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Bison Ravi et le scorpion rouge

François Darnaudet ( Auteur), C. Rabier (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 30/04/2009  -  livre
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Bison Ravi et le scorpion rouge

François Darnaudet, né à Auch en 1959 et ingénieur de formation, est un écrivain français inclassable, qui oscille entre différents genres : polar, historique, fantastique et science-fiction (Le Poulpe : Boris au pays des vermeil, Custer et moi, Les Dieux de Cluny, Le Papyrus de Venise), mais toujours sous un angle décalé, et inspiré de nombreux auteurs de la littérature populaire. Grand admirateur de Boris Vian, il a choisi de raviver son souvenir, à l'occasion de l'anniversaire de sa disparition, il y a de cela cinquante ans.

Le scorpion à deux têtes

Trois gros bras déboulent chez Julien Gras, bouquiniste et romancier à ses heures, et lui demandent l'impossible, sous peine de représailles : se procurer d'ici quarante-huit heures un ouvrage inédit signé Boris Vian – alias Bison Ravi –, Les Casseurs de Colombes, qui aurait dû paraître aux éditions du Scorpion en 1950. Non seulement il doit retrouver ce roman jamais terminé, mais il lui faut également en rapporter un exemplaire dédicacé aux noms des trois acolytes ! Là-dessus, François, un de ses clients réguliers, le charge quant à lui de retrouver un inédit de Jean Fortin, La Ville fermée, paru aux mêmes éditions. Julien Gras se lance donc dans un jeu de piste cocasse, qui le mènera de coïncidence en coïncidence, du XIe arrondissement parisien à Bordeaux, jusqu'à la Fondation Boris Vian de Eus dans les Pyrénées orientales.

Un multiple hommage littéraire

François Darnaudet nous livre un hommage total. Il ne s'agit pas vraiment d'un roman, mais plutôt d'un panégyrique dédié à l'homme aux multiples facettes, tout à la fois romancier, poète, traducteur, musicien de jazz, auteur de chansons, chroniqueur, ingénieur et amoureux des mots.
Mais au-delà de Boris Vian, Bison Ravi et le scorpion rouge est un texte construit sur des références, omniprésentes tout au long de ses pages. Un texte bien sûr à la mémoire des éditions du Scorpion, aujourd'hui disparues. À souligner, la sympathique couverture du livre reproduisant l'esthétique noir et rouge de l'époque, modernisée cependant.
Le lecteur plonge donc au cœur d'un hymne au roman noir, genre littéraire qui nous est venu des Etats-Unis et que Boris Vian a largement contribué à diffuser en France, de par ses traductions comme avec ses romans publiés sous le pseudonyme de Vernon Sullivan (qui n’a jamais lu ou entendu parler de J’irai cracher sur vos tombes ?).
Ce sont donc les écrivains qui sont les véritables héros de cette quête littéraire. Raymond Queneau par exemple, ami de Boris Vian, qui a contribué en son temps à redéfinir la littérature française ; les auteurs bordelais de naissance ou de cœur : Jean Forton bien sûr, Raymond Guérin, Jean Anouilh, Francis Valéry... et « son altesse culbénissime » François Mauriac, vous l'aurez compris assez chahuté ici.

Un jeu sur les doubles et les parallèles

François Darnaudet (« l'anar-Naudet ») s'intéresse aux doubles-jeux et doubles-je, aux pseudos et autres noms d'emprunt, ce qu'affectionnait Boris Vian : Vernon Sullivan et Bison Ravi pour Boris Vian bien sûr, Sally Mara pour Raymond Queneau, le héros fictif du roman s'appelle Julien Gras (pour Julien Gracq) etc. Les parallèles constituent également une thématique privilégiée de l'auteur : Boris Vian et Jean Fortin, on le découvre au fil des pages, ont eu un destin assez similaire.

Un travail d'écriture minutieux

Bison Ravi et le scorpion rouge est un texte très travaillé et érudit, qui foisonne de références, presque à chaque phrase. Le style est très ouvragé, toujours dans la perspective d'un hommage littéraire. Ainsi, François Darnaudet fait parfois un clin d'œil aux maîtres : « L'affreux téléphone me sonneperça les oreilles », où chacun reconnaîtra la touche vianesque, ou encore « Je me gondolais tout seul, attirant l'ire de mes voisins tgvistes », qui n'aurait pas juré dans une œuvre de Raymond Queneau. De plus, François Darnaudet possède également son propre « langage-univers ». Son récit est très dense et donne envie de se replonger dans les textes cités, d'aller mener sa propre enquête littéraire.

Une publication pour amateurs éclairés

Cet ovni littéraire est donc à conseiller presque exclusivement aux fervents lecteurs de Bison Ravi, ne serait-ce que pour en apprécier toutes les références. Les autres pourront être quelque peu décontenancés, car il s'agit surtout d'un hommage fictionnel, mais pas vraiment d'un récit à suspense. Bison Ravi et le scorpion rouge est donc principalement destiné aux inconditionnels de Boris Vian, mais nous savons qu’ils sont nombreux.

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