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La guerre du Mein

Didier Graffet (Illustrateur de couverture), Thierry Arson (Traducteur), David Anthony Durham ( Auteur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 30/09/2008  -  livre
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La guerre du Mein

Né en 1969, David Anthony Durham est d’abord connu comme écrivain de romans historiques. Son premier roman, Gabriel’s story (1999), prend comme protagonistes les colons afro-américains, Walk through Darkness (2002), met en scène un esclave en fuite pendant la période qui précède la guerre de Sécession, et Pride of Carthage (2005) se concentre sur la guerre qui oppose Hannibal à l’Empire romain. Un auteur qui n’est pas débutant, ce qui peut expliquer la maîtrise de ce premier volume du cycle d’Acacia, La guerre du Mein, où on retrouve un souffle et un souci du détail propre aux grandes fresques historiques.
 
Un monde prospère…

L’empire Acacian domine le monde depuis maintenant de nombreuses générations. Le Roi Leodan a hérité des richesses acquises par ses ancêtres et tente de les conserver. Il vit entouré de ses enfants auxquels il cache une vérité bien sombre : la richesse de l’Empire se fonde sur le trafic de drogues et d’enfants.

Ce fragile équilibre est bouleversé quand un assassin Mein, une peuplade du nord, parvient à poignarder le Roi. Ce dernier, avant de mourir, parvient à envoyer ses enfants dans différentes parties du monde, où ils pourront faire leur apprentissage de la vie et décider de leur destin.

…aux nombreuses intrigues

L’auteur choisit de nous décrire l’univers par les yeux de ses différents protagonistes : on a ainsi une vision globale et complexe du monde décrit, qui se dévoile au fur et à mesure sous nos yeux. Cette alternance des protagonistes permet à l’auteur des descriptions toutes en nuances, il parvient de cette façon à donner une vision complexe de son univers. Il évite ainsi le manichéisme propre à beaucoup de récits classiques de fantasy. Chaque personnage a ses motivations, un parcours propre qui les rendent profondément humains.

L’ouvrage ne se contente pas de décrire un monde sombre et violent, il propose également une intéressante réflexion sur le pouvoir et la relation à celui-ci, ainsi que sur l’intolérance et toutes les petites compromissions nécessaires à la vie en société. La prospérité de l’empire Acacian repose ainsi sur de profondes inégalités, et il est difficile de changer ce qui a mis des générations à se construire.

Si la fantasy est d’abord une littérature de divertissement, Durham montre avec ce roman que des livres ambitieux et pas tout à fait éloignés de la réalité qui est la nôtre sont aussi possibles, sans que le souffle de l’épopée et les destins grandioses en soient complètement absents. En effet, l’auteur ne se prive pas de souligner les travers de notre système financier et marchand, où le profit le désir de toujours plus de richesses et de pouvoir se font au détriment d’une société plus humaine.

Il faut souligner que les propos de l’auteur sont parfaitement cohérents avec son univers et ne tombent jamais dans la naïveté. C’est d’ailleurs l’une des forces de ce récit : il ne sombre jamais dans le manichéisme, l’auteur nous décrit un monde très humain où l’héroïsme a sa part mais reste instrumentalisé, et où des causes même justes peuvent toujours être détournées par des personnes mal intentionné.

A travers ce roman, l’auteur nous livre un récit épique dans un univers sombre, intéressant et réaliste : un monde tout en nuances, où l’idéalisme et l’héroïsme sont dominés par la traitrise et le calcul. Une œuvre mature en somme, d’excellente qualité, d’autant que ce premier volume du cycle se suffit à lui-même. Sans doute l’un des tous meilleurs romans de fantasy, en espérant que la suite du cycle soit au moins aussi palpitante !

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