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Interview 2015 : Feldrik Rivat pour le 25e heure
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Interview 2015 : Feldrik Rivat pour le 25e heure

ActuSF : Bonjour Feldrik, avant de parler de votre nouveau roman, pourriez-vous nous faire une courte présentation de vous-même et de vos précédents romans ? Qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture ?
 
Feldrik Rivat : Bonjour, merci à vous de m’accueillir par ici. Que dire ? C’est toujours difficile de parler de soi en quelques lignes ! Pour faire court, je dirais que je suis assez hors norme et me passionne vite pour de nombreux sujets. L’écriture est le seul exercice qui me permet de réunir toutes ces passions en une, et de me réaliser en tant qu’homme de mon temps. J’ai exercé le métier d’archéologue durant quelques années, temps durant lequel j’ai travaillé à mon premier projet, la trilogie des Kerns de l’Oubli. L’univers que j’y ai développé m’a permis de piocher dans mes bagages, les mondes anciens, de quoi donner un vernis de réalisme à l’ensemble. Quoi de mieux pour un archéologue que de développer une histoire se déroulant sur des millénaires ? 
 
 
ActuSF : Comment présenteriez-vous en quelques phrases percutantes votre roman La 25e Heure ? Pourquoi ce titre ? Vous avez été traumatisé par le roman de Virgil Gheorghiu ou par le film de Spike Lee ? Plus sérieusement, que représente ce titre à tes yeux ?
 
Feldrik Rivat : Il s’agit d’un Sherlock Holmes à la française se déroulant dans le Paris historique de la fin du XIXe, pendant la construction de la Tour Eiffel. Trois teintes donnent l’ambiance générale : une historique pour planter le décor, une policière pour conduire l’intrigue, et une fantastique au sens fin XIXe du terme pour plus de mystère. L’idée est de planter ici une préquelle à l’uchronie à venir. Le fond est sérieux, documenté, la forme elle se veut ludique : c’est la lecture détente du soir ! Si j’osais, je dirais qu’il y a un petit côté Adèle Blanc-Sec… 
 
Pour le titre, il s’agit d’un concept. Cette 25e heure est une heure métaphysique qu’une société savante parisienne se propose d’offrir, du temps supplémentaire confié aux morts et aux vivants, selon certaines conditions. Je ne peux pas tout dévoiler, mais les plus curieux pourront toujours se renseigner un peu sur le concept de métempsychose, une idée bien XIXe ! J’espère qu’il n’y a pas ici de quoi troubler le sommeil de Virgil Gheorghiu ! 
 
ActuSF : Peux-tu nous présenter succinctement tes personnages en parlant du processus de création pour chacun d’entre eux ? Certaines de tes créations ont-elles échappé à tes desseins d’écrivain démiurge ?
 
Feldrik Rivat : Eudes Anatole-Faust Lacassagne, inspecteur principal à la Sûreté de Paris, est le personnage phare du roman. L’idée était de donner à ce grand taiseux des airs de superhéros à la française, en respectant les codes et l’imagerie de la fin du XIXe. Un passé dans les colonies indochinoises et des origines qui lui valent le doux surnom de « Grand Khan », une maladie orpheline qui le prive de sommeil et donne la sensation de le voir mener deux vies, l’une diurne au service de la police, et l’autre nocturne au service des faibles, des démunis, ou de ses vices cachés ; et, enfin, un fichu caractère qui n’en fait l’ami de personne. Sans oublier la pratique de la canne-épée et de la savate ! 
 
Louis Bertillon, inspecteur auxiliaire, apporte la touche « kawaï ». Faire-valoir tendre et naïf, il est plein de bonne volonté pour apprendre toutes les ficelles du métier ! Sa candeur fait de lui la victime idéale de toute situation périlleuse. Et c’est un fervent lecteur de La Nature !
 
Marie-François Goron, chef de la Sûreté de Paris, est un personnage réel remis dans ses rôle et fonction. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ses mémoires qui m’ont été plus que salutaires pour donner une patine réaliste à l’ambiance policière du roman. 
 
Gravite autour de ce trio policier un nombre conséquent de rôles secondaires dont je me suis toujours appliqué à dresser un portrait des plus attachants. On compte parmi eux un grand nombre de personnalités réelles allant du concierge de l’immeuble voisin jusqu’à des Charcot, Méliès, Nadar pour les plus connus. Je me suis par exemple beaucoup amusé avec le Zouave Jacob, un théurge aux méthodes peu orthodoxes. 
 
Pour le reste, il est certain que durant l’écriture d’un roman, il faut se battre sans cesse avec ses personnages : ils semblent toujours prêts à prendre le dessus sur le récit ! Je leur tiens la bride courte, mais ils me réservent souvent bien des surprises !  
 
ActuSF : Steampunk, enquête policière teintée d’ésotérisme, rétro-SF (et hommage appuyé à la SF du début du XXe siècle), uchronie… Peut-on dire que ton œuvre est tout cela à la fois ? Pour toi Paris vaut-il Londres, New York ou encore Shanghai comme haut lieu d’aventures ?
 
Feldrik Rivat : Dans ce premier épisode de La 25e Heure, nous n’en sommes encore qu’aux prémices de cette uchronie à venir, un lieu où le Paris réel résiste encore aux assauts de mon imagination, et où le Café mécanique de Méliès fait figure de poste avancé. Et pour moi, en effet, le Paris de cette fin de XIXe vaut toutes les places du monde pour mener un récit où la science et l’ésotérisme se rejoignent. Et puis n’oublions pas que l’Exposition universelle de 1889 a fait de Paris la capitale du monde durant près d’un an !
 
ActuSF : L’auteur que tu es accepte-t-il de nous parler de la splendide couverture de ton œuvre, ainsi que de son habillage qui contribue énormément à son charme ?
 
Feldrik Rivat : J’ai eu la grande joie de voir Élian Black’Mor et Carine M. travailler sur ce projet, et hisser cette couverture à la hauteur d’une affiche de cinéma de la Hammer ! Il y aurait beaucoup à dire sur l’importance d’une couverture tant elle se retrouve vite au centre de tous les enjeux, un long discours qui se résume très bien ici en un grand merci à ces deux talents !
 
 
ActuSF : En t’inspirant de l’écriture de ton roman, quels conseils d’écriture donnerais-tu à un aspirant écrivain ?
 
Feldrik Rivat : C’est une vache de question, tant je pense sincèrement que ces conseils doivent être fonction de la personne qui les reçoit. Il y a mille manières d’écrire ! Et les constantes font vite office de poncifs : il faut du temps, de la persévérance, et des idées claires. Après, pour ma part, je vois un texte comme de la matière première, un gros bloc de glaise qu’il faut vite dégrossir par un premier jet, avant de venir le retravailler, l’affiner, et le laisser prendre vie. C’est un travail infernal et à jamais inachevé. 
 
Pour La 25e Heure, je me suis astreint à des journées de treize heures. J’ai dressé plusieurs listes : les lieux que je voulais traverser, les personnalités historiques, les inventions du XIXe. Puis j’ai tracé un chemin de fer détaillé que j’ai découpé en scènes. Ensuite je me suis lancé dans l’écriture : pour moi, le plus gros du travail est déjà derrière, le reste n’est que question de temps. Le résultat est un premier jet que je reprends encore et encore, jusqu’à voir ma pensée prendre systématiquement le même chemin entre deux relectures, et juger alors le résultat stable. 
 
Vient ensuite le travail éditorial… Un joker que l’aspirant écrivain ne peut pas sortir de sa manche ! 
 
Un vrai conseil : écrivez des nouvelles ! C’est l’exercice le plus formateur de tous, et le meilleur moyen de gagner quelque expérience du monde éditorial. 
 
ActuSF : Qu’est-ce qui t’a donné envie d’en faire une série ? Qu’est-ce qui t’attire dans ce genre d’exercice littéraire ? 
 
Feldrik Rivat : Après Les Kerns de l’Oubli, je m’étais juré de ne plus écrire de sagas. Faire suivre un récit sur plusieurs tomes est un tour de force : il faut sans cesse avoir en tête la totalité de la trame pour en garantir la cohérence, de quoi devenir fou ! Mais l’idée de base était ici trop croustillante pour être réduite à un simple volume. Le grand avantage de la série, c’est de pouvoir construire comme une caisse de résonance autour du récit, en plus de se donner le temps de développer un univers. Je pense planter quelques épisodes pour entrer de plain-pied dans mon uchronie, partir sur d’autres projets qu’il me tarde de mener, et revenir une fois de temps en temps par ici au gré de mes envies, avec des enquêtes ou des aventures indépendantes pour ne pas prendre le lecteur en otage. 
 
ActuSF : Y a-t-il un moyen de te suivre au quotidien ? Peux-tu nous parler de tes travaux en cours et à venir ? As-tu une punchline évocatrice à nous délivrer pour nous parler de la suite des enquêtes de Louis Bertillon ? Le mot de la fin t’appartient, fais-toi plaisir ! 
 
Feldrik Rivat : J’ai déserté les réseaux sociaux, alors pour me suivre, un lien : kerns.fr ! Je suis très présent en dédicaces et en salons, ce qui participe activement à faire connaître mon travail. Pour la suite ? Je travaille sur Le Chrysanthème noir… le second opus de La 25e Heure. Il s’agit ici de lever le voile sur quelques mystères ! Une phrase-choc ? Eh bien sachez que Louis Bertillon ne fait pas rédiger ses mémoires sans de bonnes raisons ! 
 
En mot de la fin, je n’oublierai pas de remercier les éditions de l’Homme Sans Nom et son éditeur, Dimitri Pawlowski, sans qui l’aventure n’aurait pas toutes ces saveurs ! Il est important de toujours rappeler que les petits éditeurs jouent un rôle majeur pour porter la création, et donner aux jeunes pousses la promesse d’un lendemain !
 
Le moment est venu de me retirer…
 
Merci à vous pour ces questions, et à bientôt !
 

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