Longtemps Anne Robillard fut une écrivain sans éditeur. Né en 1955 au Québec, elle a pendant plusieurs années écrit en parallèle de son métier de secrétaire juridique. Des manuscrits qui étaient refusés par les éditeurs jusqu'au jour où en 2002 le premier tome de ce qui allait devenir Les Chevaliers d'Emeraude fut accepté par l'un d'eux. C'est le début d'un très beau succès des deux côtés de l'Atlantique, Michel Lafon lui proposant rapidement de la publier en France. Après douze tomes destinés à un public plutôt jeune, elle a commencé plusieurs séries dont A.N.G.E.  et Les Héritiers d'Enkidiev. 4h44 est le premier tome de sa dernière création : Les Ailes d'Alexanne.

Une jeune orpheline...

L'histoire d'Alexanne commence par un drame. Elle perd dans un accident de la route ses parents alors qu'elle est restée au domicile familial. Une catastrophe qu'elle a en plus vécue dans un rêve prémonitoire pendant ces heures funestes juste avant qu'on lui apprenne la terrible nouvelle.

Devenue orpheline, elle est confiée aux bons soins de sa tante qui vit reculée dans une grande maison à la campagne. Là elle découvre que non seulement elle a du sang de fée dans les veines, mais qu'en plus elle possède des pouvoirs et notamment celui de parler aux anges. Dans une sorte de cahier spécial, elle peut leur poser toute sorte de questions auxquelles ils répondent la nuit, souvent à 4h44, leur heure de prédilection...

A oublier.

Il est des succès que l'on a parfois du mal à comprendre. Ce livre en fait indéniablement partie. Anne Robillard décline une histoire qui semble rapidement assez classique, celle de l'orpheline qui découvre que l'histoire de sa famille est exceptionnelle et qu'elle même est un être doué de pouvoirs fabuleux.

Si la partition est plutôt connue, elle a ici le défaut de ne pas être très bien exécutée. Premier écueil, Alexanne oublie très très vite son chagrin et ses envies de rester dans la ville qu'elle connait pour embrasser sa nouvelle vie de jeune femme avec du sang de fée. La période de deuil est un peu courte pour être crédible. Même chose en ce qui concerne l'acceptation de son nouvel état et des mystères de sa famille. En quelques jours, elle se découvre des pouvoirs magiques, du sang de fées, l'existence des anges, des vies antérieures et des créatures aussi effrayantes qu'étonnantes, sans compter une histoire familiale complexe avec un nouvel oncle un peu bizarre. On aurait sans peine compris qu'elle ait un peu de mal à digérer toutes ces nouvelles...  Deuxième souci, et c'est sans doute le principal, l'absence total de dramaturgie. Le récit suit un fil linéaire sur lequel il n'y a que très peu d'épreuves et de suspens. Tout se fait d'une manière simple, facile, sans remise en cause et sans danger ou presque. Difficile dans ce cas d'accrocher véritablement à l'intrigue. On reprochera également à Anne Robillard de parfois trop en faire. Lorsqu'Alexanne rencontre un garçon (le premier qu'elle trouve), elle découvre aussitôt que c'est son âme soeur et qu'ils se retrouvent de réincarnation en réincarnation. Exit le flirt adolescent, c'est tout de suite du sérieux, du très sérieux. Si l'on ajoute un style assez plat, une trop forte présence de la religion et des excès de mièvrerie en permanence, 4h44 est un roman véritablement peu crédible, complètement indigeste et sans saveur. Passez votre chemin, vous gagnerez du temps.