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Interview 2017 : Thomas Bauduret et Christophe Thill pour les éditions Malpertuis
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Interview 2017 : Thomas Bauduret et Christophe Thill pour les éditions Malpertuis

Les éditions Malpertuis ont dix ans Pouvez-vous d’abord nous dire comment tout a commencé s’il vous plait ? Quelles sont les personnes à l’origine de la maison d’édition ? 
 
C'est l'histoire de deux amis qui avaient des projets à réaliser. Pour l'un : publier sa traduction française du Roi en jaune de Robert W. Chambers. Pour l'autre : mettre sur pied une anthologie fantastique annuelle. Et pour ça, une seule solution semblait se présenter : créer notre propre maison d'édition. Alors on l'a fait.
 
Plus de dix ans plus tard, ça continue. Le Roi en jaune, après un coup de vent en poupe bienvenu, apporté par la série télé True Detective, est aujourd'hui notre titre le plus vendu (le cap des 1 000 exemplaires a été dépassé il y a un moment déjà, et c'est sans compter avec la reprise du texte dans l'édition du Livre de Poche).
 
L'anthologie Malpertuis se porte toujours bien : chaque édition suscite maintenant 150 à 200 soumissions de nouvelles, ce qui donne largement assez de marge pour se permettre d'être sélectifs. Il se murmure même, paraît-il, que se retrouver dans ses pages est une chose assez enviée...
 
 
Malpertuis est spécialisée dans la littérature fantastique classique et moderne. Pourquoi cette ligne éditoriale très spécialisée dès le départ ? Parce que le fantastique est peu représenté en France ? 
 
En tout cas, il l’était quand nous avons commencé. Le mot de fantastique semblait tabou, peut-être associé à des auteurs et à des œuvres déjà anciennes, à des moments où la SF, puis la fantasy, occupaient le devant de la scène. Pour nous, le raisonnement était qu’il y avait une grosse poignée de gens encore intéressés par le genre (dont nous-mêmes !), et qu'ils avaient le droit d’avoir de quoi lire. Bien sûr, ensuite, ça a fait bizarre de voir le mot en F jadis tabou s’afficher dans les têtes de gondole !
 
Quel bilan tirez vous de ces dix années ? En termes d’ouvrages publiés, de projets menés…
 
Eh bien, Malpertuis est toujours là. C’est peu de choses, mais malheureusement, tout le monde ne peut pas en dire autant. Et nous avons un lectorat petit mais fidèle, ce qui fait toujours plaisir. Nous avons aussi la fierté d'avoir publié de très bons auteurs, et peut-être même aidé quelques carrières prometteuses à se lancer. Bien sûr nous sommes un peu handicapés, pour cela, par des capacités promotionnelles assez limitées. Difficile pour un petit éditeur de donner à des jeunes auteurs peu connus, même si bourrés de talent, la visibilité qu'ils méritent. Disons qu'on fait ce qu'on peut... Et le fait que certains, malgré ça, reviennent vers nous, doit quand même vouloir dire quelque chose.
 
 
Comment voyez-vous l’évolution de l’édition de l’imaginaire en France depuis la création de Malpertuis ? Cela a eu des effets sur la maison d’édition ? 
 
Le fantastique s’est trouvé propulsé en avant, avec l’essentiel des littératures de l’imaginaire, surtout dans des collections non spécialisées (après tout, Les Brillants, le titre phare de l’anniversaire de la Série noire, est de la SF…). Son succès en littérature jeunesse en a certainement intéressé plus d’un. Maintenant, on serait plutôt dans le creux de la vague, mais si les ventes baissent, on ne peut dire que Malpertuis ait été impacté, puisque nous sommes une niche et qu'on ne peut pas vraiment s'attendre à finir en tête de gondole. La rançon de l’indépendance, peut-être. Si quelque chose nous plaît, on le publie. C’est notre règle depuis le début, et elle n’a pas changé.
 
 
 
 
Vous êtes maintenant connus pour publier des anthologies de nouvelles. Mais on a vu des changements avec une place grandissante des romans, l’arrivée de publications jeunesses… C’était prévu dès le départ ?  
 
Rien n’était prévu dès le départ, puisque nous avons commencé en vrais « professionnels de l'amateurisme » — et fiers de l’être. Les choses sont arrivées un peu par hasard. Sauf pour ce qui est de publier des romans : Malpertuis n’a jamais été un « éditeur de nouvelles », c’est juste que le fantastique est un genre qui, sauf exception, s’épanouit plutôt en format court. Pour la jeunesse, c’est juste parce qu’un auteur nous a proposé une série de romans qui nous a plu. Mais en général, on est catalogué dès son premier titre : si celui-ci avait été un roman, peut-être qu’on ne nous aurait jamais proposé une seule nouvelle… Et pourtant, on adorerait publier un bon gros thriller horrifique comme le Miroir du damné de Lyvins et Leblanc !
 
 
 
Dans les évolutions récentes, vous vous êtes lancés dans la numérique depuis mai dernier. Est-ce que l’on va voir arriver tous les titres du catalogue Malpertuis sur nos liseuses ? 
 
C'est le but. La première difficulté en la matière est de se créer un gabarit, avec une feuille de styles ; ça, c'est fait. La deuxième, ce sont les couvertures. Nous avons fait le choix de créer des couvertures différentes des éditions papier, sans reprendre leurs belles illustrations couleurs (puisqu'on est dans un univers dominé par le noir et blanc). Quelques titres ont déjà été lancés en numérique parmi les plus récents. L'idée est de remonter graduellement le catalogue en reprenant peu à peu les plus anciens. Il faudra un peu de patience, mais ça viendra !
 
 
 
Quel vont être maintenant les projets pour les dix prochaines années ?
 
Nous avons en stock quelques bons titres à publier. L’antho Malpertuis, bien sûr, continue : l'appel à texte de son numéro 9 court jusqu'à fin 2017, pour une parution en mai (après quoi, bien sûr, on passera au 10). On espère continuer à découvrir des gens de talent (auteurs et illustrateurs), à avoir des coups de cœur, et puis peut-être, avoir un petit peu plus d'écho qu'aujourd'hui. 
 
Pour le reste... qui de nos jours peut dire où il en sera dans dix ans ?
 
 
 

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