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Contretremps

Jack Finney ( Auteur), Lionel Fourneaux (Illustrateur de couverture), Jérôme Verain (Traducteur)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/03/1988  -  livre
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Contretremps

Après avoir travaillé dans le domaine de la publicité, Jack Finney a professionnellement conjugué un intérêt marqué pour le passé avec la science fiction en écrivant des textes empreints de mélancolie. Il fut également l’auteur de quelques thrillers et certains de ses romans furent plusieurs fois adaptés pour le cinéma. Le plus connu, pourtant bien éloigné de ses thèmes de prédilection, reste L’invasion des profanateurs de sépultures (Invasion of the bodysnatchers), qui marqua plusieurs générations de cinéphiles. Le temps n’avait pas vraiment de prise sur lui puisqu’il termina la suite du Voyage de Simon Morley, son roman le plus abouti, juste avant de mourir à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.

 
Quand le futur est moins éclatant que le souvenir du passé…
 
Nous avons pris l’habitude de croire que le passé n’existe plus que dans nos mémoires, mais il est peut-être possible que celui-ci ne meure jamais vraiment. Si les souvenirs persistent, pourquoi la matière dont ils sont l’écho ne survivrait-elle pas, intacte, dans une région du temps qui recouvrirait parfois l’époque dans laquelle nous vivons ? « C’était mieux avant », « le bon vieux temps », « en des temps meilleurs », ce n’est certainement pas un hasard si les expressions qui glorifient un âge d’or fantasmatique sont nombreuses. Il est donc fort probable que l’invention du voyage temporel provoque des vagues d’émigration vers des siècles jugés plus accueillants. Les raison que l’on peut avoir de se soustraire au regard de nos contemporains peuvent par ailleurs se révéler des plus douteuses… Six nouvelles aux intrigues très habilement menées, beaucoup plus originales que l’on ne pourrait le croire de prime abord…
 
L’avenir du futur, c’est le passé.
 
Fortement liée à la conception du temps développée par Jack Finney, la nostalgie qui imprègne ses nouvelles ne possède rien de la douceur des souvenirs d’un passé heureux. Elle est au contraire imprégnée du parfum amer des pertes et des regrets. Le temps jadis, qui s’y trouve souvent magnifié, exprime une forme de révolte contre les excès de la modernité. Le présent est muet et c’est le passé lui-même qui manifeste parfois sa frustration de n’avoir su évoluer en direction des lendemains radieux dont il pensait avoir préparé l’avènement. L’auteur va même jusqu’à nier catégoriquement le futur, transmutant ainsi la régression temporelle en progrès nécessaire : pour aller de l’avant, il faut savoir reculer… Le changement et l’impermanence sont, de ce point de vue, menaçants. Dans l’univers tel que nous le présente Jack Finney, personne ne semble capable de faire le moindre pas en direction de l’inconnu. Tous se recroquevillent frileusement dans d’imaginaires et rassurants cocons d’où l’on ne ressort qu’après une évolution à rebours, une révolution qui ramène éternellement au même point de départ. On peut critiquer cette vision, la qualifier de réactionnaire, mais on peut cependant y reconnaître l'expression de craintes universelles. Pour cette raison, les nouvelles de Contretemps possèdent la faculté de nous émouvoir profondément en touchant nos propres contradictions.

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