Mais enfin, Oncle Joe, Barjavel avait lu une bonne partie de tout ça, la vieille sf française (et même La Sphère d'or qui était australienne et qui a sûrement bercé Greg Egan), et il a exercé une grosse influence, et aussi l'avaient lue en tout ou partie Pierre Boulle, et Merle, et Hougron, et Curval, et Sternberg, et moi, et Bessière, et Carsac et probablement Wul. Nathalie Henneberg ignorait à peu près tout, voire tout, de la sf anglo-saxonne. Rosny a été très lu, et Renard aussi. Le Péril bleu et ses autres grands romans de sf et même ses recueils de nouvelles ont été des best-sellers. Robida a connu une énorme audience.Lensman a écrit :Je suis assez d'accord avec l'ensemble de ton intervention (même s'il y a des points que je modèrerais ou que j'accentuerais, selon mon bon plaisir...). Pour la légitimation, on peut partir de l'idée que les "prescripteurs" ne vont pas "lire" les textes: ce qui compte, c'est qu'ils CROIENT qu'il y a eu une grande SF française passée, qu'on ne lit plus, mais d'une grande qualité littéraire, et qui rend des points aux cow boys étrangers, vifs mais mal dégrossis... (je précise que j'ironise, à partir d'un certain moment de ma réponse).silramil a écrit :
Alors, OK pour une telle histoire, qui s'annonce passionnante, mais je doute qu'elle ait la portée légitimante que Lem espère, pour une simple et bonne raison. On peut dire que Renard et Rosny ont fait de la science-fiction. On peut par conséquent faire en sorte que des gens reprennent cette affirmation, et parlent du premier essai de Renard comme d'un acte de naissance de la science-fiction en France. Mais si un prescripteur se met à lire les romans de Renard, et les rapproche de ce qui se fait en science-fiction en France depuis cinquante ans, il ne sera pas plus avancé pour légitimer la SF actuelle.
Oncle Joe
Crès a été un éditeur à succès, publiant principalement de la science-fiction et du fantastique. Et Wells et Doyle ont été tirés à des dizaines de milliers d'exemplaires au moins, en France, sans même remonter à Verne.
Rosny et Renard, dont on peut oublier ici les petites querelles personnelles dont l'histoire reste à écrire, n'ont pas fait immédiatement école comme ils l'espéraient, mais la Première Guerre Mondiale est passée là-dessus, qui a tué la plus grande partie des intellectuels et des écrivains plus ou moins en herbe, comme je l'ai souvent rappelé. Les revues populaires comme Sciences et Voyages, L'Aventure et bien d'autres publiaient avant 1914 et même un peu après beaucoup de science-fiction même si elles étaient plutôt destinées aux adolescents. La Maison d' Ailleurs en est pleine. Il faut aller à Yverdon.
Il ne faut tout de même pas croire que le monde a été créé après la Seconde Guerre Mondiale, ce que même les Créationnistes les plus délirants ne soutiennent pas.
Il y a eu un monde avant notre naissance, même si cela semble invraisemblable.