Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Lensman
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Message par Lensman » sam. déc. 05, 2009 6:38 pm

jeandive a écrit :-ce post contient des idées qui auraient été plus claires et interessantes traitées séparement sur d'autres topics
-cela manque d'intervenants exterieurs qui auraient sans doute enrichis le débat ( je repense a bozzetto et ses textes sur la critique en/de SF )
-que pense klein synthetiquement de la theorie métaphysique de lem ?
-n'y a -t-il pas un petit syndrome caliméro des sciencefictionneux vis a vis de la reconnaissance de leur genre ? ( avec les précautions concernant la definition de " genre" e t de " science fiction " ) : qq'un a-t-il fait un petit bilan de la perception " globale" de la sf dans la litterature generale aujourd'hui , aupres de " l'élite" litteraire ? aupres des " lecteurs" lambda en général , aupres des gens dans leur ensemble ? ( le piege etant la perception " generale "de la sf aujourd'hui , qui est plus dans l'image -cinétélé- que dans l'ecrit ..)
finalement n'y a-t-il qd meme pas une reelle évolution ? il y a 20 ou 30 ans , y avait -il la sf dans les manuels scolaires ( en plus du simple fait de parler d'un ou 2 romans ) ? les cerli/unice /etc , la semaine sf a l'ens : tout cela est anecdotique , noyé dans la masse Roland c. Wagner universitaire générale ou est ce (un peu ) plus que cela ? on ne parle vraiment jamais ( ou vraiment que ponctuellement ) de livres sf ds les magazines (express etc ) , journaux ( monde etc ) , emissions litteraires télé ?
- serais curieux de savoir comment ça se passe chez les anglo-saxons
Tu reposes la question de l'ampleur du déni, et surtout de ce que les uns et les autres, nous attendons en matière de "reconnaissance", ou pas.
Je crois que Gérard Klein a très bien décrit le caractère relatif et peu assuré (et frelaté, ce qui est plus gênant encore) de cet univers légitimant (si j'ose écrire), en n'hésitant pas à en employer le terme de "mythe" à propos de la littérature française.
Comme tu le fais remarquer, en cherchant, on trouve de la SF reconnue par ci, par là (Georges rappelle l'évidence (mais ça sert, dans le fil de nos discussions un peu ... embrouillées) que, quand il n'y a pas l'étiquette, c'est bien plus facile).
Ce que certains d'entre nous voudraient, ou ont voulu, ou voudront (je pense aux nouveaux amateurs, mais je crois qu'ils fonctionneront assez peu comme ça), c'est une sorte de proclamation officielle: "Dans la SF, genre honorable de la littérature, il y a de nombreuses œuvres qui sont d'incontestables et indispensables chefs-d'œuvre, qui honorent notre belle culture".
Mais concrètement, aujourd'hui, ça voudrait dire quoi, au niveau de la manifestation? Roland C. Wagner ou Bernard Werber - (non Roland, pas sur la tête!) recevant l'ordre des Arts et des Lettres? Gérard Klein entrant à l'Académie Française? Philippe Curval au jury du Goncourt? Le Prix Nobel de Littérature à Michel Jeury? Gilles Dumay au Ministère de la Culture? (soyons fous!)
On sent bien que ça ne va pas... on ne sait pas très bien ce qu'on veut, au fond (pour ceux qui veulent quelque chose).
Oncle Joe

JDB
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Message par JDB » sam. déc. 05, 2009 6:48 pm

Lensman a écrit :Ce que certains d'entre nous voudraient, ou ont voulu, ou voudront (je pense aux nouveaux amateurs, mais je crois qu'ils fonctionneront assez peu comme ça), c'est une sorte de proclamation officielle: "Dans la SF, genre honorable de la littérature, il y a de nombreuses œuvres qui sont d'incontestables et indispensables chefs-d'œuvre, qui honorent notre belle culture".
Mais concrètement, aujourd'hui, ça voudrait dire quoi, au niveau de la manifestation? Roland C. Wagner (ou Bernard Werber - (non Roland, pas sur la tête!) recevant l'ordre des Arts et des Lettres? Gérard Klein entrant à l'Académie Française? Philippe Curval au jury du Goncourt? Le Prix Nobel de Littérature à Michel Jeury?
Tiens, ça me rappelle quelque chose...
JDB
PS : vu les récentes interventions de Dieu, de Georges et d'Oncle Joe (entre autres), je ne crois plus utile d'intervenir.
Un mot, quand même : l'obstination de Lem a maintenir son intuition a incité pas mal d'entre vous à affûter leurs arguments pour proposer des démonstrations souvent admirables.
Et si c'était le but recherché ?...

Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » sam. déc. 05, 2009 7:16 pm

Roland C. Wagner a écrit :
Gérard Klein a écrit :À partir du moment, où la science-fiction s'est constituée en subculture, comme, dans un autre domaine le jazz, elle est inacceptable.
Si je te suis bien, il serait donc vain de vouloir faire valider par la culture dominante le corpus critique spécifique du genre, ce qui signifierait que toute éventuelle reconnaissance de celui-ci par celle-là passerait par une soumission aux critères des mundanes ?
Oui.

Le prix à payer, avant ou après l'acceptation, sera terrible. J'y reviendrai. D'ailleurs un intervenant y a fait allusion.
Mon immortalité est provisoire.

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Lensman
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Message par Lensman » sam. déc. 05, 2009 8:31 pm

Gérard Klein a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :
Gérard Klein a écrit :À partir du moment, où la science-fiction s'est constituée en subculture, comme, dans un autre domaine le jazz, elle est inacceptable.
Si je te suis bien, il serait donc vain de vouloir faire valider par la culture dominante le corpus critique spécifique du genre, ce qui signifierait que toute éventuelle reconnaissance de celui-ci par celle-là passerait par une soumission aux critères des mundanes ?
Oui.

Le prix à payer, avant ou après l'acceptation, sera terrible. J'y reviendrai. D'ailleurs un intervenant y a fait allusion.
Ton entrée à l'Académie Française? Il est vrai que les frais à engager pour la réalisation du costume et de l'épée seraient considérables...
Oncle Joe

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Aldaran
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Message par Aldaran » sam. déc. 05, 2009 8:59 pm

Gérard Klein a écrit :
Roland C. Wagner a écrit :
Gérard Klein a écrit :À partir du moment, où la science-fiction s'est constituée en subculture, comme, dans un autre domaine le jazz, elle est inacceptable.
Si je te suis bien, il serait donc vain de vouloir faire valider par la culture dominante le corpus critique spécifique du genre, ce qui signifierait que toute éventuelle reconnaissance de celui-ci par celle-là passerait par une soumission aux critères des mundanes ?
Oui.
Le prix à payer, avant ou après l'acceptation, sera terrible. J'y reviendrai. D'ailleurs un intervenant y a fait allusion.
La dilution / disparition du genre ?
(merci pour la suite, au fait, et vivement la suite !)

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Aldaran
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Message par Aldaran » sam. déc. 05, 2009 9:04 pm

Hoêl a écrit :Ben ouais , faudrait arrêter de pousser , parce que , bien au contraire , il y en a eu un paquet d'antho. de S.F. française cette année , et de qualité ! Pour mémoire , Identités dirigée par Lucie Chenu , Les héritiers d'Homère par Nathalie Dau , Dragons par ... j'ai oublié , et je ne parle que de celles que j'ai lues .
Alors , que Lune d'Encre ait davantage pignon sur rue que les autres collections et que cette antho. ait été plus attendue que d'autres , soit , mais de là à dire qu'elle représente globalement la S.F.F. , il y a un pas que je ne saurais franchir . D'ailleurs , pour ce qui me concerne , tout en l'ayant beaucoup appréciée , j'avais trouvé Escale sur l'horizon autrement plus stimulante , et la préface de Lem avait aussi bien plus emporté mon adhésion .
Houla ! Faudrait pas s'enflammer comme ça non plus, hein... Les batailles rangées c'est aussi nul que les épées d'académiciens !
Bien sûr, il y a d'autres anthologies (très bonnes) et d'autres préfaces (très bonnes aussi). mais toutes n'ont pas suscité la même attente dans notre petite cour et, surtout (surtout surtout), aucune n'a bénéficié d'une telle couverture médiatique hors de notre petite cour. Une très bonne chose, au demeurant pour le genre et les auteurs. D'où ma question : quel regard va être posé sur le propos de Lem hors de notre petite cour ?

edit : Je ne dis pas que c'est important non plus. Je dis que ça m'agace. Quand j'ai un bouquin de SF entre les mains, aujourd'hui, on me dit : "ah, oué, les p'tits hommes verts et les monstres de l'espace !". La compréhension du propos de Lem par un néophite risque fort d'ajouter une suite tout aussi énervante à ce qu'on me dit déjà. Pas bien. Pour le genre. Et pas bien pour moi, surtout, je pense avant tout à ma gueule (même si Lem aime pas ce mot laid).

Lem

Message par Lem » sam. déc. 05, 2009 9:10 pm

Bon. Détendons l'atmosphère. Notre Club vient juste de subir un de ces orages théoriques comme il s'en produit de temps en temps. Le dernier en date, c'était la Querelle Raconteurs contre Littératurants. Celui-ci restera peut-être comme le Malentendu SF Métaphysique contre Matérialisme Strict et Voitures volantes. C'est quand même plus beau !

Le fil existe. Il est ce qu'il est. Je me vois mal y écrire quoi que ce soit de personnel désormais, mais je peux au moins l'utiliser comme une sorte de réservoir documentaire. J'y posterai ce que je trouve et qui me parait significatif sur le sujet en M. J'imagine que ça ira dans le sens de l'hypothèse. Libre à chacun de faire ce qu'il veut de tout ça.

Ceci est encore de Maurice Renard (Le roman d'hypothèse, paru dans ABC du 15 décembre 1928.
Au XVIIIème siècle, le conte philosophique était exclusivement un prétexte à satire. Micromégas et Gulliver pour nous en tenir à ces deux ouvrages d'une si délicieuse invention, avaient pour objet de railler les insitutions et quelques personnages contemporains ; tandis que nos temps, si le roman d'hypothèse permet à Wells d'exprimer, sous forme d'apologue, des opinions sociologiques, en revanche beaucoup d'écrivains se sont complu à le travailler sans autre préoccupation que de lui faire exhaler tous les arômes de sa propre nature.
Est-ce à dire qu'un roman d'hypothèse doive se confiner dans l'enceinte du monde physico-chimique ? Loin de moi cette idée. Les plus belles œuvres du genre, au contraire, sont celles où flottent, comme des effluves éternels, les vieilles inquiétudes qui ont toujours obsédé les rêveries humaines, hanté notre esprit, étreint notre cœur. Le vent de la destinée souffle sous la porte du laboratoire. N'est-ce pas Edgar Poe ? N'est-ce pas Villiers de l'Isle-Adam ? Mais l'essentiel n'est point là. L'essentiel réside, dans le brouillard métaphysique qui doit s'élever au-dessus du récit romanesque.
D'où forcément il résulte que les amateurs les plus enthousiastes du roman d'hypothèse se trouvent de l'autre côté du Rhin. Nous (qu'on me pardonne ce nous presque aussi haïssable que le moi) ne saurions même être compris qu'en Europe Centrale. Les peuples latins nous marquent déjà beaucoup plus d'indifférence. Les Anglais considèrent comme secondaire dans l'œuvre de leur Wells les ouvrages de l'ordre de Place aux Géants ou Les premiers hommes dans la Lune. Quant aux Américains, ils sont encore un peu jeunes, et sûrement c'est tout à fait par suite d'une erreur qu'Edgar Poe est né à Baltimore il y a plus de cent ans.
Autre doc intéressant : encore Renard mais pour un extrait de son article fondateur, Du merveilleux-scientifique etc, auquel je n'avais pas vraiment prêté attention.
Si nous considérons l'univers comme partagé en trois divisions correspondant aux trois degrés d'assentiment, il y a trois sortes de choses : celles que nous ignorons, celles dont nous doutons et celles que nous savons. Les deux premières catégories – dont le champ rétrécit à mesure que notre science se développe, mais qui sans doute existeront toujours partce que nous ne saurons jamais tout, et dont le champ, du reste, nous paraît sans cesse grandir parce que la science a au moins pour effet de nous renseigner sur la nature des choses que d'en découvrir de nouvelles au sujet de quoi elle ne peut rien nous apprendre – les deux premières catégories, dis-je, forment le domaine du merveilleux scientifique. C'est là, dans le monde des choses ignorées ou douteuses, qu'il doit puiser la substances de ses diverses réalisations, et non pas dans le monde des choses connues et certaines. Car la science est incapable de nous montrer nulle merveille, au sens propre du mot. Loin de là, elle la grande tueuse de miracles. Il n'y de merveille que dans le mystère, dans l'inexpliqué. Tout prodige cesse d'en être un aussitôt que nosu pénétrons ses causes réelles et sa véritable nature, dès qu'il passe du ressort de l'ignorance ou de celui du doute dans celui de la science.
A comparer à la fameuse lettre de G; Peyton. Wertenbaker publiée dans le courrier des lecteurs d'Amazing en réponse au premier éditorial de Gernsback où il définissait la sf (Wertenbaker était déjà publié dans Amazing, il avait même je crois écrit la première nouvelle originale sous le sigle SF, il n'était pas tout à fat un lecteur comme les autres) :
La littérature du passé et du présent nous ont dévoilé le mystère de l’homme et du monde et, pour cette raison, ont graduellement perdu en beauté – car il n’y a de beauté que dans le mystère. La beauté, c’est la quête aveugle des émotions qui seules, permettent de comprendre ce que la raison ne peut saisir. La scientifiction nous entraîne dans les régions les plus reculées de l’univers, là où le mystère règne encore – donc la beauté ; pour cette raison, elle est la vraie littérature du futur. Le seul risque, pour Amazing, est de trop se concentrer sur l’aspect scientifique des histoires au détriment de leur composante littéraire. Il est encore trop tôt pour en être sûr mais pas trop pour une mise en garde honnête et amicale. Seul, l’instinct esthétique peut juger de la bonne proportion de matériau scientifique dans une œuvre.
Modifié en dernier par Lem le dim. déc. 06, 2009 6:16 pm, modifié 2 fois.

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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » sam. déc. 05, 2009 9:47 pm

Lem a écrit :Celui-ci restera peut-être comme le Malentendu SF Métaphysique contre Matérialisme Strict et Voitures volantes.
Non.
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Gérard Klein
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Message par Gérard Klein » sam. déc. 05, 2009 9:58 pm

Cher Oncle Joe,

je ne reproduis pas ton post pour économiser de la place. Je ne voulais pas te répondre parce que je préfère synthétiser mes messages. Mais là, je ne résiste pas.
On n'attend rien, et sûrement pas ce que tu indiques et que tu as largement emprunté à ma célèbre uchronie.
Ce qu'on espère, c'est tout simplement qu'un roman accessible à tout lecteur un peu ouvert soit traité comme un roman et non pas renvoyé automatiquement dans la case du critique spécialisé, dans la presse ou à la télévision, si ou quand il y en a encore.
C'est que les seuls romans du domaine dont il est rendu compte en littérature dite générale sont anti-scientifiques et généralement dus à des auteurs déjà connus et célébrés par ailleurs.

Je comprends parfaitement que Egan ou Peter Watt soit réservé au critique spécialisé.

Mais prenons Lothar Blues, par exemple. Pas de voitures volantes dedans. Sauf erreur de ma part, pas non plus une seule recension, hors domaine spécialisé. Je n'aime pas tout ce qu'écrit Curval et il le sait. Je n'ai du reste pas tout lu. Mais je le tiens pour un des écrivains les plus notables du XX° siècle toutes catégories confondues. Et il est pratiquement ignoré de tous et partout. Bien que je n'intervienne pratiquement jamais auprès des journalistes et chefs de rubrique, par éthique personnelle, parce que c'est le métier des attaché(e)s de pressse et enfin parce que c'est souvent contre-productif, il m'est arrivé de dire à des gens influents et pas seulement à propos de romans que j'ai publiés, car je ne le fais jamais: "Et Curval, tout de même…" et je me suis toujours entendu répondre, non pas qu'on ne le connaissait pas mais :"C'est un auteur de SCIENCE-FICTION." Terminé.

On verra pour nuigrave de Lorris Murail, qui ne fait pas non plus dans la voiture volante ou le BSO.
Je cite des auteurs que j'ai publiés mais je pourrais en citer des tas d'autres, et pourquoi pas l'anthologie de Lem, qui sont immédiatement stigmatisés dès qu'ils paraissent dans l'une des quelques collections respectables du domaine, qui ne portent même pas le fanion sf. Et du reste paraîtraient-ils ailleurs, dès qu'ils seraient repérés, ou leur auteurs, ce serait la même chose. C'est là que, je crois, Dumay se trompe lourdement.

Ce qu'on espère aussi, sans y croire, c'est qu'on ne voit plus le trop fameux: ceci n'est pas de la science-fiction, alors que c'en est.
Je ne me souviens pas d'avoir lu, du moins récemment : ceci n'est pas un roman policier, ou encore ceci n'est pas un roman historique, à propos par exemple des Mémoires d'Hadrien.

Je lis d'autre part très attentivement, chaque semaine, les Cahiers livres du Monde et de Libération. Qu'on ne me dise pas que tous les romans qui y sont recensés et parfois encensés en littérature générale et qui sont généralement oubliés au bout de trois mois, sont littérairement supérieurs à tel ou tel titre que tu connais comme moi. Feuillette une collection de ces augustes journaux et tu verras ce qu'il en est. Quant à la télévision, n'en parlons pas. Du reste, je n'ai pas le courage de regarder les quelques émissions survivantes qui affectent encore de parler de livres. Et on sait ce qu'il en était du temps de l'incurable Bernard Pivot. Il y a un préjugé, une stigmatisation, et c'est cela que nous souhaiterions, sans y croire une minute, voir disparaître.
Disons que c'est un peu le même problème que la diversité sur les écrans du JT.
Il y a le nègre de service, par ailleurs remarquable, pour faire des remplacements, et basta.
Modifié en dernier par Gérard Klein le sam. déc. 05, 2009 10:20 pm, modifié 1 fois.
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Message par systar » sam. déc. 05, 2009 10:10 pm

Lem a écrit : Notre Club vient juste de subir un de ces orages théoriques comme il s'en produit de temps en temps.
Hum.
Re-hum.
Si c'est juste ça... si c'est juste un mode de fonctionnement de Votre Club, alors je crois que nous sommes quelques uns, sur ce fil, à avoir perdu notre temps.

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Message par bormandg » sam. déc. 05, 2009 10:13 pm

Sur le "Ceci n'est pas de la science-fiction", j'ai déjà écrit en marge de mon découpage entre SF étiquetée et SF littéraire, que les romans qui arborent cette affirmation ne sont, effectivement, pas de la Sf correcte, mais des utilisations abusives de thèmes déjà largement traités en SF et sans respecter ni les règles, ni les références existantes. Autrement dit des oeuvres qui ne méritent pas d'être qualifiées de SF, même de qualité inférieure.
Quant à l'autre classique "C'est de la science-fiction, ce que vous me racontez", il est réservé aux hypothèses tellement délirantes qu'elles ne seraient jamais acceptées dans une oeuvre de SF, non?
Alors que les critiques cessent de rejeter une oeuvre de qualité sous prétexte que "c'est de la science-fiction" serait effectivement un miracle. On (les représentants de l'art reconnu) invite des auteurs de polar ou de roman historique aux magazines littéraires, le jour où on invitera Curval le ghetto aura enfin été cassé. Peut-être après la Singularité... 8) :twisted: 8)
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Message par Roland C. Wagner » sam. déc. 05, 2009 10:14 pm

systar a écrit :
Lem a écrit : Notre Club vient juste de subir un de ces orages théoriques comme il s'en produit de temps en temps.
Hum.
Re-hum.
Si c'est juste ça... si c'est juste un mode de fonctionnement de Votre Club, alors je crois que nous sommes quelques uns, sur ce fil, à avoir perdu notre temps.
Je tiens à préciser qu'en tant que marxiste tendance Groucho je ne fais pas partie de Leur Club.
« Regarde vers Lorient / Là tu trouveras la sagesse. » (Les Cravates à Pois)

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Message par systar » sam. déc. 05, 2009 10:16 pm

Roland C. Wagner a écrit :
Je tiens à préciser qu'en tant que marxiste tendance Groucho je ne fais pas partie de Leur Club.
Sacré toi, va :wink:

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Message par Erion » sam. déc. 05, 2009 10:18 pm

Non, mais si vous voulez, on peut discuter de l'expression "Notre club", je crois que pas mal de personnes pourraient avoir à y redire. Mais bon, c'est un peu moins essentiel que le reste.
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Message par Lensman » sam. déc. 05, 2009 10:36 pm

A la demande générale, pour nourrir la boîte à documentation initiée par Lem, tiré de ma peu vraisemblable bibliothèque, voici un court extrait de la « Préface » du légendaire roman de Félix Bodin, « Le roman de l’avenir » (1834, oui, vous avez bien lu), pierre de touche de l’amateur de SF ancienne. Félix Bodin lance ce qu’il appelle le « roman futuriste » (je vous jure que je n’invente pas…), en en rédigeant un prototype. On ne peut pas dire qu’il ait été suivi immédiatement de manière furieuse, mais enfin, comme texte fondateur et théorique de la SF française, je mange le béret de mon père si on trouve quelque chose de mieux…
Je respecte l’orthographe d’époque, à mes fautes de frappe près…

« […] On veut de nouvelles routes pour la littérature, de nouveaux champs pour l’imagination ; il me semble qu’en voici, ou je me trompe fort. Ceux qui se plaignent que le passé a été assez exploité, n’en diront pas autant, j’espère, de l’avenir. Ils diront au contraire : essayons enfin de sortir de ce passé si triste sur lequel nous vivions en littérature, pour nous lancer dans un inconnu si séduisant ! Là peuvent se trouver des révélations de somnambules, des courses dans les airs, des voyages au fond des océans, comme on voit dans la poésie passée de Sibylles, des hyppogriffes et des grottes de nymphes ; mais le merveilleux de l’avenir, comme je l’ai dit précédemment, ne ressemble point à l’autre, en ce qu’il est tout croyable, tout naturel, tout possible, et dès lors il peut frapper l’imagination plus vivement et la saisir en s’y peignant comme la réalité. On aura ainsi trouvé un monde nouveau, un milieu tout fantastique, pourtant pas invraisemblable pour y faire mouvoir l’homme avec la mobilité de ses idées et l’immuabilité des ses penchans.
Une dernière question se présente, et peut-être pour beaucoup de gens sera-ce la première. La littérature semblant partagée depuis quelques années entre deux genres, auquel appartient cet ouvrage ? J’ai grand peur qu’il n’appartienne à aucun, si toute littérature est le reflet de toute la civilisation d’une époque. Il n’est point classique, car il n’exprime ni l’état social des anciens, ni l’ordre d’idées qui servait de type à notre littérature des deux siècles passés. Il n’est point romantique, si le romantisme est l’expression du moyen-âge. Qu’est-il donc ? Ma foi ! Je n’en sais rien. Il sera si l’on veut du genre futur […].
Pour le moment, la question est de savoir si, après les grotesques et audacieuses fantaisies de Rabelais, les amusantes et satiriques inventions de Cyrano et Swift, et les pétillans romans philosophiques de Voltaire, il est possible de trouver quelque chose de nouveau et toutefois d’analogue ; quelque chose qui ne fût ni d’une fantaisie trop dévergondée, ni d’une intention purement critique, ni de cet esprit philosophique qui nuit à l’intérêt et à l’illusion en substituant toujours des idées aux personnages, et en subordonnant l’action et les caractères à la thèse qu’il soutient ; et pourtant une chose à la fois fantastique, romanesque, philosophique et un peu critique ; un livre où une imagination brillante, riche et vagabonde, pût se déployer à son aise ; enfin, un livre amusant sans être futile. Je crois que ce livre était possible. Mais je suis encore parfaitement convaincu qu’il n’est pas fait.
Qu’un autre l’essaie ; je souhaite de bon cœur qu’il réussisse mieux que moi. »

Oncle Joe

PS: notez l'allusion prémonitoire aux voitures volantes, avec "des courses dans les airs"...
Modifié en dernier par Lensman le sam. déc. 05, 2009 11:06 pm, modifié 2 fois.

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