Du sense of wonder à la SF métaphysique

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Lensman
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Message par Lensman » mer. déc. 09, 2009 6:53 pm

Erion a écrit : J'y reviens, donc, l'aspect ridicule de la SF, lui appartient en propre. Il y a du ridicule dans la SF, un ridicule assumé, et qui parfois fait les bonheurs des vieux amateurs. Quand on est jeune, on passe outre, quand on vieillit, l'effort est plus difficile. Cette forme devient un écran, ou on est plus suffisamment naïf pour y croire.
Cela me paraît évident. Et cela rend périssable les "classiques" bien plus vite qu'en littérature normale.
Ce n'est pas grave...
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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mer. déc. 09, 2009 6:53 pm

Lem a écrit :Une autre stratégie de vérification pourrait
Ah oui, et une dernière :

Pourquoi ne pas avoir opéré les vérifications en question avant de balancer ton intuition brut de décoffrage ?
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Lem

Message par Lem » mer. déc. 09, 2009 6:58 pm

Erion a écrit :Bonne nouvelle : la relève de l'anticipation sociale est assurée par une romancière française.
Roland a écrit :T'as pas le droit de faire des trucs comme ça : j'ai failli me pisser dessus.
Début novembre, chez Smith-de-chez-Jules, Gérard a écrit :J'ai à vous faire une effroyable révélation qui aurait glacé d'horreur le grand HPL lui-même. Je suis du reste surpris d'être le premier à la proposer.
Vous allez devoir lire du Marc Lévy.
Et, déjà, Roland a écrit :Popopo, Gérard, faut pas poster des trucs comme ça à une heure pareille ! J'ai failli réveiller tout le quartier en éclatant de rire.
Effectivement, le débat n'avance pas beaucoup.
Sinon, j'analyse cette longue liste de questions.

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Message par Erion » mer. déc. 09, 2009 7:00 pm

Lensman a écrit :
Erion a écrit : J'y reviens, donc, l'aspect ridicule de la SF, lui appartient en propre. Il y a du ridicule dans la SF, un ridicule assumé, et qui parfois fait les bonheurs des vieux amateurs. Quand on est jeune, on passe outre, quand on vieillit, l'effort est plus difficile. Cette forme devient un écran, ou on est plus suffisamment naïf pour y croire.
Cela me paraît évident. Et cela rend périssable les "classiques" bien plus vite qu'en littérature normale.
Ce n'est pas grave...
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J'ai revu relativement récemment "Planète Interdite". J'en avais un grand souvenir, enfant. Le monstre qui passait les champs de force, ca m'avait fait un grand effet.
Ben en le revoyant, c'est parce que je sais que c'est daté que c'est supportable. Y'a plein d'aspects vraiment difficile à avaler sans une grosse, très grosse dose de tolérance et de compassion.
Ca n'empêche pas ce film d'être un chef d'oeuvre du genre, mais si on a pas gardé cette âme enfantine (pour pas dire autre chose), difficile de ne pas considérer ce film comme étant ridicule.
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Message par Erion » mer. déc. 09, 2009 7:01 pm

Lem a écrit :
Erion a écrit :Bonne nouvelle : la relève de l'anticipation sociale est assurée par une romancière française.
Euh, ce n'était pas clair dans mon post, mais le texte qui suit le roman, est tiré d'une critique du livre sur le net (d'où le "voir entretien"), ce n'est pas de moi.
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Message par Lensman » mer. déc. 09, 2009 7:04 pm

Erion a écrit :
Lem a écrit : Si les textes qui ont fait l'objet de cette légitimation se révèlent, à l'analyse, plutôt moins métaphysiques que les autres (moins prodigue en objets métaphysiques réifiés), on pourra se dire que l'hypothèse est partiellement vérifiée.
Celine Minard. Le Dernier Monde (Denoël, paru en collection non-SF)
Dernier survivant sur Terre à la suite d'une catastrophe inexpliquée, un astronaute s'invente pour survivre une galerie de personnages imaginaires. Sur le thème rebattu du dernier homme, Céline Minard (lire l'entretien) décrit un périple halluciné et hallucinant de talent. Bonne nouvelle : la relève de l'anticipation sociale est assurée par une romancière française.
C'est assez intriguant. Est-ce que des exemples d'"anticiaptions sociales" précédents sont donnés? Je suis curieux de voir la lignée...
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Sand
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Message par Sand » mer. déc. 09, 2009 7:31 pm

Lem a écrit : C'est peut-être jouer sur les mots. La formulation de l'hypothèse permet de savoir quel type de preuves on cherche.
Je suis de formation scientifique.
Tu viens d'écrire une horreur.

(Et j'en avais aussi écrit une (petite, par raccourci), et j'avais donc édité mon post : une hypothèse se teste, avant toute chose.)

ce sont les faits/preuves qui créent l'hypothèse, non l'hypothèse qui détermine quels types de faits/preuves on cherche.

la formulation de l'hypothèse permet de savoir quel test il convient de faire.
On a eu la phase 1 : l'observation d'une corrélation
qui permet la phase 2 : la formulation d'une hypothèse sur un lien de cause à effet
qui appelle la phase 3 : la construction d'un test pour vérifier la validité de l'hypothèse
Là, le test idéal tel que je l'imagine, c'est d'écrire le même livre de SF, dans deux versions, une avec métaphysique et une sans métaphysique, de le publier dans deux Frances, et de comparer.
Je crois qu'il y a d'autres moyens de vérifier l'hypothèse qu'un tel effort. L'analyse des réactions de rejet, quand elles sont disponibles, finira bien par être significative de quelque chose ; elle l'est partiellement déjà et on n'a accumulé que très peu de matériel pour l'instant.
Mais pour rester dans le cadre de ton test idéal, il n'y a pas forcément besoin d'écrire deux livres (c'est bien une idée de lecteur, ça). Toute la SF n'émet pas le maudit "brouillard métaphysique". Je crois que j'ai souligné ça il y a un certain temps déjà : les textes sf qui ont été légitimés me semblent plutôt moins métaphysiques que les autres, en général. (Je veux dire : moins riche en merveilles, en objets métaphysiques réifiés).

Evidemment, quand la légitimation porte sur des œuvres parues hors collection spécialisées, le débat est faussé : comment faire la part, dans le processus de légitimation, de l'absence de métaphysique et de l'absence de label ? Le procès en dissolution qu'on entend si souvent à propos de Ravage, ou de Malevil : "ce n'est pas de la science-fiction" signifie-t-il en fait (confusément) "il n'y a pas dans ces livres les trucs métaphysiques étranges de la sf" ou (tout simplement) : "ce n'est pas paru sous l'étiquette et je l'ai donc lu comme tout le reste de la littérature" ?
Voilà un problème très difficile à résoudre.

Une autre stratégie de vérification pourrait porter sur les livres parus sous le label et légitimés – car là, le problème de l'étiquette serait résolu d'entrée. On a plusieurs fois cité l'exemple des Chroniques martiennes. Y en a-t-il d'autres ? Attention : je ne parle pas de succès commerciaux mais de succès critiques et même – fait décisif, éventuellement – de l'apparition de la formule familière "c'est vraiment bon, ce n'est pas de la sf, c'est de la littérature à part entière".
Si les textes qui ont fait l'objet de cette légitimation se révèlent, à l'analyse, plutôt moins métaphysiques que les autres (moins prodigue en objets métaphysiques réifiés), on pourra se dire que l'hypothèse est partiellement vérifiée.
D'où l'utilité d'écrire deux livres semblables sauf sur un point, et de les publier de manière similaire : on élimine les autres variables et on ne teste que la pure métaphysique.

C'est la méthode scientifique.

Sauf qu'il faut que chaque livre soit introduit auprès de populations similaires mais n'ayant jamais entendu parler de l'autre livre. D'où la nécessité de deux Frances.

(Pourquoi croyez-vous que le développement d'un médicament coûte si cher ? les pharmaceutiques se goinfrent, évidemment, mais pas que !)
Modifié en dernier par Sand le mer. déc. 09, 2009 7:36 pm, modifié 2 fois.

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Aldaran
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Message par Aldaran » mer. déc. 09, 2009 7:35 pm

Lem a écrit :Cela dit, j'aimerais que tu postes ou repostes quelques-unes de ces "questions précises" qui seraient restées sans réponse de ma part.
Seulement quelques-unes, alors...
Surtout parmi les miennes mais pas seulement. Et si toutes n'ont pas le point idoine au bout, ce sont tout de même des questions qui appelaient des commentaires de ta part.
Finalement, [...] la question serait : "Mais pourquoi les grands ils nous aiment pas et qu'est-ce qu'on pourrait faire pour qu'ils lisent nos trucs sans s'en apercevoir et disent malgré tout wouha c'est trop bien ?"
Le_navire a écrit :Maintenant, ça ne fait que confirmer la question prégnante : pourquoi si peu de prescripteurs de SF hors ternet ? Et son corollaire : maintenant, il y a ternet, est-ce que la question est encore d'un intérêt quelconque ?
Comment ce propos va-t-il être perçu ? Comme une simple hypothèse ? Comme une suggestion ? Ou comme la réflexion majeure circulant dans le domaine ?
Je pense aussi qu'une dilution de la SF dans la littérature générale sera vraiment cela si elle a lieu un jour : il n'en restera que très peu de traces.
Le soucis que j'ai, là, c'est que Lem essaye de me convaincre avec son hypothèse et, quand je lui demande des précisions sur le théorème qu'il veut éclairer à l'aide de cette hypothèse, ben il me répond : "mais pourquoi refuses-tu donc mon hypothèse avec tant d'acharnement ?"
D'où ma question : quel regard va être posé sur le propos de Lem hors de notre petite cour ?
Posons que cette hypothèse soit juste. Ça donne quoi, après ? L'idée va faire son chemin, et ensuite ?
C'est quoi la démarche ?
Et la prospective alors ? Il se passe quoi dans un monde où l'hypothèse de Lem est la bonne ?
Lorsque j'estime que l'on tourne en rond, c'est parce que cela fait presque 200 pages qu'on est en train de décortiquer en profondeur ton hypothèse et que je suis presque persuadé que nous focalisons au mauvais endroit.
Je n'arrive pas à croire que tu n'as pas envisagé de suite à cette réflexion exposée aussi longuement. Ni que toute cette énergie ne soit utilisée que dans le seul espoir de voir quelques détails repris ici ou là sous d'autres plumes dans un avenir incertain...
J'ai déjà dit ce que je pensais de ton hypothèse : je ne lui trouve pas plus d'importance (ni moins) que les autres raisons du déni de la SF. Mais (je crois que) se concentrer sur l'hypothèse ne nous donnera pas de réponse sur le déni, pas plus que sur le moyen de le contourner (si c'est possible). Pas plus que de tendre des pièges ou texticuliser de fausses citations qui perturbent jusqu'aux spécialistes participant au fil et qui ne démontrent rien du tout.
Tu as formulé cette hypothèse dans le but de nous (tous ceux qui l'ont lue) amener quelque part.
Alors vas-y ! Où va-t-on avec une telle hypothèse ?

Mais je ne suis pas le seul à poser des questions restées sans réponses...
Pascal, à la page 80, a écrit :Vous savez que vous êtes vraiment givrés ?

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Erion
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Message par Erion » mer. déc. 09, 2009 7:38 pm

Ouais, comme dit mon avatar : Asobitai !
http://www.youtube.com/watch?v=0MOlCAHZR1c
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Roland C. Wagner
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Message par Roland C. Wagner » mer. déc. 09, 2009 8:06 pm

Bon, je voulais attendre la page 200 pour en arriver là, mais à quoi bon ?

Il n'y a pas de "variable cachée". Les raisons habituellement exposées suffisent. Et s'il fallait vraiment une VC, eh bien, le mélodrame augmenté vaut bien la métaphysique et il n'y a plus qu'à tirer la chasse.

Cela dit, la piste de la subculture est intéressante à plus d'un titre, et je remercie Gérard de me l'avoir remise en mémoire. Elle est intéressante notamment parce que cette subculture a été bel et bien reconnue dans notre pays par la contre-culture, qu'elle faisait partie à une certaine époque d'un ensemble qui comprenait également le rock, la bande dessinée, le LSD, l'antimilitarisme, etc.

Non seulement ça a ravivé le déni préexistant dans les catégories sociales définies par Gérard, mais nous subissons aujourd'hui les effets à long terme de ce pack culturel qui a été celui d'au moins deux générations.

Un pack que l'auteur de Ni Marx, ni Jésus cité par Gérard ne pouvait bien évidemment approuver ni cautionner.

Je vous rappelle que l'actuel président de ce pays a été élu, entre autres, parce qu'il promettait de liquider "l'héritage de mai 68".

Ben la science-fiction, en un sens, il me semble qu'elle en fait partie pour "ces gens-là". Et la défendre, c'est comme défendre l'usage du LSD dans cette époque de plus en plus "hygiéniste", ou faire preuve d'antimilitarisme alors que le service militaire a été supprimé et que la dernière guerre dans laquelle la France a été impliquée (euphémisme) et à laquelle ont participé des appelés du contingent s'est achevée il y a pas loin d'un demi-siècle.

C'est obscène. C'est ridicule. C'est tout ce que vous voulez.

Pas besoin d'aller chercher la métaphysique ou que sais-je encore ?

Image

Une phrase de Michel Jeury était devenue un tel cliché dans les années 70 que personne n'osait plus la citer, d'autant qu'elle était assimilée à la NSFFFP. Peut-être est-il temps de la rappeler.

Nous nous battrons avec nos rêves.

C'est ce que fait la science-fiction, c'est ce qu'elle a toujours fait.

Mais contre qui, contre quoi se bat-elle dans ce pays ?
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Lem

Message par Lem » mer. déc. 09, 2009 8:10 pm

Je vais répondre à une question significative de Roland.
Roland C. Wagner a écrit :Pourquoi, alors qu'il y a autant de fois le mot dieu que le mot métaphysique dans ta préface, affirmer qu'on te fait un procès d'intention quand on le fait remarquer ?
Le mot Dieu ou dieux apparaît dix fois dans la préface. Par curiosité, j'ai fait une recherche. Voici les dix extraits pour que tout le monde puisse contextualiser. Le premier figure dans la première page :
Ce livre fête un double anniversaire. Le premier est celui des dix ans de la collection Lunes d’Encre, pour lequel on a rassemblé toutes sortes d’histoires bizarres, épiques, scientifiques ou déviantes. Traverser un Canada hanté par les drônes de Dieu. Cheminer vers une forme de vie impalpable… etc.
"Les drônes de Dieu", c'est le sujet de la novella de Gilles, Lumière Noire. Je veux dire que ce n'est pas une interprétation de ma part, c'est vraiment le sujet, exprimé dès le début du texte. L'entité nommée Lumière Noire est Dieu dans l'histoire. Comment c'est arrivé et qu'est-ce que ça implique pour les hommes qui ont survécu à cet événement, c'est là toute l'histoire. Jusqu'ici, je ne me souviens pas avoir vu dans les critiques adressées à Gilles celle d'être prosélyte, d'essayer de convertir secrètement ses lecteurs à je ne sais quel culte bizarre. Je considère donc que ce "dieu" là ne pose pas de problème (sauf si l'ange dans Un Ange s'est pendu de R. C. W. pose problème aussi).

Ensuite, dans la préface, il n'y a plus le mot qui fâche jusqu'au moment où j'en viens à l'hypothèse M, introduite comme suit :
"quel domaine offre plus que la théologie un champ vaste et définitif à l’interrogation, à la spéculation et à l’interprétation ? (…) Il peut être fait une place dans bien des romans classiques à la religion, au mysticisme ou même (rarement) à la métaphysique. Mais le personnage de Dieu, ou d’un dieu, n’y apparaît jamais."
Cette observation fera sans doute sourire beaucoup de lecteurs. Le personnage de Dieu ? D’un dieu ? La théologie ? Que viennent faire ces concepts dans un texte sur l'état de la science-fiction en France ?
Quatre d'un coup ! C'est vrai que c'est impressionnant. Mais je rassure tout le monde tout de suite : les deux premiers, ceux du passage en italiques, ne sont pas de moi mais de Gérard Klein dont je cite explicitement la préface à l'anthologie Histoires Divines. Et les deux suivants ne sont que leur répétition suivis de points d'interrogation pour bien montrer que j'ai conscience du caractère surprenant de l'hypothèse.
Le roman qui lance Maurice Renard sur la scène littéraire en 1908 s’intitule Le docteur Lerne, sous-dieu. De l’autre côté de la Manche, le très rationnel H. G. Wells écrit (sans même mentionner les « Elois » de Time machine) L’homme qui pouvait accomplir des miracles, Un rêve d’Armageddon, M. Barnstaple chez les hommes-dieux.
Encore deux d'un coup ! Mais cette fois, ce sont des titres de livres, cités pour soutenir l'hypothèse M et rendre visible cette présence de la métaphysique et de la religion dès l'aube de la sf.
King Kong, Superman, le monolithe noir de 2001, la Matrice, sont les figures d’un mythocosme peuplé de surhommes et de dieux.
Dans le cadre de l'hypothèse, je rend compte de la nature de ces objets très connus du grand public. King Kong est un dieu pour son peuple. Superman est aujourd'hui classé comme tel dans la typologie des super-héros (voir en particulier la série Kingdom Come). Le monolithe noir de 2001 et tout l'univers de Matrix n'ont besoin de personne pour dénoter leur origine religieuse.
Ces subtilités n’ayant pas leur place ici, je me contente de formuler une hypothèse sur le déni, et les raisons pour lesquelles il s’achève. Au siècle de Nietzsche et de Freud, la métaphysique et les dieux ont déserté le champ culturel, pour la première fois depuis Homère…
Formulation définitive de l'hypothèse.
Les nouvelles de Maheva Stephan-Bugni et Laurent Klœtzer racontent de telles crises qui débouchent, dans le second cas, sur cet autre grand classique de la SF : l’arme métaphysique ultime. C’est à dire la fin du monde. Thomas Day s’empare du sujet, le combine au thème de la Singularité et en tire la conclusion qui s’impose. L’arme en question, c’est Dieu. Le livre prend alors un virage étrange, etc.
Bouclage final de la préface en faisant retour sur les textes présentés au début dans l'optique de la préface. Le seul Dieu cité ici une nouvelle fois est celui de Gilles.

A chacun de juger s'il était intellectuellement honnête, de la part de Roland, de s'appuyer sur ces dix occurrences pour suspecter la préface (et moi, par translation) d'arrière-pensées. Car dans son papier, Roland n'a pas dit "il y a dix fois le mot dieu et c'est beaucoup", il a dit ceci :
En incipit, Roland a écrit :On peut être surpris de découvrir, dans la préface d'une anthologie de nouvelles de science-fiction, une expression telle que Ad majorem dei gloriam. Un rapide survol de l'histoire du genre depuis ses origines, voire ses prémisses, suggère plutôt que ceux qui y sacrifient, y compris nombre d'évidents croyants, en ont employé les outils spécifiques pour interroger et remettre en cause les concepts de sacrés et de divinité. Hormis quelques exceptions, glorifier le Seigneur n'a jamais fait partie de leurs préoccupations et objectifs.
Ce que je lis, moi, dans cette ouverture, c'est un message très simple et très peu propice à l'instauration d'un débat serein sur l'hypothèse… Roland précise-t-il ultérieurement dans son papier qu'Ad Majorem est utilisé par moi dans la préface pour qualifier la "réaction extrême de Maurice Dantec ? Non. Précise-t-il que pas plus la préface que les nouvelles de l'anthologie n'ont pour préoccupations de "glorifier le seigneur" ? Non. Par contre, trois paragraphes plus loin…
Roland a écrit :Postuler que s'il y a un dieu, ou quelque chose d'approchant, c'est par les mathématiques qu'on peut le trouver, revient à évacuer la notion de transcendance. Dans cette optique, il n'y a rien au-delà de la physique, pas de transcendance, pas de "surnature". Et James Morrow suit une logique identique lorsqu'il fait découvrir et remorquer le cadavre de Dieu sur les océans dans sa "Trilogie de Jehovah". Même chez les les plus "mystiques" des écrivains de science-fiction, la métaphysique est toujours réductible à la physique.
C'est néanmoins une idée diamétralement opposée que développe Serge Lehman dans sa préface. Poursuivant sa quête des raisons du déni dont la science-fiction souffre en France, il suggère que la cause profonde en serait une "variable cachée" – la métaphysique. Et de convoquer Gérard Klein, Maurice Renard, H. G. Wells, Olaf Stapledon et – n'en jetez plus – H. P. Lovecraft dont "la carrière littéraire a été presque entièrement dévolue à l'invocation des Grands Anciens dans le Mythe de Cthulhu."
Roland est écrivain, c'est un professionnel du langage. Il a choisi de me mettre en cause sur le nombre d'occurrence du mot "Dieu" dans la préface. Je serais moi assez enclin à examiner de très près l'usage de ses "plutôt" et de ses "néanmoins".

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Message par Fabien Lyraud » mer. déc. 09, 2009 8:52 pm

Je rebondis sur ce que dit Roland.
Il y a une grande différence entre La France et les pays anglo saxons.
Chez les Anglo Saxons il y a un grand respect pour la culture populaire y compris dans certains milieux intellectuels plutôt orthodoxes. Chez nous il n'en va pas de même. La culture populaire est l'objet d'un immense mépris de la part des dominants si je reprend la terminologie bourdieusienne. C'est la culture des dominés, donc des inférieurs pour les héritiers.
Bienvenu chez Pulp Factory :
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Le blog impertinent des littératures de l'imaginaire :
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Message par Roland C. Wagner » mer. déc. 09, 2009 8:54 pm

184 pages pour revenir au début.

C'est moins que Damasio dans La Horde du Contrevent, mais on s'en rapproche.

Et Roland il est peut-être un écrivain (enfin, c'est toi qui le dis et je te laisse la responsabilité de tes affirmations) mais il paraîtrait qu'il serait aussi vaguement un genre de farceur.

Oh, très vaguement.

Même que c'est pour ça qu'il passe pour un garçon pas sérieux, ce qui est apparemment un crime de lèse-littérature aux yeux de d'aucuns.

Et il ne sait toujours pas d'où vient chez toi cette obsession à citer Dantec, à part une fascination pour ses chiffres de vente et sa couverture médiatique.

Comme disait Jacqueline H. Osterrath, Ad Astra (pas la margarine).
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Message par Lem » mer. déc. 09, 2009 9:06 pm

Aldaran a écrit :Lorsque j'estime que l'on tourne en rond, c'est parce que cela fait presque 200 pages qu'on est en train de décortiquer en profondeur ton hypothèse et que je suis presque persuadé que nous focalisons au mauvais endroit.
Tu n'es pas le seul et c'est ton droit. Mais – excuse-moi – n'avons sans doute pas la même définition de "décortiquer en profondeur une hypothèse" :
"Mais pourquoi les grands ils nous aiment pas et qu'est-ce qu'on pourrait faire pour qu'ils lisent nos trucs sans s'en apercevoir et disent malgré tout wouha c'est trop bien ?"
Je ne sais pas. Je suis grand et j'aime bien nos trucs. Quel rapport avec M ?
pourquoi si peu de prescripteurs de SF hors ternet ? Et son corollaire : maintenant, il y a ternet, est-ce que la question est encore d'un intérêt quelconque ?
Je ne sais pas. Ça n'a rien à voir avec M.
Comment ce propos va-t-il être perçu ? Comme une simple hypothèse ? Comme une suggestion ? Ou comme la réflexion majeure circulant dans le domaine ?
Comment le saurais-je ? Un texte parmi d'autres, j'imagine. Je ne suis pas le seul à écrire sur la sf. Et ça n'est pas une analyse détaillée de l'hypothèse, c'est une spéculation sur sa réception.
Je pense aussi qu'une dilution de la SF dans la littérature générale sera vraiment cela si elle a lieu un jour : il n'en restera que très peu de traces.
Peut-être, peut-être pas. En quoi cela contribue-t-il à évaluer l'hypothèse ?
D'où ma question : quel regard va être posé sur le propos de Lem hors de notre petite cour ?
C'est la même question que "comment ce propos va-t-il être perçu" ? Même réponse.
Posons que cette hypothèse soit juste. Ça donne quoi, après ? L'idée va faire son chemin, et ensuite ? C'est quoi la démarche ?
J'ai répondu à cette question quand tu me l'as finalement reposée : je ne sais pas où va le chemin, si même il y a un chemin. Mais s'il y en a un, je regarderai l'hypothèse faire son petit tour. Pourquoi ? "Parce que c'est une forme de l'expérience littéraire".
Et la prospective alors ? Il se passe quoi dans un monde où l'hypothèse de Lem est la bonne ?
Hum. Pour l'instant – dans le monde où Lem vit, c'est à dire ici – l'hypothèse est perçue comme mauvaise. On peut faire de la spéculation mais ce n'est pas de l'analyse.
Tu as formulé cette hypothèse dans le but de nous (tous ceux qui l'ont lue) amener quelque part. Alors vas-y ! Où va-t-on avec une telle hypothèse ?
La réponse est au minimum : page 200. Mais ce n'est pas une analyse.

Reste finalement :
Le soucis que j'ai, là, c'est que Lem essaye de me convaincre avec son hypothèse et, quand je lui demande des précisions sur le théorème qu'il veut éclairer à l'aide de cette hypothèse, ben il me répond : "mais pourquoi refuses-tu donc mon hypothèse avec tant d'acharnement ?"
Que répondre ? Quand on en est à la quatrième génération de messages et que ceux-ci ont la forme : tu me dis que j'ai que tu m'as dit que j'avais dit… on tourne effectivement en rond. J'ai pu me montrer cassant, j'ai pu oublier de répondre à des questions, ou décider de ne pas y répondre, ou en rater d'autres… Comme je l'ai dit, je ne suis pas un employé à temps plein de ce fil. Je fais ce que je peux. Je pense que des posts cassants, voire carrément déplaisants, des posts pour rien, pour déconner, pour tourner en rond, des posts d'opposition par principe, il y en a eu de l'autre côté aussi.
Je n'arrive pas à croire que tu n'as pas envisagé de suite à cette réflexion exposée aussi longuement. Ni que toute cette énergie ne soit utilisée que dans le seul espoir de voir quelques détails repris ici ou là sous d'autres plumes dans un avenir incertain...
J'ai déjà dit ce que je pensais de ton hypothèse : je ne lui trouve pas plus d'importance (ni moins) que les autres raisons du déni de la SF. Mais (je crois que) se concentrer sur l'hypothèse ne nous donnera pas de réponse sur le déni, pas plus que sur le moyen de le contourner (si c'est possible). Pas plus que de tendre des pièges ou texticuliser de fausses citations qui perturbent jusqu'aux spécialistes participant au fil et qui ne démontrent rien du tout.
Si tu trouves que l'hypothèse du déni pour cause de métaphysique n'a ni plus ni moins d'importance que celle du déni pour cause de technoscience, ou pour cause d'origine US de la SF, parfait. Un facteur caché jusqu'ici a été dévoilé et jugé acceptable. C'est ce que je pense aussi. Le jour hypothétique où tout le monde sera d'accord là-dessus, on pourra éventuellement en tirer d'autres conséquences. Là, par exemple, Sand vient de me reprocher d'avoir écrit "une horreur" parce que mes messages ne sont pas parfaitement corrects du point de vue de la logique formelle. Qu'est-ce que je dois faire ? Ignorer son post ? Lui demander si "tester une hypothèse, ce n'est pas la prouver ?" Sortir mon dictionnaire ? Pour ensuite m'entendre dire "qu'on tourne en rond" ?

J'ai reposté hier et ce matin des propositions nouvelles sur métaphysique et littérature en remontant au XVIIIème siècle. Réactions : zéro.
Echos du dialogue d'hier avec Oncle sur la façon dont l'effacement de la métaphysique percole dans toutes les couches de la société et finit par affecter le lecteur : zéro.
Par contre, j'ai une liste de questions wagnériennes assez péremptoires et quand je réponds à l'une d'entre elle – comme prévu –, la réaction est "tu n'as pas compris que j'étais un farceur". Ah, c'était pour rire ? Oui, c'est vrai. Il l'avait déjà dit page 10 et page 50. Mais page 35 et 80, il a aussi dit "je maintiens chaque mots de ma préface !" (ne me cherchez pas sur les numéros de page, j'invente) Que croire ? On ne sait pas. La solution serait évidemment de ne pas répondre mais alors, j'aurais un post d'Aldaran qui me reprocherait d'ignorer les questions – tout en me reprochant de tourner en rond.
A vous de voir comment vous voulez discuter.

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Erion
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Message par Erion » mer. déc. 09, 2009 9:26 pm

Lem a écrit : J'ai reposté hier et ce matin des propositions nouvelles sur métaphysique et littérature en remontant au XVIIIème siècle. Réactions : zéro.
Echos du dialogue d'hier avec Oncle sur la façon dont l'effacement de la métaphysique percole dans toutes les couches de la société et finit par affecter le lecteur : zéro.
Parce qu'on aimerait aussi, que tu te mettes à répondre à nos questions et à nos affirmations, plutôt que toujours les évacuer.
"There's an old Earth saying, Captain. A phrase of great power and wisdom. A consolation to the soul, in times of need : Allons-y !" (The Doctor)
http://melkine.wordpress.com/

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