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3 raisons de lire, relire et rerelire Stand Still & Stay Silent
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3 raisons de lire, relire et rerelire Stand Still & Stay Silent

En ce jour d’hiver, découvrez nos trois raisons de lire la série de bande-dessinée Stand Still & Stay Silent de Minna Sundberg, traduite par Diane Ranville, parue aux éditions Akileos, un éditeur de BD indépendante !

La série est à ce jour composée de trois tomes, dont le plus récent est sorti en novembre 2020. À l’origine, c’est un webcomics créé par l’illustratrice et dessinatrice Minna Sundberg en langue anglaise et finnoise. Née en 1990 en Suède, elle est finlandaise et parle le finnois et le suédois. Diplômée d’une licence en Art et Design de l’Université d’Helsinki, elle se lance en 2011 dans la publication de son premier comics en ligne : Un Rêve de renard (également paru chez Akileos, en 2019), une fresque explorant la légende finlandaise de Tunoela, le monde des morts, et celle de ce qui se nomme la voie des oiseaux, aka le monde des rêves. Réalisé pendant ses études, elle considère ce webcomics comme un exercice avant de commencer le projet de ses rêves : Stand Still & Stay Silent. Et elle a eu raison, puisque dès 2015, la série remporte le Reuben Award dans la catégorie « meilleur long-webcomics » !

L’histoire se passe quelques décennies après l’apocalypse : un virus mystérieux et incurable a ravagé le monde entier, seule l’Islande, et quelques villes de Norvège, de Suède de Finlande et du Danemark sont encore des endroits sûrs. Le reste du monde est appelé le Monde du Silence, car plus rien à part les monstres mutants n’y vit, et que le moindre bruit peut vous y être fatal, d’où la belle allitération du titre qu’on peut traduire par « Ne bouge pas et reste silencieux ». Pour défendre les campements contre de possibles attaques, des mages et des chasseurs éclaireurs veillent, ainsi que les chats, sentinelles entraînées ! Jusqu’ici, personne n’avait jamais tenté d’excursion en territoire inconnu, mais une équipe de scientifiques s’intéresse aux vestiges de l’ancien monde, et décide d’envoyer une équipée de choc en exploration : Sigrun, la capitaine chasseuse au mauvais caractère, Mikkel, le taciturne cuisinier, médecin et homme à tout faire, Emil, le fils de bonne famille récemment intégré dans l’armée, Tuuri, jeune mécanicienne optimiste et navigatrice à ses heures perdues, et Lalli, le mage antisocial éclaireur. Et peut-être un ou deux passagers clandestins. Un équipage des plus qualifiés … ou pas.

Quels dangers devront affronter nos héros ? Et que découvriront-ils là-bas ?

Un monde post-apocalyptique à la beauté horrifique

Si pour Un Rêve de Renard l’artiste travaillait sur papier pour l’encrage et la colorisation, et n’utilisait le digital que pour finaliser les couleurs, pour SSSS elle n’utilise que le numérique. Et pourtant le style de Minna Sundberg nous immerge immédiatement dans un monde aux allures d’aquarelles, qui plongent dans une ambiance hivernale et projettent sous nos yeux des paysages magnifiques. Plaines brumeuses, forêts glacées, ou villes en ruines englouties par une neige immaculée, on a envie de les visiter et d’écouter les histoires et légendes de la mythologie scandinave !

Enfin..., jusqu’au moment où surgit le premier troll, l’une des espèces des monstres mutants qui peuplent ce monde silencieux. On comprend alors que l’ambiance sera tendue ! Chaque détail peut cacher la silhouette dérangeante d’une créature mutée, chaque bâtiment peut se transformer en piège mortel, chaque affrontement peut tourner au cauchemar et l’on craint à chaque instant pour nos jeunes aventuriers, pas tous immunisés au virus. Qu’est d’ailleurs ce virus ? Que sont les trolls et pourquoi ont-ils ce comportement étrange et cette attirance vers les survivants ?

Des personnages attachants et mal barrés

Grâce à une narration bien construite on est progressivement introduits à plusieurs personnages, cela nous permet d’apprendre à les connaître individuellement, pour voir ensuite leurs liens se développer lorsqu’ils apprennent à se connaître entre eux. Lalli et Tuuri sont cousins, la jeune femme est la seule à pouvoir communiquer avec le mage dans sa langue natale, que seuls eux deux maîtrisent. En effet les personnages ne parlent pas tous la même langue, originaires des différents pays scandinaves, ils ont parfois du mal à communiquer et doivent trouver d’autres moyens de le faire que par la parole. C’est de là aussi que naissent leurs amitiés, dans leurs actes plutôt que leurs mots. Leur incapacité à se comprendre, ou même à accomplir leur mission, apporte pas mal d’humour ! Initialement ils doivent ramener des livres, mais aucun d’entre eux ne sait lire la langue de l’ancien monde… Que vont-ils bien rapporter ? Vont-ils déjà pouvoir rentrer chez eux ? On se demande à chaque page si notre équipe de bras cassés reviendra de son excursion indemne ! Mais on les aime : ils sont jeunes, parfois insouciants, inexpérimentés, certains très innocents ! Tous ont une personnalité très différente, et cela est parfois une gêne, mais souvent un atout.

Une réflexion profonde sur l’humanité et le vivre ensemble

À travers les relations entre ses personnages et un monde qui a peu d’espoir, SSSS exprime surtout une envie de voir le monde tendre vers la bienveillance et la compréhension de l’autre. Il suffit à l’autrice d’une case pour nous faire ressentir une émotion, même envers les monstres cauchemardesques qu’elle dépeint.

Le monde dans lequel évoluent les mages semble s’apparenter à celui du rêve, où voyagent les âmes, ou bien à l’au-delà, ou un plan secondaire entre la vie et la mort, que hantent les âmes en colère ou emplies de regrets, de haine, ou de souffrance. L’histoire vous mènera à une réflexion sur ces notions d’âme et de vie après la mort, qui est très présente dans le folklore scandinave.

On peut y voir aussi une revendication écologique, qui résonne très fort avec notre pandémie actuelle, on peut y entendre un message qui nous conseille de respecter l’autre et la nature, même si ce n’était pas forcément la volonté première de l’autrice. Elle montre en tout cas dans cette magnifique fresque colorée ce que signifie être humain, sans trop se prendre au sérieux, même au milieu d’un monde en ruine.

Mêlant poésie des légendes, magnificence graphique, humour et horreur, cette série est une perle d’originalité ! Le contraste entre le design adorable des animaux, la sympathie des personnages et l’angoisse de voir surgir de terrifiantes créatures dans l’angle bien caché d’une case, crée une atmosphère saisissante de laquelle on n’arrive plus à s’échapper. Et on n’a pas envie de s’en échapper !

N’hésitez donc pas à découvrir cette série aux éditions Akileos ! Nous on attend le tome 4 avec une grande impatience !

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