Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Lensman
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Message par Lensman » jeu. déc. 17, 2009 3:30 pm

J'allais oublier ce Forum, dans les résultats de la dynamique de la SF... On ne voit pas ce qu'on a devant le nez...
Toutes mes excuses à l'équipe d'ActuSF! Et surtout, merci!
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » jeu. déc. 17, 2009 3:35 pm

Lensman a écrit :Pour moi (on peut être en désaccord), c'est au cœur de la SF. La science-fiction n'est pas simplement une gigantesque collection de textes où il est question de merveilleux scientifique, du futur, d'utopie, de "sense of wonder" (quel que soit ce qu'on met derrière l'expression), et choses plus bizarres encore. C'est un mouvement culturel spécifique.
Encore une fois : d'accord. Mais le mot-clé ici est bien "spécifique". Si on lit la biographie d'un auteur français du début du siècle – Jarry, par exemple, c'est lui qui me vient en premier à cause de son côté "sale gosse" –, on retrouve à peu près tous les aspects que tu viens de décrire. Il y a les salons de différentes tendance. Il y a des revues (le Mercure de France et d'autres) où les auteurs publient des lettres, s'affrontent, se soutiennent, forment des clans. On attaque des textes et on les défend. On spécule sur l'avenir de la littérature. Il y a des "chasseurs de tête" spécialisés dans les ouvrages obscurs qui signalent ce qui leur paraît intéressant. Quand Jarry n'est plus publié où il le souhaite, il fait des tirages à trois cents exemplaires payés par lui qu'il vend par souscription à ses copains (et les chasseurs de tête en parlent dans le Mercure de France). Il fait appel à des peintres qui lui plaisent pour les illustrer. On n'est vraiment pas très loin. Ce qui me semble spécifique à la sf, c'est l'ouverture faite aux juste-lecteurs – beaucoup plus problématique dans le cas de la Générale de Littérature où il faut d'abord être introduit dans un Salon – même sans jamais avoir rien écrit – pour avoir ensuite le droit de prendre la parole de façon audible.
Modifié en dernier par Lem le jeu. déc. 17, 2009 3:38 pm, modifié 2 fois.

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MF
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Message par MF » jeu. déc. 17, 2009 3:36 pm

Transhumain a écrit :
Le_navire a écrit :
Lem a écrit : Ecrire ce livre sera un grand plaisir, si j'y parviens. Le reste… n'est pas très important.
Et te lire le sera tout autant.

Mais je vais quand même te dire, parce que je bous un peu fort, là : est-ce que tu as conscience que Roland et toi, vous vous valez dans le genre foutage de gueule ?
Sauf que lui il y va franco de port, et que tu nous fais dans le subtil mépris. Et tu m'excuseras, mais quand Roland se fout de ma gueule, du coup, je préfère carrément.
Est-ce qu'on est censé être assez cons pour ne pas s'en rendre compte ? Parce que non, hein ? :evil:
Je ne comprends pas non plus. Comme Lem l'a dit, l'écrivain donne existence à une oeuvre, à des travaux. Le laisse à disposition du public, qui certes en fait ce qu'il veut. Où est le mépris ?...
M ?
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
Son rédacteur ne pourra être tenu pour responsable des effets indésirables de votre lecture.

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MF
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Message par MF » jeu. déc. 17, 2009 3:41 pm

Lem a écrit :Edité : une autre façon de décrire ce phénomène, c'est de dire qu'il effondre la hiérarchie classique, européenne et spécialement française, du processus littéraire où l'auteur est une puissance inaccessible à ses lecteurs. Dans la SF des pulps, les auteurs écrivent des textes qui sont attaqués ou encensés dans le courrier des lecteurs par des fans qui rêvent de prendre la plume eux aussi ; ils n'hésitent pas à répondre aux attaques ou à en lancer d'autres en intervenant dans le courrier des lecteurs du numéro suivant. Les fans frustrés de ne pas voir leurs lettres (ou leurs nouvelles) publiées créent des fanzines et c'est sans doute parce qu'ils ne jugent pas le statut d'auteur comme une chose intimidante ou vénérable, mais comme un état qu'on peut atteindre en travaillant. Il y a là une sorte de bain… disons, démocratique assez ennivrant puisqu'on peut se dire "qu'on y est" simplement en lisant (je ne sais plus qui a fait remarquer qu'ici, sur le fil, les auteurs parlaient à leurs lecteurs potentiels à visages découverts, et vice-versa, et que c'était une situation spéciale). Ce que j'aimerais savoir, c'est si une telle chose est spécifique à la sf, dans les pulps, ou si elles s'est produite dans d'autres genres.
Question posée aux environs de la page 140.

Je crois que pour ton travail de synthèse (que j'attends avec impatience -que je sais réfréner-, mais j'y reviendrais) ce fil comporte tout un tas d'hypothèses bancales, de questions foireuses, d'épisodes abracadabrantesques, qu'il faudra un jour consolider.

De là à dire que ce thread fera partie de Ton Histoire ?
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
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Lensman
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Message par Lensman » jeu. déc. 17, 2009 3:41 pm

Lem a écrit :
Lensman a écrit :Pour moi (on peut être en désaccord), c'est au cœur de la SF. La science-fiction n'est pas simplement une gigantesque collection de textes où il est question de merveilleux scientifique, du futur, d'utopie, de "sense of wonder" (quel que soit ce qu'on met derrière l'expression), et choses plus bizarres encore. C'est un mouvement culturel spécifique.
Encore une fois : d'accord. Mais le mot-clé ici est bien "spécifique". Si on lit la biographie d'un auteur français du début du siècle – Jarry, par exemple, c'est lui qui me vient en premier à cause de son côté "sale gosse" –, on retrouve à peu près tous les aspects que tu viens de décrire. Il y a les salons de différentes tendance. Il y a des revues (le Mercure de France et d'autres) où les auteurs publient des lettres, s'affrontent, se soutiennent, forment des clans. On attaque des textes et on les défend. On spécule sur l'avenir de la littérature. Il y a des "chasseurs de tête" spécialisés dans les ouvrages obscurs qui signalent ce qui leur paraît intéressant. Quand Jarry n'est plus publié où il le souhaite, il fait des tirages à trois cents exemplaires payés par lui qu'il vend par souscription à ses copains (et les chasseurs de tête en parlent dans le Mercure de France). Il fait appel à des peintres qui lui plaisent pour les illustrer. On n'est vraiment pas très loin. Ce qui me semble spécifique à la sf, c'est l'ouverture faite aux juste-lecteurs – beaucoup plus problématique dans le cas de la Générale de Littérature où il faut d'abord être introduit dans un Salon – même sans jamais avoir rien écrit – pour avoir ensuite le droit de prendre la parole de façon audible.
Dommage pour la France, si on veut avoir un regard national sur la chose. Moi, ça ne me fait ni, chaud, ni froid. Qu'ils boivent leur absinthe dans leurs salons.
Oncle Joe

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Le_navire
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Message par Le_navire » jeu. déc. 17, 2009 3:44 pm

Très vite, je file, je suis désolée Lem si je t'ai mal compris, je t'expliquerai en détail ce que j'avais traduit de tes propos, mais ce soir. Je ne voulais juste pas te laisser sans réponse.
"Ils ne sont grands que parce que vous êtes à genoux"

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Lensman
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Message par Lensman » jeu. déc. 17, 2009 3:46 pm

Le_navire a écrit :Très vite, je file, je suis désolée Lem si je t'ai mal compris, je t'expliquerai en détail ce que j'avais traduit de tes propos, mais ce soir. Je ne voulais juste pas te laisser sans réponse.
Quelle pipelette ! Ah, ces filles!
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » jeu. déc. 17, 2009 4:03 pm

MF a écrit :Je crois que pour ton travail de synthèse (que j'attends avec impatience -que je sais réfréner-, mais j'y reviendrais) ce fil comporte tout un tas d'hypothèses bancales, de questions foireuses, d'épisodes abracadabrantesques, qu'il faudra un jour consolider.
Oui. Je me dis simplement qu'ici, en principe, c'est justement l'idéal puisque les interactions ont lieu en temps réel. Quiconque trouve quoi que ce soit d'intéressant le poste et tout le monde peut s'en servir. C'est un laboratoire, comme l'a dit je ne sais plus qui. Chacun peut l'utiliser comme il lui convient et c'est ce que je fais.
De là à dire que ce thread fera partie de Ton Histoire ?
Disons (pour répondre aussi à une autre question posée plus haut) qu'il ne me paraît pas plus inutile à la vie du genre que le énième roman-moyen-ne-changeant-rien que je pourrais écrire.

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Virprudens
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Message par Virprudens » jeu. déc. 17, 2009 4:16 pm

Lem a écrit :le énième roman-moyen-ne-changeant-rien que je pourrais écrire.
Monsieur Lem, seriez-vous, comme un autre de vos confrères, atteint du Syndrome de l'Imposteur ?
- Please, be polite.
- Go fuck yourself.

Lem

Message par Lem » jeu. déc. 17, 2009 4:18 pm

Virprudens a écrit :
Lem a écrit :le énième roman-moyen-ne-changeant-rien que je pourrais écrire.
Monsieur Lem, seriez-vous, comme un autre de vos confrères, atteint du Syndrome de l'Imposteur ?
Depuis 99, très exactement. Date de mon dernier roman, comme l'a souligné Roland (et il avait raison sur ce point). Ce n'est pas un mystère, je l'ai dit dans à peu près toutes les itw que j'ai faites depuis.

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Lensman
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Message par Lensman » jeu. déc. 17, 2009 4:18 pm

Virprudens a écrit :
Lem a écrit :le énième roman-moyen-ne-changeant-rien que je pourrais écrire.
Monsieur Lem, seriez-vous, comme un autre de vos confrères, atteint du Syndrome de l'Imposteur ?
Lem-posteur?
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » jeu. déc. 17, 2009 4:22 pm

Grr. C'est trop bon pour que je puisse râler (quel malin cet Oncle).
Allez, j'ai un rdv. A tout à l'heure.

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MF
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Message par MF » jeu. déc. 17, 2009 4:44 pm

Lem a écrit :Oui. Je me dis simplement qu'ici, en principe, c'est justement l'idéal puisque les interactions ont lieu en temps réel. Quiconque trouve quoi que ce soit d'intéresser le poste et tout le monde peut s'en servir. C'est un laboratoire, comme l'a dit je ne sais plus qui. Chacun peut l'utiliser comme il lui convient et c'est ce que je fais.
Je l'avais, heureusement, compris depuis un moment (sans doute le 3ème post). C'est d'ailleurs ce qui permet de ne pas se fâcher à mort.

J'avoue toutefois, qu'au fur et à mesure de la progression, j'ai le sentiment de te voir abandonner, un à un, les oripeaux de l'anthologiste pour apparaître dans le nu rayonnement de l'historien littéraire. Qu'est devenue la métaphysique ? Où sont passés les raisons de la fin du déni ?

Ce qui, je dois bien le reconnaître, m'enthousiasme moins. Non pas qu'écrire, de nouveau (ça me semble préférable à un malheureux réécrire que j'ai vu passer et qui a dû en troubler, voire en faire fuir plus d'un), l'histoire de la SF ne puisse pas avoir d'intérêt. "Prétendre à avoir un avenir nécessite de connaître son passé et d'accepter vivre dans le présent" disais je ne sais quel soit-disant "philosophe" du petit écran.

Mais si tu continues à prétendre œuvrer pour la reconnaissance du genre par les p'tits gars qui décident, je ne suis pas certain que déterrer le cadavre de Renard pour leur agiter sous le nez soit un moyen efficace. Je crains qu'il ne le regarde que pour ce qu'il est : au mieux un vestige du passé et au pire un fantôme à vite fuir

Si tu ne traces pas quelques lignes de force de l'avenir ("Hé, les p'tits gars, la SF ça déchire sa race, ça a une histoire à faire pleurer Margot, ça cocoricote à tout va, mais, mieux, ça produit du texte qui cause aux lecteurs et qui lui donne envie d'acheter parce que... L... M... S, dailleurs, pour S, même une ancienne ministre qui s'est envoyée en l'air l'aime...") alors, comme le dit Sand de manière imagée, à part caler les armoires bancales dans les Salons, ça aura autant d'intérêt qu'un emplâtre sur une jambe... de Renard.

Maintenant, je vais te dire, ça ne me gêne pas plus que ça ; ce n'est que la n-ième fois en une double paire de décennies que je vois se dérouler ce genre de film (hypothèse, crise herpétique, guerre des tranchées, trauma général, repli sur le "plus petit dénominateur commun" (*) qu'est une relecture -et dans les cas graves- une nouvelle écriture de l'histoire du genre). Mais ça m'ennuie pour l'avenir de M. que je m'étais mis à bien aimer...

(*) je ne déconne pas, ça a été utilisé sur ce fil
Le message ci-dessus peut contenir des traces de second degré, d'ironie, voire de mauvais esprit.
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Shalmaneser
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Message par Shalmaneser » jeu. déc. 17, 2009 4:56 pm

Lensman a écrit :
Lem a écrit :
Lensman a écrit :Pour moi, c'est très puissant, c'est plus fort que les textes mêmes, quelque part.
Je suis d'accord mais qu'est-ce que ça donne si on pousse l'idée jusqu'à son terme (et je le fais sans aucune ironie, en étant prêt à accepter le résultat) : que la différence entre roman scientifique et sf, c'est le courrier des lecteurs ?
Après tout, pourquoi pas ?

Edité : une autre façon de décrire ce phénomène, c'est de dire qu'il effondre la hiérarchie classique, européenne et spécialement française, du processus littéraire où l'auteur est une puissance inaccessible à ses lecteurs. Dans la SF des pulps, les auteurs écrivent des textes qui sont attaqués ou encensés dans le courrier des lecteurs par des fans qui rêvent de prendre la plume eux aussi ; ils n'hésitent pas à répondre aux attaques ou à en lancer d'autres en intervenant dans le courrier des lecteurs du numéro suivant. Les fans frustrés de ne pas voir leurs lettres (ou leurs nouvelles) publiées créent des fanzines et c'est sans doute parce qu'ils ne jugent pas le statut d'auteur comme une chose intimidante ou vénérable, mais comme un état qu'on peut atteindre en travaillant. Il y a là une sorte de bain… disons, démocratique assez ennivrant puisqu'on peut se dire "qu'on y est" simplement en lisant. Ce que j'aimerais savoir, c'est si une telle chose est spécifique à la sf, dans les pulps, ou si elles s'est produite dans d'autres genres.
La question de savoir si ça se produit ailleurs m'intéresse aussi... Je ne sais pas y répondre... il faut demander à nos grands spécialistes de la littérature.
Même poussée à son terme, l'idée n'aboutit pas qu'au courrier des lecteurs. Ce courrier, il serait plutôt au début du phénomène.
Ce qui se passe, c'est ce que tu décris (schéamtiquement): des gens qui interviennent, des apprenti auteurs qui envoient des textes (et qui pour une poignée -quelle poignée! - deviendront des écrivains), la production des fanzines, ce que j'appelle l'interactivité ("démocratique" est un terme qui aurait bien amusé Campbell..). Ce n'est pas "démocratique", mais il y a une interaction active. La partie visible en est les réunions, les fameuses conventions, les fanzines, toutes ces choses qui provoquent tant de ricanements. Contrairement à ce que pas mal de gens pensent, ce n'est pas seulement un folklore rigolo et ridicule. Oui, c'est rigolo et ridicule, mais c'est une forme de culture.
Pour moi (on peut être en désaccord), c'est au cœur de la SF. La science-fiction n'est pas simplement une gigantesque collection de textes où il est question de merveilleux scientifique, du futur, d'utopie, de "sense of wonder" (quel que soit ce qu'on met derrière l'expression), et choses plus bizarres encore. C'est un mouvement culturel spécifique.
Oncle Joe
Question intéressante : effectivement, voilà bien une caractéristique propre de la SF aujourd'hui. Je ne sais pas dans quelle mesure le parallèle avec d'autres littératures peut tenir, mais cette "interaction active" dont tu parles, Oncle, a peut-être toujours été liée aux branches les plus dynamiques de la littérature. Pour prendre un exemple que je connais bien, dans le Paris du premier XVIIe siècle, rares étaient les membres de la Cour qui ne s'essayaient pas à la poésie, qui n'avaient pas leur mot à dire sur les élucubrations de Gassendi ou le procès fait à Théophile de Viau et consorts par le père Garasse et ses jésuites. Cette ébullition est-elle comparable à celle qu'on constate dans le milieu SF en France, à une échelle bien plus importante cependant (il faut dire que rien ne concurrençait encore sérieusement la littérature dans le paysage culturel de l'époque) ? Bref : cette salutaire activité est peut-être le signe que nous avons affaire, avec la SF, à une littérature vivante, qui n'est pas encore sclérosée par les académismes, sous quelque forme que ce soit.

Je reviens rapidement sur la question de la vérité intrinsèque du livre, hors de tout rapport au lecteur : comme le soulignait Gérard, c'est une question bien complexe, qui a suscité bien des débats... Je voulais simplement suggérer que même si le texte ne saurait exister sans la lecture, celle-ci ne peut le plier entièrement à sa volonté, lui imposer n'importe quelle interprétation. Le texte porte quelque chose qu'il s'agit d'interpréter : pour moi, au bout du compte, le sens est dans le livre, et non à proprement parler dans la lecture, qui est pourtant indispensable à son effectuation.

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Atv'
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Message par Atv' » jeu. déc. 17, 2009 5:32 pm

[Disclaimer : possibilité de candeur et d'effraction par porte ouverte]

Une autre caractéristique propre de la SF, qui me semble à lier au domaine du fandom, des conventions, etc., est que l'écrivain de SF est un démiurge, un créateur de mondes (comme peuvent l'être les rôlistes qu'on croise aux mêmes conventions). Il me semble être le seul dans ce cas-là. Le romancier "classique", le poète, sont des peintres, lors que l'auteur de SF est un constructeur. Que trouve-t-on à ces conventions SF ? Des gens qui dessinent des mondes, qui créent des jeux, des films, qui se fabriquent des accessoires, qui souvent ont des métiers intellectuels ou techniques qui font d'eux des créateurs à un certain degré. Ce ne sont peut-être pas eux les écrivains de SF mais ils sont dans le même bouillonnement. C'est un monde d'acteurs, de faiseurs.

Dès lors, et je m'adresse là aux auteurs de SF, la motivation initiale, ce qui fait que quelqu'un va commencer à écrire de la SF, n'est-ce pas l'ivresse de pouvoir créer rien qu'avec des mots ce qu'on n'a pas le temps, l'argent, la patience, la science, la possibilité de réaliser avec ses propres mains, alors que cette promesse de la création nous passionne ? J'en reviens au démiurge : la raison de la SF, serait-ce l'ivresse de créer une planète, une technologie, une civilisation avec des mots, pour court-circuiter la frustration naturelle que l'on a face au décalage absolument décourageant entre les possibilités presque infinies de la science et le dépit que l'on peut ressentir vis-à-vis de l'impossibilité que l'on a, personnellement, humain, rêveur, mortel, aux moyens limités, à voir ces promesses réalisées ? Dès lors, l'écriture de SF consisterait à rapprocher de soi le bouleversement que la science met trop de temps à réaliser.

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