Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Lem

Message par Lem » ven. janv. 08, 2010 2:11 pm

Erion >
Tu ne fais qu'ajouter "non" à "non" sans réfuter quoi que ce soit.

Le texte de Gérard, que j'ai retraduit pour que tout le monde puisse bien voir, dit : le voyage temporel appartient de plein droit à la science-fiction. Il découle de la représentation cartésienne et ne peut être envisagé hors d'un contexte technoscientifique. (GK corrigera si besoin.)

Ça ne réfute en rien ce que je dis de mon côté : le voyage temporel est une figure de proue spécifique de la SF (quelle différence ? aucune).

GK, dans son texte, ne dit rien de la percée conceptuelle, qui est l'objet spécifique du "non" originel. Je ne vois pas pourquoi tu as posté ce texte.
Lem a écrit :Le voyage temporel est une des figures de proue de la SF.
C'est une de ses créations les plus spécifiques.
C'est aussi l'une des figures le plus souvent associées au sow.
En tant qu'il bouleverse la conception scientifique classique, causale, du monde, en y établissant (le temps de la fiction) la possibilité d'une action du futur sur le passé, il est l'exemple même de la percée conceptuelle.
"Non" n'est pas une réfutation.
Gérard Klein a écrit :Bien que certains critiques doutent que le voyage temporel appartienne vraiment à la science-fiction à cause de son caractère improbable ou pire, non plausible, il découle nécessairement de la représentation du temps comme dimension, donc de sa spatialisation, dont l'origine peut être retracée à la description cartésienne du mouvement. Il ne doit rien à la relativité einsteinienne, même si certains auteurs ont tenté de le justifier dans ces termes. Dès que cette généalogie devient apparente, il n'est plus possible de nier que le voyage temporel, même dans ses déploiements les plus extrêmes, appartiennent à la science-fiction. Le thème est tout simplement impensable hors d'un environnement scientifique et technique."

Lem

Message par Lem » ven. janv. 08, 2010 2:58 pm

Sur la machine temporelle, une autre remarque.
Son inventeur, Wells, s'en sert bien pour parler du futur. Mais ce futur n'est pas "de circonstances", il n'est pas le décalque satirique du présent ou prétexte à utopie mais une conséquence logique des lois de l'évolution.
Dans l'histoire ultérieure de la SF, et particulièrement après qu'elle se soit autonomisée en tant que label éditorial, les auteurs désireux d'examiner le futur se sont très vite passés de la machine : ils ont appris (et appris à leurs lecteurs) à se placer d'emblée dans le futur, sans avoir besoin de partir du présent.
Les récits de machines temporelles se sont surtout intéressés aux exploitations "ultimes" du thème – c'est à dire aux paradoxes, qui ont fait l'objet d'une élaboration de type nouveauté conceptuelle/examen/réfutation ou intégration au corpus/re-nouveauté etc. Il y a évidemment des nuances dans les deux cas mais quand on pense "récits de voyage dans le temps" (en tout cas moi), ce sont plutôt des récits comme Le passé merveilleux, La belle Valence, Le voyageur imprudent, La fin de l'éternité, La patrouille du temps, Vous les zombies et L'enfant en proie au temps qui viennent à l'esprit. C'est à dire des récits où les paradoxes sont la question centrale et non la civilisation future, qui est un thème en elle-même, indépendant de celui de la machine. C'est pourquoi on peut dire qu'il y a eu avec celle-ci une percée conceptuelle – l'entrée dans un nouveau paradigme, pour reprendre sans trop y regarder les termes de C&N : la tradition du voyage temporel dans la SF, c'est l'exploration du nouveau paradigme jusque dans ses conséquences les plus paroxystiques.

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dracosolis
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Message par dracosolis » ven. janv. 08, 2010 4:09 pm

Il découle de la représentation cartésienne et ne peut être envisagé hors d'un contexte technoscientifique. (GK corrigera si besoin.)
juste comme ça il me vient deux ou trois textes de fantasy (donc non contexte technoscientifique) qui font référence au voyage dans le temps et/ou dont le paradoxe temporel est au coeur de la fiction

le tout dernier est la trilogie de dave duncan "les lames du roi"


(je réfute rien hein, j'informe c'est tout ^^)
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Erion
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Message par Erion » ven. janv. 08, 2010 4:20 pm

Lem a écrit :
Erion a écrit :Ok. Et si donc, tous ici autant que nous sommes, nous considérons que le fait que ce soit dans le futur modifie fondamentalement la nature de ce qu'on éprouve. Tu en déduis quoi ?
Que vous n'êtes pas clients. Que vous n'avez pas besoin de la théorie. Que vous êtes parfaitement à l'aise avec les définitions existantes. Tant mieux pour vous. Moi, j'essaie de comprendre pourquoi, quand Banks démontre dans L'état de l'art que la civilisation de la Culture n'est pas future, cela ne change rien à ma perception l'œuvre. J'essaie de comprendre pourquoi, quand je lis La bibliothèque de Babel de Borgès, j'ai l'impression de lire de la science-fiction. Vous avez le droit de ne pas être intéressés par ces questions, pas de dire qu'elles sont inintéressantes et que je perds mon temps à y réfléchir.
En gros, tu fais ton auto-analyse avec les préfaces. Tu n'écris pas pour intéresser les lecteurs, tu écris pour te comprendre toi.
Fallait le dire, je pensais naïvement que tu voulais ajouter de la connaissance aux analyses sur la SF, qu'il s'agissait d'apporter un plus à ce que nous connaissions déjà.
Mais en fait non, tu te parles à toi-même.

Dans ce cas, pourquoi discuter ? Pourquoi nous convaincre, vu qu'à la fin, tu nous sortiras "ok, mais moi, je ressens ça autrement".
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Message par marypop » ven. janv. 08, 2010 4:23 pm

dracosolis a écrit :
Il découle de la représentation cartésienne et ne peut être envisagé hors d'un contexte technoscientifique. (GK corrigera si besoin.)
juste comme ça il me vient deux ou trois textes de fantasy (donc non contexte technoscientifique) qui font référence au voyage dans le temps et/ou dont le paradoxe temporel est au coeur de la fiction

le tout dernier est la trilogie de dave duncan "les lames du roi"


(je réfute rien hein, j'informe c'est tout ^^)
J'y pensais justement !
Je pensais en particulier à Connie Willis, qui a écrit deux textes de voyage dans le temps avec contexte technoscientifique que je n'arrive pourtant pas à considérer comme de la SF mais que je classerais plus facilement en Fantasy.
si on commence à mélanger sf archaïque et proto-sf, personne ne s'y retrouvera plus.
Dieu.

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Erion
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Message par Erion » ven. janv. 08, 2010 5:12 pm

Lem a écrit :Erion >
Tu ne fais qu'ajouter "non" à "non" sans réfuter quoi que ce soit.

Le texte de Gérard, que j'ai retraduit pour que tout le monde puisse bien voir, dit : le voyage temporel appartient de plein droit à la science-fiction. Il découle de la représentation cartésienne et ne peut être envisagé hors d'un contexte technoscientifique. (GK corrigera si besoin.)

Ça ne réfute en rien ce que je dis de mon côté : le voyage temporel est une figure de proue spécifique de la SF (quelle différence ? aucune).
C'est quoi dans "contexte technoscientifique" que tu n'as pas compris ?

Rewind sur les épisodes précédents.
Joseph et d'autres, nous mettons en avant que la science est un élément CENTRAL de la SF (pas unique, mais central), et tu cherches à démontrer que ce n'est pas le cas. Tu as évoqué Bradbury, tu t'attaques maintenant à Wells (en omettant le fait que Wells lui-même n'était pas adepte du n'importe quoi) et à sa machine à voyager dans le temps.
Histoire de vouloir dire que l'émotion produite par la machine à voyager dans le temps, n'est pas liée à la science.

Sauf que pour que la machine existe, il FAUT le contexte technoscientifique. La science est donc bel et bien l'élément central, la condition du récit.
La remarque de draco est fort juste, il existe aussi des voyages dans le temps en fantasy, mais (et c'est tout le sens de l'autre passage du texte de Gérard que j'avais cité, à propos de la machine à voyager dans le temps, texte que tu as zappé), le texte de Wells est écrit pour que le lecteur considère cela comme familier pour son monde à lui (alors que le voyage dans le temps en fantasy est circonscrit au monde imaginaire créé).

Il en résulte au final que tes tentatives pour expulser la science de son rôle central dans la SF, paraissent très vaines, bien souvent, parce que tu as une vision très réductrice de la pensée scientifique et des images produites par la science.
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Lensman
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Message par Lensman » ven. janv. 08, 2010 5:15 pm

Lem a écrit :
Lem a écrit :Je ne procède pas ainsi. Dans la mesure où il n'existe rien de tel qu'une machine à voyager dans le temps (et ne parlons pas de l'époque où Wells écrivait), je pense que sa nature "d'abord scientifique, ensuite éventuellement autre chose" ne tient pas.
Oncle a écrit :Tu vois une perspective de réalisation, à cette machine? (heureusement que je t'ai dit qu'il y avait des théories modernes sur le voyage dans le temps...). Dans ton système, la machine à explorer le temps, est, je te re-site, "un prodige sans perspective de réalisation (de réification), ce n'est pas de la SF mais autre chose, un conte, une fable, peu importe."
Peu importe... voilà ce que devient le texte de Wells, si on pousse au bout ta théorie, qui est restrictrice. Pour ma part, je suis plus large dans ma perception de la SF, même si je suis maniaque sur son histoire éditoriale.
Tu interprètes ma position sur Time machine exactement à l'inverse de ce qu'elle est, alors même que j'ai écrit je ne sais combien de fois ici que pour moi, la SF moderne commençait avec Rosny et Wells (et non Gernsback).

On parle de fiction, non de science. Ce qui est "une fable, un conte", c'est un voyage lunaire grâce à la rosée du matin ou une exploration du futur après un sommeil inexplicablement prolongé. Même au XVIIIème siècle, on savait qu'on ne pouvait pas atteindre la lune ou le futur par ces moyens ; c'était donc une façon très claire de "déréaliser" le récit, d'indiquer au lecteur que la lune et le futur n'étaient que prétexte pour parler de la terre et du présent.

Mais à partir du moment où l'auteur s'appuie (au moins rhétoriquement) sur une théorie scientifique pour imaginer une machine temporelle dont il prend la peine de décrire le fonctionnement, il crée un autre horizon d'attente, il promet implicitement que la logique va gouverner les développements du scénario, que le voyage temporel n'est pas un prétexte à leçon de morale ou discours utopique mais l'objet même du récit.
Ce n'est pas seulement une question de "logique". Tu peux faire des tas de développements "logiques" à partir de prémices absurdes (j'ai inventé une machine à rayon qui transforme les gens en comptables assermentés, par exemple). Il y a des tas de textes, parfois géniaux d'ailleurs, qui fonctionnent comme cela, et personnellement, je veux bien les mettre dans la SF. Mais généralement (tu noteras le "généralement", la SF part d'un prétexte qui se veut scientifique, et il faut que cela y ressemble un peu.
Je signale, une nouvelle fois, que nous sommes dans le domaine de la production fictionnelle, et de la manière dont ça fonctionne, rien n'empêche de reprendre un vieux truc dont on sait qu'il ne peut pas marcher (la machine à explorer le temps), parce que, ma foi, ça fait des récits bien agréables. Là, on entre dans le problème de l'histoire d'un genre, qui crée des images qu'il aime bien reprendre, etc, quand bien même elles sont obsolète scientifiquement (je ne m'avancerai pas plus quand au concept de machine à voyager dans le temps, il paraît que ça se discute!). on peut aussi écrire des pastiches où les Martiens existent et sont ceux de Wells, etc. C'est autre chose, et c'est aussi de la SF, parce que ça s'est inscrit dans l'histoire du genre. Le "sense of wonder", là dedans, il se réduit à de la nostalgie (encore que de la nostalgie pour des gens nés après la mort de Wells, ça ne doit pas être le bon terme), ou de l'admiration pour de belles images fabriquées par un grand écrivain, explication qui n mange pas de pain.
Ce "prétexte scientifique", dans Wells il va, comme par hasard, tu noteras, l'amener à parler du futur de la société humaine, et du futur de tas d'autres choses.
Wells, il a aussi écrit un autre roman, "Le dormeur s'éveillera", qui est JUSTEMENT bêtement l'h'istoire d'un type qui s'endort... et se réveille dans futur. Là, pour le coup, on va faire la fine bouche devant ce texte, parce que c'est le vieux procédé du sommeil?
a plusieurs reprise, tu m'a fait remarquer que ma manière de voir la SF, obsédée par la noton du "futur", me faisait "élimimer" des tas de textes. D'une part, comme je te l'ai fait remarquer aussi à plusieurs reprise, je place le futur de manière centrale dans la SF, PAs de manière exclusive( mais je crois que tu en as pris note). D'autre part, je prétends que dans bon nombre des testes de SF qui ne se passe pas dans le futur, si on prend la peine de les examiner et d'y réfléchir, on n'aura pas de peine pour montrer qu'il sont gros de la notion de futur. et ce ne sera pas au prix de concepts si difficiles que cela à appréhender.
Oncle Joe

Lem

Message par Lem » ven. janv. 08, 2010 5:23 pm

Erion a écrit :C'est quoi dans "contexte technoscientifique" que tu n'as pas compris ?
Rewind sur les épisodes précédents.
Joseph et d'autres, nous mettons en avant que la science est un élément CENTRAL etc.
Le "Non" qui m'était adressé concernait le voyage dans le temps comme percée conceptuelle : c'est ça qui était nié. Le texte de GK parle de tout autre chose. Tu ne peux pas t'appuyer dessus pour ajouter "non".
Si j'écris : la bombe atomique est une donnée géopolitique importante et que tu me réponds : non, la bombe atomique est un engin technologique, ton "non" n'a aucun sens.

Maintenant, si tu veux revenir au sujet initial, il faut le dire explicitement au lieu de simplement poster "'non".
Sauf que pour que la machine existe, il FAUT le contexte technoscientifique. La science est donc bel et bien l'élément central, la condition du récit.
La science du temps spatialisé a sa machine, parfaitement connue : l'horloge.
La machine à voyager dans le temps, c'est de la science-fiction. La science seule ne suffit pas à faire de la SF.
Modifié en dernier par Lem le ven. janv. 08, 2010 6:35 pm, modifié 1 fois.

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Lensman
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Message par Lensman » ven. janv. 08, 2010 5:25 pm

Lem a écrit : Ultimement, c'est la consistance logique qui sert d'étalon. Et à l'intérieur de ce système, rien ne me semble plus fort, plus spécifique à la SF que le moment où la logique conduit logiquement à son propre retournement, à l'inversion de la causalité, au merveilleux. La fleur ramenée par le voyageur de Wells, présente dans le monde des siècles avant d'avoir poussé, est le clou du récit – l'impossible "preuve" de sa véracité – tout comme, quarante ans plus tard, le paradoxe du grand-père chez Barjavel. Cela ne fait pas de la machine temporelle un concept intrinsèquement scientifique pour autant. Cela en fait une chose hybride, tendue dès sa naissance entre science et fiction, logique et merveilleux, physique et métaphysique.
et après, dans la science-fiction, qu'est-ce que tu fais de textes du genre "La patrouille du temps" d'Anderson, "La fin de l'éternité'" d'Asimov, où les aspects paradoxaux sont acceptés et intégrés? Ton "impossible "preuve" de la véracité" n'est plus à l'ouvre. a la limite, on pourrait d'ailleurs dire vicieusement que c'est ce qui fait que "The Time Machine" n'est PAS de la science-fiction moderne: l'aspect paradoxal n'est pas assumé, tout se passe comme si... il ne s'était rien passé. La machine n'a pas d'influence sur le monde, ouf!
Entre temps, de l'eau a coulé sous les ponts, et dela fait beau temps que la SF ne se caractérise plus spécialement par cet aspect "'impossible "preuve" de véracité ". Il faut autre chose que des "prodiges", comme tu dis. ("Prodige"... rien que le terme, déjà, on se croirait à l'époque de Marco Polo...)
Oncle Joe
Oncle Joe

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Message par Lem » ven. janv. 08, 2010 5:28 pm

Erion a écrit :En gros, tu fais ton auto-analyse avec les préfaces.Tu n'écris pas pour intéresser les lecteurs, tu écris pour te comprendre toi.
Fallait le dire, je pensais naïvement que tu voulais ajouter de la connaissance aux analyses sur la SF, qu'il s'agissait d'apporter un plus à ce que nous connaissions déjà.
Mais en fait non, tu te parles à toi-même.
Suis-je le seul à avoir jamais défini la SF par le sow, c'est à dire une expérience subjective ? Suis-je le premier à avoir classé La bibliothèque de Babel dans la SF ? Ai-je inventé la formule : "la SF, c'est ce que je désigne comme tel" ? Personne n'a-t-il jamais remarqué que dans Lafferty, Ballard ou Brussolo, il n'y avait pas de science et que c'était un problème intéressant ?

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Message par Roland C. Wagner » ven. janv. 08, 2010 5:30 pm

Lem a écrit :Personne n'a-t-il jamais remarqué que dans (…) Brussolo, il n'y avait pas de science et que c'était un problème intéressant ?
Brussolo, c'est l'exemple même de l'auteur atypique qui plaît aux snobs franchouillards : du délire, aucune rigueur scientifique, de la scatologie, de la pornographie et une pose.

Très important, la pose. Il en faut une pour être un véritable écrivain, paraît-il.
Modifié en dernier par Roland C. Wagner le sam. janv. 23, 2010 9:46 am, modifié 1 fois.
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Message par Lensman » ven. janv. 08, 2010 5:31 pm

Lem a écrit :Sur la machine temporelle, une autre remarque.
Son inventeur, Wells, s'en sert bien pour parler du futur. Mais ce futur n'est pas "de circonstances", il n'est pas le décalque satirique du présent ou prétexte à utopie mais une conséquence logique des lois de l'évolution.
Dans l'histoire ultérieure de la SF, et particulièrement après qu'elle se soit autonomisée en tant que label éditorial, les auteurs désireux d'examiner le futur se sont très vite passés de la machine : ils ont appris (et appris à leurs lecteurs) à se placer d'emblée dans le futur, sans avoir besoin de partir du présent.
Les récits de machines temporelles se sont surtout intéressés aux exploitations "ultimes" du thème – c'est à dire aux paradoxes, qui ont fait l'objet d'une élaboration de type nouveauté conceptuelle/examen/réfutation ou intégration au corpus/re-nouveauté etc. Il y a évidemment des nuances dans les deux cas mais quand on pense "récits de voyage dans le temps" (en tout cas moi), ce sont plutôt des récits comme Le passé merveilleux, La belle Valence, Le voyageur imprudent, La fin de l'éternité, La patrouille du temps, Vous les zombies et L'enfant en proie au temps qui viennent à l'esprit. C'est à dire des récits où les paradoxes sont la question centrale et non la civilisation future, qui est un thème en elle-même, indépendant de celui de la machine. C'est pourquoi on peut dire qu'il y a eu avec celle-ci une percée conceptuelle – l'entrée dans un nouveau paradigme, pour reprendre sans trop y regarder les termes de C&N : la tradition du voyage temporel dans la SF, c'est l'exploration du nouveau paradigme jusque dans ses conséquences les plus paroxystiques.
Autant pour moi, je n'avais pas lu ton intervention avant mon dernier post!
En fait, je ne sais pas à quoi il répond, il faut que je remonte... le temps!
Oncle Joe

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Message par Erion » ven. janv. 08, 2010 5:32 pm

Lem a écrit :
Erion a écrit :C'est quoi dans "contexte technoscientifique" que tu n'as pas compris ?
Rewind sur les épisodes précédents.
Joseph et d'autres, nous mettons en avant que la science est un élément CENTRAL etc.
Le "Non" qui m'était adressé concernait le voyage dans le temps comme percée conceptuelle : c'est ça qui était nié. Le texte de GK parle de tout autre chose. Tu ne peux pas t'appuyer dessus pour ajouter "non".
Pas du tout. C'est que coincé pour essayer de démontrer que la science n'était pas centrale dans la SF, tu as tenté de poser un contre-feu. C'est toi qui a dévié le truc en parlant d'autre chose.
Sauf que pour que la machine existe, il FAUT le contexte technoscientifique. La science est donc bel et bien l'élément central, la condition du récit.
La science du temps spatialisée a sa machine, parfaitement connue : l'horloge.
La machine à voyager dans le temps, c'est de la science-fiction. La science seule ne suffit pas à faire de la SF.
Sans la science, il n'y a PAS de machine à voyager dans le temps. Relis le texte de Gérard, ou discutes-en avec lui, mais cesse de faire comme si rien n'avait été écrit sur le sujet.
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Message par dracosolis » ven. janv. 08, 2010 5:33 pm

on va droit vers la dimension du miracle, les gones... :lol:
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Message par Lensman » ven. janv. 08, 2010 5:35 pm

Lem a écrit :
Erion a écrit :En gros, tu fais ton auto-analyse avec les préfaces.Tu n'écris pas pour intéresser les lecteurs, tu écris pour te comprendre toi.
Fallait le dire, je pensais naïvement que tu voulais ajouter de la connaissance aux analyses sur la SF, qu'il s'agissait d'apporter un plus à ce que nous connaissions déjà.
Mais en fait non, tu te parles à toi-même.
Suis-je le seul à avoir jamais défini la SF par le sow, c'est à dire une expérience subjective ? Suis-je le premier à avoir classé La bibliothèque de Babel dans la SF ? Ai-je inventé la formule : "la SF, c'est ce que je désigne comme tel" ? Personne n'a-t-il jamais remarqué que dans Lafferty, Ballard ou Brussolo, il n'y avait pas de science et que c'était un problème intéressant ?
Pour moi, il est vrai que le problème ne me préoccupe pas trop, et que si quelqu'un construit une théorie qui enlève Brussolo de la SF, ça va plutôt me faire rigoler... Cela dit, je suis d'accord pour le garder dans la SF, au sens large... comme "Path Hotep"... c'est dire que j'ai l'esprit ouvert!
Oncle Joe

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