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Interview 2018 : Patrick Moran pour la Crecerelle
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Interview 2018 : Patrick Moran pour la Crecerelle

Vous pouvez trouver un extrait de la Crecerelle ici

 Indés de l'imaginaire : Pourriez-vous vous présenter pour les lecteurs ?

Patrick Moran : Je suis né à Londres d’un père britannique et d’une mère française, mais nous ne sommes pas restés bien longtemps en Grande-Bretagne. Pendant mon enfance et mon adolescence nous avons vécu majoritairement en France, mais aussi en Californie et à Hong Kong ; à l’âge adulte j’ai aussi passé du temps au Canada (Ontario et Québec). J’en garde un goût pour les interférences culturelles, les zones-frontières et les identités compliquées, ce qui explique sans doute mon amour des très grandes métropoles et des villes- fouillis.

Mon goût pour la fantasy vient de Tolkien et des jeux de rôles ; mais je dirai que mes goûts actuels, depuis un certain temps, me portent plutôt du côté de la sword & sorcery des années 1930-1950 (Robert E. Howard, Clark Ashton Smith, Fritz Leiber) et de ses relectures ironiques dans la Grande-Bretagne des années 1960-1980 (Michael Moorcock, M. John Harrison). Quand je n’écris pas, j’écris encore, mais des choses moins digestes, puisque je suis universitaire et spécialiste de littérature médiévale. Je passe mon temps entre Montpellier et le Québec, parce que j’aime avoir une vie compliquée (on se donne un style comme on peut).

Indés de l'imaginaire :Pourriez-vous présenter votre roman ?

Patrick Moran : La Crécerelle, c’est l’histoire d’une femme prise au piège d’une relation toxique, et qui cherche par tous les moyens à s’en sortir. La Crécerelle est une tueuse et une mercenaire, qui erre de cité-État en cité-État en semant la destruction sur son passage. Femme du Sud exilée dans le Nord désertique et brûlant, elle suscite la peur par son emploi de la magie, art presque inconnu dans les terres septentrionales. Mais la Crécerelle ne verse pas le sang par plaisir : elle a conclu un pacte avec une entité malfaisante qui l’oblige à tuer, et cherche à tout prix le moyen de s’en tirer. Individualiste acharnée, elle ne compte reculer devant rien pour retrouver sa liberté, mais ses décisions vont l’entraîner dans une spirale qui va la confronter aux répercussions de ses actes, et dont elle ne pourra pas se sortir seule.

J’ai voulu écrire un roman de fantasy resserré : ni une somme, ni le premier tome d’un cycle, mais quelque chose de simple et de brutal, où les enjeux sont à la fois cosmiques et personnels.

 

Indés de l'imaginaire : Dites-m’en plus sur l’univers de La Crécerelle et sur vos influences :

Patrick Moran :L’univers du roman est un monde à la fois barbare et décadent, cynique et bariolé. J’ai souhaité que l’action et les personnages donnent forme au monde plutôt que l’inverse : le type de l’antihéros solitaire, en butte à un environnement et à une société hostiles, est particulièrement riche d’un point de vue narratif. Écrire ce roman a été pour moi l’occasion de réfléchir à la représentation des femmes dans la fantasy (et à ses limites), et de tenter, avec ce personnage et ses aventures, de proposer quelque chose d’un peu différent. Si je listais toutes mes influences, on tomberait assez vite en dehors du domaine de la fantasy : l’écriture spartiate et dure-à-cuire de Dashiell Hammett m’inspire toujours, de même que le style allusif et évocateur de William Gibson. Il y a plus qu’un peu de cyberpunk dans ce roman de fantasy, et globalement, j’ai souvent suivi des principes de SF plutôt que de fantasy en l’écrivant : la cosmologie et le système de magie du roman mêlent la théorie des cordes, le concept des mondes possibles, les thèses de Max Tegmark sur la nature mathématique de l’univers et un soupçon de Teilhard de Chardin. C’est un monde dans lequel il y a peu de place pour le flou de la féerie et du merveilleux, et où les lois de la nature peuvent être étudiées et comprises,même si elles sont à mille lieues des nôtres et que le prix à payer est terrible

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