- le  

1953-1970 - Le Chemin de la Nuit

Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/12/2004  -  livre
voir l'oeuvre
Commenter

1953-1970 - Le Chemin de la Nuit

Ne s'échine-t-on pas à vous le répéter, que Robert Silverberg est, sans l'ombre d'une contestation, l'un des plus grands auteurs de science-fiction des ces 50 dernières années ? Ne nous l'avons-vous pas redit à chaque fois que l'occasion nous a été donnée de le faire ? N'avons-nous pas déjà insisté longuement sur le brillant novelliste qu'il est ? Les Chemins de la Nuit va clore une bonne fois pour toute le débat. Robert Silverberg est un auteur indispensable ! Point, barre !

Il est vrai, que le présent recueil ne pouvait guère nous réserver de mauvaises surprises. L'amitié qui liait Jacques Chambon, le directeur de la collection Imagine chez Flammarion lors de la première édition, à Robert Silverberg, et la volonté de se faire plaisir de deux hommes qui, au fond, n'ont plus grand chose à prouver, n'augurait que du bon. C'est plus que ça ! De l'excellentissime !

Deux recueils en un.

Le présent volume rassemble en fait deux anthologies (The Road To Nightfall et Ringing The Changes) qui datent du milieu des années 90. Et tout comme son camarade Harlan Ellison avec La Machine aux Yeux Bleus pour cette même collection, Robert Silverberg y est allé de sa petite plume pour nous présenter chacune de ces, tenez-vous bien, 41 nouvelles, qui couvrent sa période la plus prolifique. Avec la désinvolture et parfois même la forfanterie un brin cynique qui le caractérise, il nous ramène en 1953, au début d'une carrière enfiévrée, toute cliquetante du son de sa vieille machine à écrire. A l'époque, jeune étudiant new-yorkais et fan de S-F, Silverberg devient un mercenaire de l'édition, capable en une semaine de pondre jusqu'à quatre nouvelles. Beaucoup sont des commandes, afin de finir de combler une maquette, ou bien pour justifier une illustration de couverture achetée à l'avance. Machine fiable et rentable, il devient vite un joker incontournable pour les rédacteurs en chef des revues spécialisées. A telle enseigne qu'il commence à travailler sous plusieurs pseudonymes, afin de ne pas trop galvauder son nom. De cette époque il a choisi de présenter ici une vingtaine de textes, pour la plupart inédits, ou très difficilement trouvables aujourd'hui. Ils justifient d'un réel compagnonnage. L'homme fait ses armes d'écrivain, et la présentation résolument chronologique de l'anthologie nous rend une image fascinante du processus créatif. Silverberg se replace systématiquement dans le contexte éditorial de l'époque. De votre côté, en vous donnant la peine de mettre en parallèle la production de ses textes avec l'histoire culturelle du moment, vous obtenez une série d'instantanés précieux de l'évolution de la S-F entre 1950 et 1970.

La deuxième partie de ce premier volume n'est pas moins intéressante, loin s'en faut. Elle correspond bel et bien à l'émergence d'un grand auteur. Silverberg, sous l'impulsion de Frederik Pohl, prend de l'assurance et s'aventure à partir de la seconde moitié des années 60, sur des thèmes plus originaux. En résulte une série de nouvelles plus personnelles, plus léchées et qui abordent plus franchement les grands thèmes qui réapparaîtront plus tard dans ses romans. Là encore il s'agit pour la plupart de textes qui n'avaient pas été réédités depuis près de vingt ans. Ce qui fait de cette anthologie un recueil précieux, presque un incunable de la S-F moderne.

De la gourmandise on vous dit !

J'ai parfois tendance à voir la nouvelle, comme une délicieuse friandise. Vous savez, un gâteau très bon et très cher que l'on se paierait comme ça, en se disant : "Après tout, on est pas là pour s'emmerder, non ?". Et bien là, offrez-vous donc une orgie de douceurs, gavez-vous jusqu'à plus faim d'exquises gourmandises. Le Chemin de la Nuit est un énorme paquet de bonbons, qu'on picore sans pouvoir s'arrêter, tout simplement parce que l'on a plus la volonté de le reposer. On se dit : "Bon allez, c'est la dernière, et après on va se coucher !", et finalement on commence la suivante en disant "Bon allez, cette fois c'est vraiment la dernière !"

Si les tomes suivants tiennent les promesses que laisse augurer celui-ci, nous allons, n'ayons pas peur des mots, nous retrouver avec le meilleur rapport qualité-poids depuis la Bible.

Genres / Mots-clés

Partager cet article

Qu'en pensez-vous ?