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Interview de Jean Pierre Pécau
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Interview de Jean Pierre Pécau

ActuSF : Comment avez-vous rencontré la BD ?
Jean-Pierre Pécau : En fait mon premier souvenir de BD c'est Tintin. J'avais huit ans. Mais le premier vrai choc, c'est Hugo Pratt dans Pif Gadget avec l'arrivée de La Balade de la mer salée. Le trait n'avait rien à voir avec ce qui se faisait dans les pages du journal. Et moi je faisais partie des quelques-uns qui trouvaient ça génial. Y'a un vrai choc graphique. Après, y'a Jacobs...

ActuSF : C'est le déclic qui vous fait dire "je veux faire de la BD" ?
Jean-Pierre Pécau : Absolument pas. Il se passe ensuite 25 ans ou je suis lecteur de Bd mais sans avoir l'idée d'en faire moi-même. Et puis par hasard, je rencontre un dessinateur à propos d'un projet cinématographique. Et puis lui connaisant les éditions Delcourt, il me propose de faire de notre projet une bande dessinée. Et ça devient Zentak. On le présente à Delcourt mais 15 jours plus tard le dessinateur part bosser dans le dessin animé. Moi j'étais déjà prêt à abandonner quand l'éditeur me propose de rencontrer Vatine et Blanchard qui allaient monter le Label Série B. Et ils me disent "ca tombe bien, on a un bon dessinateur qui a une idée qui s'appelle Nash mais il nous manque un scénariste. Est-ce que tu veux travailler dessus ?". J'accepte et ça commence comme ça.

ActuSF : Avant il y a eu du jeux de rôle. Est-ce que ça veux dire que vous avez toujours aimé raconter des histoires ?
Jean-Pierre Pécau : Oui. Si on veut chercher un fil conducteur, c'est celui là. Depuis quasiment la petite enfance, j'ai l'idée de raconter des histoires dans pleins de médias différents : le jeux de rôle, la BD, le cinéma...

ActuSF : C'est une vrai école d'écriture le jeux de rôle ?
Jean-Pierre Pécau : Je sais pas si c'est une vraie école. Moi j'ai commencé au tout début du jeux de rôle quand il est arrivé en France avec Casus Belli etc. On est à fin des années 70. Et aujourd'hui je me rends compte qu'il y a pas mal de scénaristes ou écrivains qui disent être passé par le jeux de rôle, c'est vrai. Donc une école je sais pas mais une vraie filiation pour certain, c'est net. Et puis c'est aussi une époque qui est marqué par la fin des journaux BD. Donc les jeunes scénaristes ne peuvent plus s'en servir pour faire leurs premières armes. Et donc ils se rabattent sur le jeux de rôle.

ActuSF : Et est-ce que pour vous, ça vous a apporter des atouts comme la construction d'un univers etc...
Jean-Pierre Pécau : Oui c'est vrai. Le jeux de rôle, le gros handicap que ça avait, c'est que l'on mettait en place un univers mais on ne montait pas une histoire avec les personnages. Donc j'ai rien appris sur le récit. Ca donne même de mauvaises habitudes : celles de privilégier un univers avec des personnages flottant alors qu'une bonne histoire c'est presque l'inverse.

ActuSF : Les jeux de rôle, Arcane, Nash... Tout ça tient des genres de l'imaginaire. Fantasy, science fiction etc. Est-ce que c'est un genre que vous aimez particulièrement ?
Jean-Pierre Pécau : Je suis un grand fantatique de science-fiction et de polar. Dès mon plus jeune âge, j'ai été plongé dans la SF et ce sont des univers qui me sont très proches. Et c'est ça que j'ai envie de faire.

ActuSF : Et qu'est-ce qui vous plait dans la SF, c'est le côté imaginaire où tout est possible ?
Jean-Pierre Pécau : Oui, ce qui me plait, c'est la prospective, l'imaginaire... le fait que c'est une fable souvent politique. On peut faire passer des "messages"... La SF a de tout temps donné un regard sur le monde. Elle n'eplique pas ce qui va se passer dans le futur. Elle explique ce qui se passe aujourd'hui. Et ça c'est interessant.

ActuSF : C'est ce que vous essayez de faire sur Nash...
Jean-Pierre Pécau : Oui tout à fait. C'est la démarche d'un auteur de SF. En tout cas c'est la mienne.

ActuSF : Vous le raconteur d'histoire, qu'est-ce qui vous plait dans la bande dessinée.
Jean-Pierre Pécau : C'est que c'est rapide à faire (rires). L'investissement n'est pas lourd. Pour le cinéma, ca coute très cher et c'est très long. Et ce que je trouve génial, c'est que le projet peut se monter vite. Ca ne coute pas cher de faire un album. Un projet, un scénariste, un dessinateur et en un an la BD est sortit et on passe à autre chose. Ca n'a pas l'investissement necessaire d'autres médias.

ActuSF : Et pourquoi pas des romans ou un retour au jeu de rôle ?
Jean-Pierre Pécau : Le jeu de rôle non. J'en ai fait le tour. Le roman c'est encore autre chose. Ca demande de savoir raconter une histoire et d'avoir un style. Chose que je n'ai absolument pas. Pour l'instant, je n'en ai ni l'envie ni je pense, la capacité.

ActuSF : Il y a 9 albums de Nash, il va y en avoir un dixième, vous vous êtes fixé une limite ?
Jean-Pierre Pécau : En fait, ça va se terminer au dixième. On a commencé à y travailler et il sortira sans doute fin 2006. Et après c'est fini !

ActuSF : Vous en avez terminé avec l'histoire ?
Jean-Pierre Pécau : C'est parce qu'on a terminé l'histoire et puis c'est parce qu'après dix ans, on a envie de faire autre chose. Surtout le dessinateur. Et puis un des gros défauts de la BD, c'est les séries qui n'en finissent pas. Commercialement c'est vendeur. Mais moi j'ai été souvent déçu par des séries qui au 7ème, 8ème ou 15ème albums baissaient de qualité alors que les auteurs continuaient pour gagner de l'argent. Quand une histoire est terminée, elle est terminée. Et là Nash, c'est fini.

ActuSF : Quels sont vos projets ?
Jean-Pierre Pécau : Il y a 7 albums qui vont sortir l'année prochaine et qui s'appelle L'Histoire secrète. C'est une espèce de Da vinci Code mais sur l'histoire des cartes. Ca va de la préhistoire quasiment jusqu'à la seconde guerre mondiale. Y'aura aussi une uchronie napoléonienne en BD. Et puis une autre sur le XXème siècle en partant de la question : "qu'est-ce qui se serait passé si la France avait repoussé les armées allemandes en 1940 ?". Et beaucoup d'autres projets...

ActuSF : Toujours de la SF et de l'Histoire...
Jean-Pierre Pécau : Oui c'est une tendance chez moi. Même Nash, j'ai tendance à l'interfacer avec l'Histoire. Mais bon même en Uchronie j'invente rien. J'ai des grands anciens comme K.Dick derrière moi. (rire)

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