
C'est tout simplement LA référence en fantasy. Il y a eu un avant et un après Seigneur des Anneaux. Écrite dans les années 50, la trilogie de Tolkien a atteint le sommet du genre avec une intrigue ambitieuse, un monde complet depuis son origine (avec sa mythologie, ses langues, ses cartes et les arbres généalogiques de ses héros), le tout sans oublier une intrigue dramatique et épique, mélangeant la fureur des champs de batailles aux tourments psychologiques de ses héros. Certains trouveront l'abondance de détails un rien rébarbative, notamment au début. Mais passé ce petit écueil, Tolkien nous offre une plongée sensationnelle dans un monde d'elfes, d'orcs, de nains, de hobbits et de dragons. Une richesse dont on ne se sépare qu'à regret en refermant le dernier tome. Pas étonnant que les trois films de Peter Jackson aient eu un tel succès...

En devenant la Main du roi (une sorte de premier ministre), Eddard Stark, fier et rude prince du nord, ne s'attendait pas à ce que la vie à la cour soit si compliquée. D'alliances en intrigues politiques, nombreux sont les clans qui souhaitent le faire tomber et le roi avec. Mélangeant les lignes de narrations et multipliant les personnages (on suit une bonne dizaine de héros), George R.R.Martin a mis au point une grande saga, faite essentiellement d'actions et de politique. C'est ambitieux et particulièrement réussit. De la fantasy de très haute qualité. A noter que le cycle est toujours en cours d'écriture.

Fitz, bâtard d'un prince, a une enfance plutôt compliquée. Rejeté par sa famille, il vit à la cour plutôt discrètement, ignoré de tous sauf du roi lui-même qui veut en faire un assassin. Commence pour lui un long chemin d'aventures et de passions, violent et dramatique, qui tiendra en haleine le lecteur sur une grosse douzaine de tomes (dans la version française). Voici un des grands succès de la fantasy de ces quinze dernières années. En tout cas c'est le cycle qui a apporté la notoriété de Robin Hobb. A noter que les éditions Soleil ont entamé une version BD du cycle dont le premier tome est sortie en septembre 2008.

Ils sont une poignée à défendre une forteresse. En face ils sont des milliers à vouloir le prendre. Et si ce dernier bastion tombe, c'est tout l'Empire qui se retrouvera sans défense face aux hordes nadirs. Le seul espoir des défenseurs s'appelle Druss, le capitaine à la hache, un vieux guerrier qui a encore un peu de fougue en réserve. Avec une intrigue simple au possible et calquée sur Fort Alamo, David Gemmell a su faire souffler un vent frais sur la fantasy. Avec lui on pose ses neurones et on se laisse embarquer dans cette histoire qui sent bon la testostérone et l'héroïsme. C'est simple et plutôt jouissif !

Pour se détendre et s'amuser, Fritz Leiber rêvait souvent qu'il retrouvait Fafhrd et le Souricier Gris dans une taverne et que ses deux amis imaginaires le régalaient de leurs aventures. Sept tomes plus tard et un succès planétaire, Le Cycle des Épées est devenu un passage obligé pour tous les amateurs de fantasy. Composé de nouvelles ou de roman, ce cycle est surtout une grande invitation au voyage à la découverte de contrées étranges et de dieux colériques, à la suite des deux compagnons, des guerriers tourmentées qu'une solide amitié unis jusqu'à la fin.

Il est albinos et pour survivre il a besoin de son épée magique Strombringer, qui lui donne de la force en échange des âmes des hommes qu'il tue avec elle. Avec Elric, bienvenu dans la galerie des personnages tourmentés. Se baladant dans un monde en pleine déliquescence, le guerrier albinos est l'anti-héros par excellence, souvent incapable de contrôler son destin, baladé suivant les humeurs capricieuses des princes de l'ordre ou du chaos. Si les intrigues sont un rien faciles et simplistes, la force des images dépeintes par Moorcock et la beauté du désespoir de son héros ont marqué des générations de lecteurs.

Pern est une petite planète colonisée par les hommes qui au fil des siècles sont revenus à une sorte de moyen-âge. Leur principal péril se résume dans "Les fils", des filaments brulant qui tombent à intervalles réguliers sur Pern. Heureusement, les chevaliers ont de superbes dragons pour aller les brûler en vol ! Classique, efficace et sans doute trop long, Pern fait partie de ces grandes sagas de fantasy des années 80-90. Elle a non seulement le mérite de l'ambition mais aussi celui d'avoir exploré à fond le thème des dragons, ce qui n'a quasiment plus été fait depuis...

Avec La Compagnie Noire, Gleen Cook a eu l'excellente idée de mettre en scène des personnages souvent ignorés : des mercenaires. Avec ce cycle, il raconte les aventures d'une petite troupe vendant ses services aux plus offrant, même si parfois, il faut bien l'avouer, un soupçon de doutes s'empare d'eux. Notamment lorsqu'il s'agit de servir la Dame et de ses Dix Asservis... La Compagnie Noire est souvent décrit comme un cycle plutôt sombre. Ses héros sont des durs à la conscience pas franchement claire. C'est sans doute ce qui les rends aussi attachant. D'autant que Gleen Cook a su éviter tout manichéisme. Un must !

Après tous ces héros musclés dont dépend en général le sort du monde et de l'univers (ou tout simplement la couronne du royaume), on se détend les zygomatiques en ouvrant les Annales du Disque Monde de Terry Pratchett. Un cycle qui à travers sa trentaine de volumes indépendants les uns des autres pastiche les poncifs de la fantasy tout en dénonçant les travers de notre société. Tout ça avec un humour qui tire souvent sur l'absurde, les premiers tomes mettant notamment en scène Rincevent, le mage le plus nul et le plus couard de toute la Fantasy. Un grand éclat de rire dans un genre qui se prend souvent au sérieux.

En se sauvant d'un hôpital psychiatrique après une sévère amnésie, Corwin redécouvre peu à peu qu'il est en réalité un des dix princes d'Ambre, un royaume magique et moyenâgeux. Le seul hic ce sont ses neuf frères qui ont envie de monter sur le trône. Une belle saga familiale entre intrigues et trahisons avec en prime un moyen de communication à distance et de déplacement : les cartes du tarot d'Ambre. Si les cinq premiers tomes ont un véritable souffle et sont passionnants au fur et à mesure que Corwin retrouve la mémoire, les cinq suivants tirent un peu à la ligne. Néanmoins, voici un cycle léger et coloré qu'on conseillera vivement (ses suites écrits par d'autres beaucoup moins). La grande oeuvre de Roger Zelazny.