Lem a écrit :Lensman a écrit :si tu me dis le "futur appauvri", à la place du "présent enrichi", je te suis: c'est la crainte de faire vraiment de la SF...
Je pense exactement le contraire.
Accomplissons en pensée la démarche canonique de la sf selon toi : on fait une spéculation rationnelle et pleine sur tout le futur. Quand ce genre de technologie pourrait-il (sembler) être mis au point et (sembler) circuler de façon plausible ? Disons un intervalle trente/cinquante ans. Il faut donc, pour vraiment jouer le jeu, imaginer l'état de l'internet à la même époque, la question du réchauffement climatique, des migrations planétaires, l'évolution de toutes les technologies dans tous les domaines et leur retentissement dans chaque secteur de l'existence plus tout ce à quoi je ne pense pas en écrivant ce post.
Quel intérêt ? Ce n'est pas et ça n'a jamais été le travail du genre. "Faire vraiment de la SF", c'est déduire la cascade de conséquences logiques d'
un postulat – en grossissant le trait pour le rendre aussi visible, spectaculaire et central que possible. C'est ce que fait ce film. Ce n'est pas un technothriller car le postulat – la technologie spéculative – n'est pas secrète : elle circule, elle est connue et elle suscite un certain nombre de réponses logiques de la part de ceux qu'elle peut affecter. Ces réponses retentissent à grande échelle : les décideurs reçoivent une formation psy pour résister aux infractions oniriques. Je ne vois aucune raison de décrire ce monde comme un futur enrichi car le sujet du film n'est pas le futur mais la cascade logique et les extrémités (ou les gouffres) où elle conduit. Recréer un futur complet autour du postulat eût été simplement le rendre moins visible, moins net.
Tu devras voir le film pour te faire une opinion, évidemment, mais je ne crois pas qu' "appauvri" vienne à l'esprit de quiconque pour décrire le monde qu'il met en scène.
Tel que tu le décris là, ça ressemble déjà plus à de la SF. Il y a visiblement des machines qui entrent en jeux, lesquelles ont été inventées un jour et ne sont pas là par la volonté du Saint Esprit, sans que personne se pose la moindre question. Il y a vraiment de la technologie. Ce n'est pas de la magie, ou une hypothèse posée comme ça pour le fun.
Zéro métaphysique pour l'instant dans ta description, ce qui me rassure, effectivement!
A par ça:
Accomplissons en pensée la démarche canonique de la sf selon toi : on fait une spéculation rationnelle et pleine sur tout le futur. Quand ce genre de technologie pourrait-il (sembler) être mis au point et (sembler) circuler de façon plausible ? Disons un intervalle trente/cinquante ans. Il faut donc, pour vraiment jouer le jeu, imaginer l'état de l'internet à la même époque, la question du réchauffement climatique, des migrations planétaires, l'évolution de toutes les technologies dans tous les domaines et leur retentissement dans chaque secteur de l'existence plus tout ce à quoi je ne pense pas en écrivant ce post.
Quel intérêt ? Ce n'est pas et ça n'a jamais été le travail du genre.
Nous parlons de littérature. On n'exige pas non plus, d'un quelconque écrivain non SF, qu'il justifie de la validité de toute la conception qu'il se fait du monde qu'il décrit (et qu'il s'imagine être le vrai monde...). Je ne suis pas fou (enfin, pas dans ce sens...), je ne crois pas que l'intérêt de la littérature de SF soit dans une construction méticuleuse d'une vision du monde futur (impossible pour moi et pour quiconque à appréhender dans son ensemble), mais dans l'
illusion de la construction méticuleuse d'une vision d'un monde futur. Personne n'en demande autant, mais on fait semblant, comme dans la littérature en général. Plus l'illusion est poussée, plus on a l'impression que c'est possible (plus ou moins, pour de plus ou moins bonnes raisons), mieux c'est. Et quand c'est vraiment bien fait (mais ce n'est pas donné à tout le monde), ça peut (ça peut, je n'ai pas écrit ça doit) même nous amener à nous poser des questions plus sérieuses.
La question de la cohérence de notre vision de notre propre monde en est une, par exemple, pour faire dans le grandiloquent que nous aimons bien pratiquer sur ce fil, entre une blague de potaches et un jeu de mot laid. Mais il y en a plein d'autres.
J'aurai vu ce film d'ici dimanche. J'y amènerai une copine extrêmement exigeante sur les questions de cohérence, et je te tiendrai pour responsable de sa réaction !
Oncle Joe