Lem a écrit :Rien ne permet d'affirmer que ces prodiges sont ratonalisés, ni même rationalisables. I
Voilà typiquement le genre de phrase que je ne comprends pas (hors l'effet poétique, ce qui est un autre problème, très intéressant par ailleurs).
Si ils sont, il faut partie du monde, et doivent être intégrés à sa descriptions. Ils deviennent donc "rationnels", nous n'avons pas le choix. Toute description du monde "sérieuse" doit les prendre en compte, ils FONT PARTIE de la donnée objective.
Par contre, quand tu donnes l'exemple de "l'éternel retour", je trouve que ça n'a rien à voir. Là, c'est une construction qui ne s'impose pas dans la description du monde. On peut imaginer cela, et je veux bien alors qu'on dise que c'est une description métaphysique du monde (je crois que c'est compris comme cela, mais aussi comme une description religieuse).
Si on est dans "L'Eternel Adam" de Verne (ou Verne fils, c'est encore controversé, je crois), il n'y a pas de métaphysique, c'est vérifié (dans la fiction, on se comprend bien).
C'est ton idée de base de "métaphysique réifiée" qui me paraît trompeuse, pas juste pour te contredire par plaisir, mais parce que ça ne veut rien dire: si c'est réifié (on est dans la fiction), ça devient vrai (dans la fiction), au sens non-métaphysique du terme.
Pareil avec les extraterrestres. Dans un roman de SF, quand il y a des extraterrestres, ils existent. Ce n'est pas de la "métaphysique réifiée".
Dans le monde tel que nous le décrivons actuellement (le vrai), la possibilité des extraterrestres est envisageable (ce n'est même pas une idée "métaphysique"), elle a des raisons (controversée) d'être envisagée. Pour "l'Eternel retour", par contre, c'est comme pour le Père Noël, c'est une fabrication "symbolique".
Quand on fabrique une expression comme "métaphysique réifiée", on a tendance à se piéger, en perdant de vue que ce concept de "métaphysique" a tendance à évoluer. L'idée d'"extraterrestre" a pu être métaphysique pour les hommes à une certaine époque, elle n'est pas "métaphysique" aujourd'hui.
Oncle Joe