bormandg a écrit :A quelles caractéristiques excessivement restrictives fais-tu allusion? Ta définition du roman exclut-elle Les Voyages de Gulliver, Micromégas, L'An 2440 ou rêve s'il en fut jamais, Le Voyage aux Etats du Soleil et de la Lune? Toutes oeuvres aussi anti-réalistes que Ptah Hotep...
Sinon, pour moi, la prétention au réalisme de toute oeuvre de fiction (Hugo parlait du théâtre, mais sa démonstration s'applique parfaitement au roman) a été
définitivement ridiculisée par la
préface de Cromwell (1827).
Je te remercie, bormandg, de tes questions. Je t'en pose à mon tour :
Que signifie exactement "anti-réaliste" ?
Le terme "excessivement" renvoie à quelles normes ?
Par ailleurs, Hugo a-t-il été le seul à parler du réalisme ? Une préface qui concerne le théâtre eût-elle "définitivement ridiculisé" par anticipation les centaines d'auteurs qui ont écrit des romans réalistes après 1827 ?
Aussi, rien ne m'empêche de fixer à mon tour "des limites assez strictes", comme tu dis.
Donc :
Un roman est un récit se situant dans un univers réaliste, ce qui n'exclu ni le fantastique, ni la SF (du moins l'anticipation) : en littérature, un univers réaliste est une perception du monde par les cinq sens, la raison, les sentiments et les émotions. Le réalisme exclut par conséquent tout surnaturel, c'est pourquoi le fantastique se situe toujours dans un univers réaliste, puisque le surnaturel vient le perturber. Quoi qu'il en soit, le roman moderne exclut tout merveilleux, c'est-à-dire le surnaturel considéré comme faisant partie de la marche normale des choses. C'est pourquoi
Micromégas n'est pas un roman,
Les voyages de Gulliver non plus,
Les états et empires de la Lune et du Soleil non plus.
Néanmoins, tout cela n'est que points de repère, car le mot
roman ne désignait pas la même chose au Moyen-Age, au XVIIe, ou aujourd'hui, et dans ma séquence sur le roman, je fais étudier un extrait de
Ptah Hotep.
Ma classification étant nette, je peux librement composer avec.
Pour le reste, je suis d'accord avec toi : Ptah Hotep n'est pas de la fantasy, ni du fantastique. Pour ma part, c'est encore moins de la SF.
Répétons que les caractéristiques sont toujours faites pour être débordées (aux deux sens du terme), et qu'une grande oeuvre pose, la plupart du temps le problème de son genre.
L'étude de
Ptah Hotep permet de montrer ses tonalités épique et lyrique, une sorte d'épopée lyrique.