiennent pas.

Il y a eu un monde avant notre naissance, même si cela semble invraisemblable.
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silramil
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Message par silramil » mer. déc. 16, 2009 10:32 pm

Lem a écrit :De quoi s'agit-il, finalement ? De liquider ce qui reste du déni en proposant une histoire culturelle de la science-fiction en France qui respecte la chronologie et souligne les liens du domaine avec d'autres aires culturelles ou intellectuelles (dont M).
"respecter" la chronologie, ça n'existe pas. Les chronologies, comme les histoires du reste, sont conçues et écrites par ceux qui sélectionnent les faits à mettre dedans.
Ce n'est pas pour pinailler : je veux simplement qu'il soit clair que quel que soit le projet, il ne peut pas se prétendre objectif, et qu'il rencontrera forcément des objections. Mais il est bien de l'entreprendre, du moment qu'il ne s'agit pas d'imposer une vérité contre toute autre.
Mais le simple fait d'énoncer ce projet ici suscite des négations-rétractations automatiques de type : a) il n'y a pas de déni b) oui, d'accord, il y a un déni mais on s'en fout c) il n'y a pas de métaphysique d) oui, d'accord, il y a de la métaphysique mais c'est sans importance e) la sf est intrinsèquement ridicule, inutile de chercher plus loin f) la sf est intrinsèquement américaine, prétendre le contraire c'est de la propagande (on sent que "révisionnisme" n'est pas très loin).
Etrange, vraiment.
Je veux bien accepter jusqu'à e) que tu résumes le débat, mais le f) ne me convient pas.
L'argument n'est pas, en ce qui me concerne : la sf est intrinsèquement américaine, mais "la sf est quelque chose de distinct de l'imagination scientifique (malgré de nombreux points de convergence) et il a fallu pour la produire atteindre un seuil critique, notamment éditorial, qui a permis une prise de conscience collectives par les auteurs et les lecteurs".

Ce seuil critique a été atteint aux Etats-Unis, puis il a été atteint en France, non du fait des "modèles" anglo-saxons, mais grâce à la vitalité des collections et à la volonté des auteurs et critiques, qui se sont efforcés de donner une forme à la science-fiction. (sans oublier qu'il y a eu de nombreux hauts et bas dans cette histoire-là, mais ce n'est pas le sujet).
Ce qui est admirable est qu'un milieu complet de la science-fiction ait pu se constituer en France, en dépit de l'influence américaine et de l'absence de reconnaissance aux EU, marché principal, des auteurs français.
ce milieu, pour moi, ne doit rien aux réflexions de Maurice Renard, et tout à l'industrie des acteurs des années cinquante, puis soixante, etc. les Maurice Renault, les Dorémieux, les Curval, les Klein, les Goimard, les Sadoul, et plus près de nous les Lehman et les Wagner, pour n'en citer que quelques-uns.
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Lensman
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Message par Lensman » mer. déc. 16, 2009 10:37 pm

Lem a écrit :Au fond, c'est étrange, l'histoire de cette conversation. Car on l'a déjà eue plusieurs fois, de façon fragmentée, éparse, étalée sur plusieurs années et avec des points de départ différents, dans des articles, des préfaces, des conférences… De quoi s'agit-il, finalement ? De liquider ce qui reste du déni en proposant une histoire culturelle de la science-fiction en France qui respecte la chronologie et souligne les liens du domaine avec d'autres aires culturelles ou intellectuelles (dont M). Mais le simple fait d'énoncer ce projet ici suscite des négations-rétractations automatiques de type : a) il n'y a pas de déni b) oui, d'accord, il y a un déni mais on s'en fout c) il n'y a pas de métaphysique d) oui, d'accord, il y a de la métaphysique mais c'est sans importance e) la sf est intrinsèquement ridicule, inutile de chercher plus loin f) la sf est intrinsèquement américaine, prétendre le contraire c'est de la propagande (on sent que "révisionnisme" n'est pas très loin).
Etrange, vraiment.
Qu'y a-t-il d'étrange? nous sommes tous allés à l'école, nous sommes nombreux à avoir bénéficié d'une éducation où les notions d'Art, de Littérature, etc, avaient l'air bien claires et bien établies dans la tête de nos profs, bien établies par tout un système de légitimation. Et, parce qu'on s'est passionné pour la SF (une "subculture"), on s'aperçoit que ce système est un immense foutage de gueule. Ce n'est pas du tout une chose facile à accepter, car c'est notre monde qui s'écroule, à un certain niveau. On aime bien ça dans la SF, dans la fiction, mais dans la réalité, c'est moins amusant. Alors, les réactions varient, selon les uns et les autres, et elles évoluent. Les plus sages (Gérard) résistent bien, ils se sont construits un système qui leur permet de se placer au-dessus de la mêlée. Pour d'autres, il faut coute que coute sauver le modèle légitimant d'origine (il y a eu un "malentendu", la Littérature n'a pas compris que la SF, c'était de la Littérature, on va lui expliquer); d'autres encore décident de l'abandonner (ce n'est pas évident non plus). D'autres s'en fichent un peu, cela dépend de leur rapport à ce modèle légitimant. D'autres, qui l'ont abandonné depuis longtemps, parce qu'ils l'ont très vite détesté, ne sont pas du tout heureux de voir revenir les discussions à son sujet; etc, avec des variantes...
Quoi d'étrange, dans ce désarroi?
Oncle Joe
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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mer. déc. 16, 2009 10:39 pm

Bon, je vais faire un message sérieux, pour une fois. Il n'y a vraiment aucune ironie dans les lignes qui vont suivre, je le jure sur ce que j'ai de plus sacré : mon exemplaire du pressage monophonique du premier album des 13th Floor Elevators.

Plus cette enfilade avance et plus je me sens triste, déprimé, écœuré.

Peu à peu, le sens des mots se dilue, se perd, se décompose.

Le rêve, l'émerveillement, le sense of wonder lui-même sont sacrifiés sur l'autel du désir avide de reconnaissance, de l'obsession frénétique de la légitimation, de la poursuite maniaque de fantasmes mégalomaniaques de récupération de ce genre que j'aime et respecte au plus haut point, de ce genre que j'ai toujours essayé de servir.

J'éprouve une sensation de souillure.

Alors, oui, je sais bien que la sensation en question est purement personnelle, que je suis peut-être le seul à en être victime, mais elle est bien là, et je crois qu'elle est en train de me miner.

Cette enfilade n'est pas un débat, ni une discussion, ni même un dialogue de sourds.

Je ne sais pas ce qu'elle est, en fait.

Mais elle me donne la nausée.

Lem, Systar, Shalmaneser et consorts, vous me dégoûtez. Je n'ai plus rien à vous dire et je ne veux plus vous lire, je ne veux plus vous entendre, je ne veux même plus savoir que vous existez.

Vous me donnez envie de vomir.

Non : vous me donnez même envie de me bourre avec du vin des Rochers puis de vomir..

La science-fiction, ce sont ceux qui en parlent le moins qui en écrivent le plus.

Alors je vais faire un truc inédit : je vais fermer ma gueule.

Et je ne dis pas ce que je pense, car on me l'interdit.

Les modérateurs ont abusé, sur ce coup-là.

Bien content de me barrer, tiens.
Modifié en dernier par Roland C. Wagner le jeu. déc. 17, 2009 12:41 am, modifié 1 fois.
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silramil
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Message par silramil » mer. déc. 16, 2009 10:43 pm

Gérard Klein a écrit :Il y a eu un monde avant notre naissance, même si cela semble invraisemblable.
Toutes ces précisions sont convaincantes et utiles, et encore une fois j'attends cette histoire avec gourmandise.

néanmoins, je trouve la question des influences et des lectures des uns et des autres moins pertinente que le phénomène d'écriture si particulier de la science-fiction.

Une citation d'un de tes articles que j'aime à reprendre est "La science-fiction est, on l’a dit et redit, une littérature collective. Les uns et les autres apportent et empruntent à cette mer d’idées." (Fiction 70, septembre 1959, p. 131, "James Blish, l'intellectuel de la SF"). La mer d'idées, et d'images, de la science-fiction n'existe pas sans le continuum éditorial, sans la masse de textes ruisselants d'objets concrets et fascinants.
L'imagination scientifique, qui peut avoir nourri la science-fiction, en particulier en France, est une littérature faite de fontaines et d'étangs, où il est intéressant de s'ébattre, mais qui ne crée pas l'appel du grand large.

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Lensman
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Message par Lensman » mer. déc. 16, 2009 10:45 pm

Gérard Klein a écrit :
Mais enfin, Oncle Joe, Barjavel avait lu une bonne partie de tout ça, la vieille sf française (et même La Sphère d'or qui était australienne et qui a sûrement bercé Greg Egan), et il a exercé une grosse influence, et aussi l'avaient lue en tout ou partie Pierre Boulle, et Merle, et Hougron, et Curval, et Sternberg, et moi, et Bessière, et Carsac et probablement Wul. Nathalie Henneberg ignorait à peu près tout, voire tout, de la sf anglo-saxonne. Rosny a été très lu, et Renard aussi. Le Péril bleu et ses autres grands romans de sf et même ses recueils de nouvelles ont été des best-sellers. Robida a connu une énorme audience.
Crès a été un éditeur à succès, publiant principalement de la science-fiction et du fantastique. Et Wells et Doyle ont été tirés à des dizaines de milliers d'exemplaires au moins, en France, sans même remonter à Verne.
Rosny et Renard, dont on peut oublier ici les petites querelles personnelles dont l'histoire reste à écrire, n'ont pas fait immédiatement école comme ils l'espéraient, mais la Première Guerre Mondiale est passée là-dessus, qui a tué la plus grande partie des intellectuels et des écrivains plus ou moins en herbe, comme je l'ai souvent rappelé. Les revues populaires comme Sciences et Voyages, L'Aventure et bien d'autres publiaient avant 1914 et même un peu après beaucoup de science-fiction même si elles étaient plutôt destinées aux adolescents. La Maison d' Ailleurs en est pleine. Il faut aller à Yverdon.


Il ne faut tout de même pas croire que le monde a été créé après la Seconde Guerre Mondiale, ce que même les Créationnistes les plus délirants ne soutiennent pas.

Il y a eu un monde avant notre naissance, même si cela semble invraisemblable.
Et cela a constitué un genre? Tout cela (que j'adore) a été littéralement balayé avec l'arrivée de la SF anglo-saxonne (regarde le contenu de ta propre collection), qui elle, était vivante, conquérante. Il faut dire que c'était dans un triste état, déjà un peu attaqué par les vers.
Une histoire? Je compose une encyclopédie, que dis-je, un Mémorial, avec mes amis. Avec plein de vielles gravure de choses mortes, comme des feuilles sèches dans un herbier...
Oncle Joe
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jeandive
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Message par jeandive » mer. déc. 16, 2009 10:49 pm

Lem a écrit :La légitimation, c'est la fin du déni, tout simplement. C'est le fait de pouvoir dire : je lis (ou j'écris) un roman de science-fiction et que ça ne pose pas plus de problème que de dire : je lis (ou j'écris) un roman historique. [...]
euh , qd un houllebecq ecrit " ...ile" c'est pas deja un peu ça ?
Lem a écrit :Quand le public, éventuellement cornaqué par la critique, approche un roman policier, il sait intuitivement où placer ses attentes, ........Ce n'est pas le cas pour Notre Art, raison pour laquelle j'insiste tant sur le sense of wonder : le jour où il sera implicite (donc admis) qu'ouvrir un texte de SF suppose de se mettre dans un certain état de réceptivité, de disponibilité, ça voudra dire que cet état a été intégré à la gamme des attitudes possibles devant la littérature, en France, et que le travail de légitimation est terminé. Il ne s'agit pas de forcer la SF à se couler dans une "norme littéraire" d'ailleurs assez hypothétique ; mais simplement d'élargir ce qu'on considère comme de la littérature pour établir la place de la SF. Somme toute, si on voulait transposer cette situation dans le domaine de la peinture au début du XXème siècle, on pourrait dire qu'il s'agit d'apprendre aux amateurs qu'il y a certains tableaux auxquels il est vain de demander une image naturaliste ou une application sage de la perspective ; pour comprendre Nos Toiles, il faut avoir une conception élargie de la peinture.
bof : c'est tres intello tout ça , valable pour certains cas de figure mais pas forcement besoin d'attendre quoi que ce soit d'un roman pour le lire et l'apprecier , d'etre forcement " en condition " , que ce soit sf , polar ou autre : il ne faut des " clefs" que pour un certains type de sf , idem pour certains romans historiques pointus , idem sans doute pour certains polars psychologiques : des amis qui n'aiment pas la sf ont lu orwel , womack , huxley, brunner et ont aimé : pas besoin de clef pour ceux la , et c'est de la sf .Com d'hab , vu que la SF n'est pas " une " , diffcille des le départ de généraliser ...
on peut aimer une toile sans la comprendre completement : on augmente son plaisir intellectuel a savoir que quand dürer met un lapin dans ses gravures cela veut dire quelque chose mais perso cela ne rajoute rien a mon plaisir visuel .Je ne comprend pas forcement la physique quantique utilisées de façon precise dans un roman de sf , cela ne m'empeche pas forcement de ne pas etre " transporté" par ledit roman ; tout le monde n'a pas tout compris dans le nom de la rose : pas grave


histoire de la sf en france
http://www.actusf.com/forum/viewtopic.p ... start=3615

oh oui , miam , miam , on s'en fout que ce soit pour légitimer quoique ce soit , rien que pour faire avancer les choses , la culture , la curiosité , c'est bien ! Une base , c'est important pour etayer une hypothese , un discours , un débat d'idée , il faut des bases

lem : <<< Personnellement, je trouve cette histoire aussi belle et "fandomique" que celle des Futurians. Elle n'est racontée nulle part << euh , encore une fois , c'est sur ça ? avec tout ce qui a été ecrit sur la sf ? ( revues non specialisées , presses , fandom ...) ....apres , reunis en un seul livre , peut etre ...

tout a fait d'accord avec lem qd a sa perception de l'histoire de la sf et cet artificiel début du " genre" avec gernsback le luxembourgeo-americain : c'est agreable de lire des gens qui arrivent a mettre en formes ce que vous pensez sans pouvoir vous meme l'exprimer clairement :) ( sur bdfi lensman avait mis un sujet http://forums.bdfi.net/viewtopic.php?id=2034 , ou je parlais pour ma part - comme bq d'autres avant moi - de proto et de " vieille " sf , n'ayant pas la précision de GK

difficile de suivre ce topic et de repondre a des choses interessantes vu la vitesse de production de message ...
silramil <<<Je ne dis pas que les textes antérieurs à ce fonctionnement critique n'ont pas d'intérêt en eux-même, mais simplement que leur étude n'apporte guère à la compréhension des textes de science-fiction, et de ce fait ne peuvent, au mieux, que laisser indifférent des prescripteurs désireux de comprendre la science-fiction actuelle, et au pire brouiller le message. >>>> euh , cetains textes de rosny ainé me faisaient penser a de la sf américaine , avec des themes plutot " modernes " , digne de filiation , de comprehension du genre

je sais pas si c'est en lisant le versin ou le van herp qu'on arrive a comprendre la SF : deja assez rebarbatif a lire pour un fan de sf , alors pour des prescripteurs ...

le debat/sujet de ce fil serait surtout interessant si les idées ( concretes et bien mise en forme ) etaient proposées sur des forum ou parlent des gens de lettres ou des " prescripteurs " , ou de simples amateurs ( qui aiment ) de métaphysique , de sciences ,de Litterature et de voir/comparer les réactions

Lem

Message par Lem » mer. déc. 16, 2009 10:53 pm

Lensman a écrit :Et cela a constitué un genre?
Oui.
Pas une catégorie éditoriale (ça, c'est la contribution spécifique de Gernsback et tout ce qui en est sorti ensuite : le fandom et le début de l'interaction systématique entre auteurs, la variation sur les thèmes, etc). Mais un genre, c'est indiscutable. C'est en toutes lettres dans l'article de Renard, dans les interviews de Rosny, dans les éditos et autres papiers de Messac.

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Message par jeandive » mer. déc. 16, 2009 10:54 pm

silramil a écrit : ce milieu, pour moi, ne doit rien aux réflexions de Maurice Renard, et tout à l'industrie des acteurs des années cinquante, puis soixante, etc. les Maurice Renault, les Dorémieux, les Curval, les Klein, les Goimard, les Sadoul, et plus près de nous les Lehman et les Wagner, pour n'en citer que quelques-uns.
euh , maurice renault n'a été nourri qu'au petit lait americain ? itou curval ? et monsieur klein , qu'en dit-il ?

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Message par silramil » mer. déc. 16, 2009 10:56 pm

jeandive a écrit : silramil <<<Je ne dis pas que les textes antérieurs à ce fonctionnement critique n'ont pas d'intérêt en eux-même, mais simplement que leur étude n'apporte guère à la compréhension des textes de science-fiction, et de ce fait ne peuvent, au mieux, que laisser indifférent des prescripteurs désireux de comprendre la science-fiction actuelle, et au pire brouiller le message. >>>> euh , cetains textes de rosny ainé me faisaient penser a de la sf américaine , avec des themes plutot " modernes " , digne de filiation , de comprehension du genre
Oui, Rosny a écrit des textes super, et qu'on pourrait rattacher facilement à la SF telle que je l'entends. La Mort de la terre, Les navigateurs de l'infini peuvent sans que je trouve à redire faire partie d'une collection de science-fiction. D'ailleurs, ils ont été réédités dans des collections de SF après la guerre, et pour moi ce contexte est plus significatif que leur parution initiale.

Comme toute oeuvre de valeur, ces textes peuvent être lus à plusieurs époques et rattachés à de nouveaux contextes en fonction de leurs rééditions (les classiques sont, de ce point de vue, perpétuellement actuels). Cela n'en fait pas des exemples définitifs de science-fiction (au sens restreint, toujours).

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Message par Lensman » mer. déc. 16, 2009 10:56 pm

jeandive a écrit : je sais pas si c'est en lisant le versin ou le van herp qu'on arrive a comprendre la SF : deja assez rebarbatif a lire pour un fan de sf , alors pour des prescripteurs ...
Tu trouves vraiment le Versins "rébarbatif"? difficile d'emploi, c'est sûr... Mais on l'ouvre au hasard, on pioche, on s'émerveille... C'est ça, la vie! Après, on peut travailler, si on veut, et, à partir de cette délicieuse argile radioactive, sculpter des histoires des thématiques SF...
Oncle Joe

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Message par silramil » mer. déc. 16, 2009 11:00 pm

jeandive a écrit :
silramil a écrit : ce milieu, pour moi, ne doit rien aux réflexions de Maurice Renard, et tout à l'industrie des acteurs des années cinquante, puis soixante, etc. les Maurice Renault, les Dorémieux, les Curval, les Klein, les Goimard, les Sadoul, et plus près de nous les Lehman et les Wagner, pour n'en citer que quelques-uns.
euh , maurice renault n'a été nourri qu'au petit lait americain ? itou curval ? et monsieur klein , qu'en dit-il ?
Je parle d'activité éditoriale et d'écriture, pas d'influence.
Les lectures de nombreux auteurs des années cinquante et soixante sont d'abord françaises et on en trouve des traces indéniables.
Mais ce qui a produit la science-fiction, c'est la convergence de leurs efforts autour d'un tronc commun de collections et de revues (et ce, en dépit de toutes les rivalités) : ils avaient lu de l'imagination scientifique, ils avaient vu ce que voulait dire écrire et publier de la science-fiction, ils ont écrit et publié de la science-fiction originale, avec des influences de toute nature.

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Message par silramil » mer. déc. 16, 2009 11:04 pm

Lem a écrit :
Lensman a écrit :Et cela a constitué un genre?
Oui.
Pas une catégorie éditoriale (ça, c'est la contribution spécifique de Gernsback et tout ce qui en est sorti ensuite : le fandom et le début de l'interaction systématique entre auteurs, la variation sur les thèmes, etc). Mais un genre, c'est indiscutable. C'est en toutes lettres dans l'article de Renard, dans les interviews de Rosny, dans les éditos et autres papiers de Messac.
Le terme de genre est piégé. On peut désigner ce qu'on veut avec.
Mais même en admettant qu'un genre ait été constitué et que les quelques écrits d'époque l'attestent, ce genre n'est pas le genre recouvert par la catégorie éditoriale science-fiction, car il ne suit pas la même esthétique et ne fonctionne pas de la même manière, même si on y retrouve des procédés et des images en commun.

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Message par Lensman » mer. déc. 16, 2009 11:04 pm

Lem a écrit :
Lensman a écrit :Et cela a constitué un genre?
Oui.
Pas une catégorie éditoriale (ça, c'est la contribution spécifique de Gernsback et tout ce qui en est sorti ensuite : le fandom et le début de l'interaction systématique entre auteurs, la variation sur les thèmes, etc). Mais un genre, c'est indiscutable. C'est en toutes lettres dans l'article de Renard, dans les interviews de Rosny, dans les éditos et autres papiers de Messac.
Et ça pouvait rester longtemps dans cet état... Bon pour les collectionneurs de momies, dont je pense être une lamentable représentant...
Oncle Joe

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Message par Gérard Klein » mer. déc. 16, 2009 11:04 pm

silramil a écrit :
Gérard Klein a écrit :Il y a eu un monde avant notre naissance, même si cela semble invraisemblable.
Toutes ces précisions sont convaincantes et utiles, et encore une fois j'attends cette histoire avec gourmandise.

néanmoins, je trouve la question des influences et des lectures des uns et des autres moins pertinente que le phénomène d'écriture si particulier de la science-fiction.

Une citation d'un de tes articles que j'aime à reprendre est "La science-fiction est, on l’a dit et redit, une littérature collective. Les uns et les autres apportent et empruntent à cette mer d’idées." (Fiction 70, septembre 1959, p. 131, "James Blish, l'intellectuel de la SF"). La mer d'idées, et d'images, de la science-fiction n'existe pas sans le continuum éditorial, sans la masse de textes ruisselants d'objets concrets et fascinants.
L'imagination scientifique, qui peut avoir nourri la science-fiction, en particulier en France, est une littérature faite de fontaines et d'étangs, où il est intéressant de s'ébattre, mais qui ne crée pas l'appel du grand large.
Il ne s'agit manifestement pas pour Lem d'une Histoire Nationaliste de la science-fiction en France mais d'une histoire d'un pan trop négligé d'une littérature qui est dès ses origines transnationale. Je ne vois dans un tel projet aucune entreprise de légitimation, mais une entreprise disons scientifique pour autant que l'histoire le soit.
Si les universitaires en lettres faisaient ce qu'ils sont supposés faire, il y a longtemps que cette histoire, ou du moins ses linéaments, seraient écrits. Mais c'est encore dans Le Rocambole qu'on en trouve parfois des éléments.

Opposer ici populaire et littéraire me semble ici absurde. C'est un autre débat, non dénué de sens, mais une telle histoire doit être aussi complète que possible.
De même opposer "imagination scientifique" et "science-fiction" me semble également absurde. Les mots diffèrent plus que leurs contenus.

Maintenant savoir si la littérature du passé, quel que soit le genre, explique la présente dans sa totalité me semble également une perspective dénuée de sens. Tout le monde devrait savoir que l'évolution n'est pas une théorie prédictive et très faiblement historiquement causale.
Je serais curieux de lire une thèse sur la présence de Hugo Victor dans l'œuvre de Nothomb ou de Beigbeder. Ce qui est ce qu'on demande quand on cherche l'influence de Renard sur RCW par exemple.

Maintenant arrêtez-tous, car vous m'empêchez de poursuivre mon feuilleton, et vous ne saurez jamais quel destin je réserve à la théorie M.
Modifié en dernier par Gérard Klein le mer. déc. 16, 2009 11:07 pm, modifié 1 fois.
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