Après s’être affirmé dans le monde de la BD fantasy avec les Chroniques de Magon et les Brumes d’Asceltys, Nicolas Jarry revient sur sa première trilogie : Les Chroniques d’un guerrier Sinâmm. Cette réédition a été entièrement retravaillée. Le cycle s'intitule dorénavant Les Chroniques du Loup de Deb et ne contient plus que deux tomes.

Un pochetron sympathique

Pour tout le monde Sire Asquin de Deb est une légende, un grand chevalier comme on n'en fait plus. Mais en vérité, il ressemble aujourd'hui plutôt à un vieux soulard. Il vit dans une retraite pleine de souvenirs dont le plus précieux joyau est sa cave bien garnie.

C'est alors qu'il fait la connaissance d'un jeune voleur des rues, Nambi Lavone, pour lequel il se prend rapidement d'amitié. Il décide de prendre le jeune homme sous son aile et de le sortir de la mendicité. Mais un soir, bien trop arrosé, il vide ses trois inestimables et rarissimes bouteilles de Saint-de-Trois. Au comble de la colère, une seule décision s’impose, le chevalier partira dans une ultime quête accompagné de Nambi et son compagnon Donosson, à la recherche de trois bouteilles identiques.

Humour et dérision

Nicolas Jarry avec Le Loup de Deb réussit à créer un héros fort et attachant. Sire Asquin est un concentré de nostalgie, d’ironie et de dérision. Ce héros est passablement amoché par ses aventures qui l’ont transformé en chevalier solitaire sur le déclin, seul avec ses bouteilles, et qui, dans une bouffée d’orgueil décide de se lancer un nouveau défi. Prisonnier de sa légende, il vit dans la mélancolie et la peur de ne pas connaître une fin à sa mesure et c’est cette angoisse qui guide ses choix. L’auteur réussit un mélange bien dosé entre présent et souvenirs qui ponctuent cette quête.

 

Cependant, de temps à autres, le style de Nicolas Jarry se fait un peu tâtonnant pour créer les atmosphères de ce roman. Du coup, quelques longueurs qui contrastent avec certains passages très rapides que l’on aurait aimés moins expédiés.

 

Mais en définitive, on est complètement séduit par les personnages et par cette quête entre fuite et absurde. Le monde qu’il crée est emprunt d’une vraie violence et d’une dureté qui font ressortir le côté impitoyable du chevalier mais donnent aussi du relief aux personnalités. On évite les archétypes et on obtient des personnages compliqués et charismatiques.