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Dossier Bit Lit : l'interview d'Adrien Party
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Dossier Bit Lit : l'interview d'Adrien Party

Actusf : Qu’est-ce que la bit-lit ?
Adrien Party : La bit-lit est la rencontre de la romance à la Harlequin, à l’eau de rose pour les filles et de la littérature fantastique. On mêle le romantisme avec du fantastique.  La bit-lit vient des pays anglo-saxons et a connu un boom depuis les séries littéraires Harry Potter de Rowlings et de Twilight de Stéphenie Meyer. Pourtant la bit-lit n’est pas un phénomène récent. Certaines oeuvres qui ont donné naissance à la série True Blood datent de 1990. Il y a eu des précurseurs notamment la Communauté du Sud, La Vampire et la série Anita Blake. Mais ces oeuvres sont passées inaperçues.
 
Actusf : Pour quelles raisons ? Quel a été le déclencheur ?
Adrien Party : Il manquait un moteur pour que ces séries explosent. L’élément déclencheur a été selon moi Harry Potter car JK Rowlings a réussi à mélanger le réel et le fantastique. La série Buffy contre les vampires a particulièrement influencé le genre également. Elle cristallisait déjà une grande partie du fantastique. C’est cette notion romantique qui permet de faire rêver le lecteur à travers les formes dont le vampire est traité.
 
Actusf : Quels sont les ingrédients de la bit-lit ?
Adrien Party : Il s’agit toujours de personnages féminins qui ont une vie active, un métier. Les héroïnes sont soit des enquêtrices, des chasseuses de vampires ou bien elles sont elles-même mi-humaines mi-vampires. C’est cette dimension romance, Harlequin qui constitue l’essence de la bit-lit. Par ailleurs, les races cohabitent entre elles. Les vampires ont fait leur coming out et vivent dans le monde des humains, un monde très contemporain. Celà favorise l’identification puisque les auteurs situent le décor dans un référentiel qui correspond à celui du lectorat actuel. 
 
Actusf : Et côté éditeurs, qu’en est-il ?
Adrien Party : Des éditeurs ont en effet publié de plus en plus de bit-lit. Milady, J’ai lu avec la collection Darklight, Orbit, Eclipse. Le plus gros éditeur reste Bragelonne/Milady avec Anita Blake. Castlemore a créé une collection bit-lit pour les plus jeunes avec une dimension amoureuse et sexuelle plus légère que dans les oeuvres traditionnelles. Leurs couvertures reflètent d’ailleurs cette orientation jeunesse.
 
Actusf : Justement quel type de lecteurs s’intéresse à la bit-lit?
Adrien Party : Cela intéresse tout type de lecteur de la jeune fille de 14 ans aux jeunes adultes de 30 ans. Il faut reconnaitre toutefois qu’il s’agit d’un lectorat essentiellement féminin. Les lectrices qui ont aimé Twilight sont avides de nouveautés. La bit-lit couvre un domaine assez large de créatures du panthéon fantastique : les fées, les sorcières, les loups garous, mêlée à une dimension érotique.
 
Actusf : Quelles sont les caractéristiques du vampire de bit-lit?
Adrien Party : On assiste à une urbanisation du mythe. Les codes du vampire classique à la Bram Stoker qui vit dans un château en ruines sont balayés. Désormais le vampire vit en ville, trouve des moyens de se nourrir autrement. C’est le cas dans Twilight par exemple où Edward et les Cullen ne boivent pas de sang humain. Le vampire se confond à la société, il s’intègre et doit s’adapter. Certains ont même des professions. Le vampire renvoie donc une image beaucoup plus attirante, fascinante qu’effrayante. Le genre met en avant les points positifs et les pouvoirs des vampires. La bit-lit correspond à une évolution de la perception du vampire.
 
Actusf : Y a t-il des auteurs français de bit-lit ?
Adrien Party : La bit-lit française en est à ses balbutiements. Parmi les auteurs français figurent Fabien Clavel, avec le Miroir aux Vampires, Marie Thugelman aux éditions du Petit Cabou.
 
Actusf : S’agit-il pour vous d’un phénomène de mode ?
Adrien Party : Je pense qu’il s’agit en partie d’un phénomène de mode, il y a beaucoup trop de sorties sur le sujet, les lecteurs ne peuvent plus suivre. Cela devient un argument commercial. 

Propos recueillis par Chloé Chamouton

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