Pas bien compris ce que tu entends par là.Lensman a écrit :Tu veux dire, comme Lem? (mais pas de la même manière…)Roland C. Wagner a écrit :Peut-être parce que je ne suis pas un fan.Lem a écrit :Tu vois, Oncle ?
Roland, lui, sent très bien la différence.
Ce que je veux dire, c'est que je me sens bien où je suis, en écrivant ce que j'écris, en lisant ce que je lis, en écoutant ce que j'écoute et en regardant avec commisération la société française s'enfoncer dans la bêtise, la méchanceté, la xénophobie et la réaction.
Je dis que je ne suis pas un fan parce que la science-fiction est loin d'être le seul domaine pour lequel j'éprouve un vif intérêt, et que je pense avoir un acquis avec le temps un certain recul par rapport au genre — sans pour autant prendre mes distances par rapport à lui.
C'est la science-fiction qui m'a donné envie d'écrire, et lorsque j'écris, ben j'écris de la science-fiction. Parce que je ne vois pas l'intérêt d'écrire autre chose, et aussi, sans doute, parce que je me sentirais à l'étroit à l'intérieur des règles, des codes et des canons de la Grande Littérature française.
Je ne suis pas un fan, mais j'appartiens à une tribu transnationale, une communauté cosmopolite éparpillée sur toute la planète ; je suis un salaud d'apatride qui, si on lui demandait de choisir entre la France et la science-fiction, choisirait cette dernière sans hésiter.
Mon père était un aviateur du IIIe Reich qui a durement gagné sa nationalité française en quinze années de Légion étrangère, ma mère était une institutrice pied-noir qui croyait que sa terre serait toujours une terre française.
Et la France leur a menti. Parce que la France est une menteuse. Parce que l'idée même de la France est un énorme mensonge, une fiction nationaliste dont les historiens vous parleront bien mieux que moi. Et la littérature française toute entière ou peu s'en faut est imprégnée de ce mensonge, d'une manière ou d'une autre.
La science-fiction, elle, ne ment pas. Parce qu'elle ne prétend pas dire la vérité.
S'il faut passer par la case littérature, ou philosophie, ou surréalisme, pour être "reconnu" dans ce pays, je préfère demeurer dans ma confortable pénombre de métèque de l'écriture.
Là, au moins, je me sens à ma place.