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Interview 2017 : Philippe Druillet pour l’exposition Explorations
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Interview 2017 : Philippe Druillet pour l’exposition Explorations

L'interview 
 
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Pour l’occasion, l’artiste a réalisé une cinquantaine de dessins à la mine de plomb dans lesquels apparaissent les personnages qui l’accompagnent depuis ses débuts. Sont également exposées plusieurs estampes numériques éditées par la galerie. Contre le gris de la mine de crayon éclatent aussi les images vives de grandes illustrations célébrant le journal Métal Hurlant. Des gerbes de couleurs qui ne laissent pas indemne la rétine, tout comme le mythique magazine l’a fait en son temps après avoir révolutionné l’univers de la BD. 
 
 
Une affaire de plaisir partagé
 
« Le vieux con continue à faire chier. » C’est avec son franc-parler et la langue gouailleuse qui fait son sel que Philippe Druillet a résumé la raison d’être de cette exposition. Pour lui, c’était une affaire de plaisir avant tout. « La mine de plomb c’est le truc le plus ancien du monde. On peut s’éclater, parce que c’est magnifique. » affirme-t-il. Coté sur le marché de l’art, Philippe Druillet a néanmoins toujours en mémoire ces jeunes années de collectionneur fauché. C’est donc avec le souci de rendre ses dessins accessibles qu’il les propose à tous les amoureux de son travail, y compris ceux qui n’auraient pas nécessairement une poule aux œufs d’or dans leur portefeuille.   
 
 
Explorer les frontières 
 
La thématique, « Explorations », renvoie à l’aventure épique de l’improvisation. S’il évoque la lutte qu’il faut souvent livrer pour mener un projet à bout, le dessinateur insiste aussi sur les vertus de l’interrogation et de l’étonnement qui surgissent du geste créateur : « C’est une aventure fabuleuse, parce que c’est de la partition musicale. Tu démarres le dessin avec une idée précise, et il se termine avec une autre. »
 
Ce goût pour l’exploration, Philippe Druillet l’a aussi dans le domaine artistique et technique. Il estime que les arts se nourrissent mutuellement et prend comme modèle la modernité du quattrocento et la virtuosité touche-à-tout de Léonard de Vinci et de Michel Ange. Adaptée du roman de Gustave Flaubert, la trilogie Salammbô témoigne de ce désir de faire dialoguer différents médiums, et la galerie a édité un ouvrage qui revient sur ce mariage entre littérature et bande dessinée. Intitulé Druillet — Flaubert, une rencontre, il invite dans les coulisses de la création en regroupant des interviews, des croquis inédits et des photographies tirées du livre de proche qui a servi à l’adaptation. 
 
 
Un humble héritier 
 
Interrogé sur sa place dans l’univers de la BD, Philippe Druillet déclare sans ambages : « On me fait l’honneur de me dire qu’il y a eu un avant Druillet et un après Druillet. Ça, on n’a en a rien à foutre. » « J’avais mon truc dans ma tête et je voyais les choses différemment. », déclare-t-il simplement au moment d’évoquer sa contribution à la bande dessinée. Contre les historiens, il rappelle qu’il est avant tout le fils de la tradition franco-belge : « Je suis un enfant d’Astérix. S’il n’y avait pas eu Astérix, il n’y aurait pas eu Druillet. » 
 
L’avenir promet d’autres voyages dantesques, puisque l’artiste s’attelle à l’œuvre magistrale de la Divine comédie du grand poète italien. « Donnez-nous vingt ans de plus. Pas plus. Pas vingt ans gâteux, vingt ans de créativité. », demande-t-il pour son art, après avoir évoqué le dur combat qui a été le sien pour le faire reconnaître au pays de Godart et de Proust.
 
Typhaine Charrat
 

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