Écrit en 1949 par le Britannique George Orwell, 1984, roman depuis lors devenu culte, a récemment pris la tête des ventes de livres en Russie.
Chose assez peu étonnante tant son intrigue résonne avec le régime autoritaire de Vladimir Poutine et la guerre en Ukraine.
Selon The Times, l'ouvrage, interdit en Russie jusqu’en 1987, est désormais devenu « la fiction la plus téléchargée du pays cette année sur le site spécialisé de vente en ligne russe LitRes ».
Pour expliquer ce phénomène, Carole Grimaud, fondatrice du groupe de réflexion Center for Russia and Eastern Europe Research (CREER), retrace les parallèles entre la dystopie d'Orwell et la situation actuelle en Russie, avec entre autres l’éradication méticuleuse par Vladimir Poutine de toute forme d’opposition politique, la disparition croissante de médias critiques dans la sphère publique ou encore une appropriation toute particulière du concept de « novlangue » par le pouvoir en place (tel le mot "guerre" interdit pour parler du conflit en Ukraine).
Mais si 1984 résonne avec l'état actuel de la Russie, il interroge également sur son futur. Pour Carole Grimaud, 1984 reflète également cette question : « Où va-t-elle avec autant de restrictions, avec ce contrôle de l’État qui se renforce de jour en jour, des journaux supprimés ou qui cessent de publier, les arrestations, les nouvelles lois pour toute la population ? ».
Enfin, cet engouement pour 1984 peut également s'expliquer sur le rapport au passé, désormais biaisé entre autres par la réécriture des manuels scolaires, que permet aux russes "de dépasser les livres d’histoire russes, et d’aller au plus près de la réalité."