Actusf : Comment est née l'idée de relancer Ténèbres pour un numéro spécial ?
Benoît Domis : Plusieurs facteurs ont joué. D'abord, le fait que d'anciens lecteurs (ou des nouveaux lecteurs qui ont acheté les anciens numéros par l'intermédiaire de Dreampress.com ) nous le demandent fréquemment (nous sommes aussi sensibles à la flatterie que n'importe qui d'autre...). Plus sérieusement, nous nous sommes aussi rendus compte que personne n'avait pris le relais. Les revues/anthologies de SF et de fantasy ne manquent pas, mais en fantastique, c'est le désert.
Enfin - et c'est la raison la plus importante - nous en avions bougrement envie ! Sans doute un virus qui traîne...
Actusf : Parlez-nous un peu du sommaire. Comment s'est-il constitué ? Qu'est-ce qu'on pourra lire ?
Benoît Domis : Sans rentrer trop dans les détails, nous sommes partis du principe que nous voulions publier des auteurs que nous n'avions pas déjà publiés dans les 14 numéros sortis dans l'incarnation précédente du titre publiée par l'association Lueurs Mortes. Ensuite, les choses se passent généralement ainsi : pour les textes anglo-saxons, je lis énormément et je prend contact avec les auteurs qui m'intéresse (loué soit internet...) ; pour les francophones, Daniel Conrad prend contact avec les auteurs qu'il a envie de publier et lit aussi les nombreux manuscrits non sollicités qu'il reçoit (le pauvre... non, je plaisante !). Pour l'instant, nous avons déjà acquis des textes de Mort Castle (USA - une nouvelle superbe mêlant Hemingway et morts-vivants, admirablement traduite par J.-D. Brèque), Chet Williamson (USA), Richard Harland (Australie - un récit et un auteur qui rappellent le meilleur de Ramsey Campbell), Jack Ketchum (USA - un peu la vedette américaine de ce numéro, puisqu'on lui doit aussi un article passionnant sur ces débuts d'agent littéraire du grand Henry Miller), Thomas Monteleone (USA - un récit épistolaire savoureux et méchant) et Scott Nicholson (USA - une autre histoire de morts-vivants, mais du 3ème âge ceux-là). Voilà pour las anglo-saxons. Chez les francophones, Daniel Conrad a retenu des textes de Lionel Davoust (qui est aussi l'auteur de la traduction de la nouvelle de Chet Williamson), Claude Ecken (un de nos auteurs favoris à tous les deux), Claude Mamier, Karim Berroukka et Emmanuelle Maia (Suisse).
Actusf : Vous dites dans le communiqué que le sommaire n'est pas complet. Cela veut-il dire que l'on peut encore vous envoyer des nouvelles ?
Benoît Domis : Nous ne nous interdisons pas d'enrichir ce sommaire, on peut donc encore nous envoyer des textes. Cela dit, quitte à me faire lyncher par tous les nouvellistes en herbe, je tiens à préciser que nous ne somme pas un tremplin pour auteur débutant.
Cela ne veut pas dire que nous n'en publierons pas, mais simplement que nous ferons preuve du même niveau d'exigence que pour les auteurs cités plus haut.
Actusf : Pourquoi faire un one shot et ne pas relancer complètement la revue ?
Benoît Domis : Publier un trimestriel est une tâche épuisante et représente bien trop de travail pour deux personnes qui n'en vivent pas. De 1998 à 2001, la situation professionnelle des deux co-rédacteurs en chef était bien différente et permettait de passer des journées à concevoir et réaliser une revue. Ce n'est plus le cas maintenant. Nous préférons annoncer un volume unique et réitérer l'expérience - si elle est couronnée de succès - l'année suivante ou deux fois par an, plutôt que de courir après une périodicité impossible à tenir (et finir par faire des numéros double ou triple pour rattraper toute une année de retard...).
Actusf : Cent exemplaires, cela peut paraître peu. Pourquoi ne pas en tirer plus et y'aura-t-il des retirages ?
Benoît Domis : Honnêtement, si nous vendons le tirage de 100, nous nous estimerons heureux - et il y aura peut-être un retirage. Mais notre expérience sur d'autres volumes de fantastique réalisés par Dreampress.com nous incite à la prudence. Pour prendre un exemple qui me touche particulièrement : nous n'avons pas encore vendu 100 exemplaires de "Derrière le masque...", le recueil de Ramsey Campbell, alors qu'il s'agit tout de même d'un des auteurs les plus importants du genre ! Où sont les lecteurs/acheteurs ? Je l'ignore...
Actusf : Sale temps en ce moment pour le fantastique avec notamment la disparition de l'Oxymore cet été. Et pourtant Stephen King est toujours dans les meilleures ventes de livres. Et pourtant de nombreux lecteurs sont nostalgiques de Ténèbres. Et pourtant quand on lit votre recueil sur Brian Hopkins, ou certains romans de la collection chez Bragelonne, on se dit qu'il y a de bons textes. Comment analysez-vous la situation actuelle du fantastique ?
Benoît Domis : Les bons textes ne manquent pas. Ce sont les lecteurs qui ne sont pas au rendez-vous. Stephen King est l'arbre qui cache la forêt. Les acheteurs qui le portent sur les listes des meilleures ventes ne sont pas - en majorité - des lecteurs de fantastique, mais plutôt des lecteurs de bestsellers (et il en existe de bons). Mais croire que l'audience de SK est potentiellement celle de Ténèbres reviendrait à croire que celle de Bernard Werber (et avant d'envoyer des lettres d'insulte : non, je ne compare pas BW à SK !) est celle de Bifrost. Ne rêvons pas... La naissance d'une collection chez Bragelonne me redonne espoir, parce que si elle marche, il y aura des reprises en poche et cela risque de mettre en apétit d'autres éditeurs. Pour nous, le défi c'est de voir si les "nostalgiques de Ténèbres" comme tu les appelles peuvent se transformer en acheteur/lecteur de Ténèbres 2007 et de nos autres publications de fantastique. Je ne demande qu'à être convaincu.
Benoît Domis : Plusieurs facteurs ont joué. D'abord, le fait que d'anciens lecteurs (ou des nouveaux lecteurs qui ont acheté les anciens numéros par l'intermédiaire de Dreampress.com ) nous le demandent fréquemment (nous sommes aussi sensibles à la flatterie que n'importe qui d'autre...). Plus sérieusement, nous nous sommes aussi rendus compte que personne n'avait pris le relais. Les revues/anthologies de SF et de fantasy ne manquent pas, mais en fantastique, c'est le désert.
Enfin - et c'est la raison la plus importante - nous en avions bougrement envie ! Sans doute un virus qui traîne...
Actusf : Parlez-nous un peu du sommaire. Comment s'est-il constitué ? Qu'est-ce qu'on pourra lire ?
Benoît Domis : Sans rentrer trop dans les détails, nous sommes partis du principe que nous voulions publier des auteurs que nous n'avions pas déjà publiés dans les 14 numéros sortis dans l'incarnation précédente du titre publiée par l'association Lueurs Mortes. Ensuite, les choses se passent généralement ainsi : pour les textes anglo-saxons, je lis énormément et je prend contact avec les auteurs qui m'intéresse (loué soit internet...) ; pour les francophones, Daniel Conrad prend contact avec les auteurs qu'il a envie de publier et lit aussi les nombreux manuscrits non sollicités qu'il reçoit (le pauvre... non, je plaisante !). Pour l'instant, nous avons déjà acquis des textes de Mort Castle (USA - une nouvelle superbe mêlant Hemingway et morts-vivants, admirablement traduite par J.-D. Brèque), Chet Williamson (USA), Richard Harland (Australie - un récit et un auteur qui rappellent le meilleur de Ramsey Campbell), Jack Ketchum (USA - un peu la vedette américaine de ce numéro, puisqu'on lui doit aussi un article passionnant sur ces débuts d'agent littéraire du grand Henry Miller), Thomas Monteleone (USA - un récit épistolaire savoureux et méchant) et Scott Nicholson (USA - une autre histoire de morts-vivants, mais du 3ème âge ceux-là). Voilà pour las anglo-saxons. Chez les francophones, Daniel Conrad a retenu des textes de Lionel Davoust (qui est aussi l'auteur de la traduction de la nouvelle de Chet Williamson), Claude Ecken (un de nos auteurs favoris à tous les deux), Claude Mamier, Karim Berroukka et Emmanuelle Maia (Suisse).
Actusf : Vous dites dans le communiqué que le sommaire n'est pas complet. Cela veut-il dire que l'on peut encore vous envoyer des nouvelles ?
Benoît Domis : Nous ne nous interdisons pas d'enrichir ce sommaire, on peut donc encore nous envoyer des textes. Cela dit, quitte à me faire lyncher par tous les nouvellistes en herbe, je tiens à préciser que nous ne somme pas un tremplin pour auteur débutant.
Cela ne veut pas dire que nous n'en publierons pas, mais simplement que nous ferons preuve du même niveau d'exigence que pour les auteurs cités plus haut.
Actusf : Pourquoi faire un one shot et ne pas relancer complètement la revue ?
Benoît Domis : Publier un trimestriel est une tâche épuisante et représente bien trop de travail pour deux personnes qui n'en vivent pas. De 1998 à 2001, la situation professionnelle des deux co-rédacteurs en chef était bien différente et permettait de passer des journées à concevoir et réaliser une revue. Ce n'est plus le cas maintenant. Nous préférons annoncer un volume unique et réitérer l'expérience - si elle est couronnée de succès - l'année suivante ou deux fois par an, plutôt que de courir après une périodicité impossible à tenir (et finir par faire des numéros double ou triple pour rattraper toute une année de retard...).
Actusf : Cent exemplaires, cela peut paraître peu. Pourquoi ne pas en tirer plus et y'aura-t-il des retirages ?
Benoît Domis : Honnêtement, si nous vendons le tirage de 100, nous nous estimerons heureux - et il y aura peut-être un retirage. Mais notre expérience sur d'autres volumes de fantastique réalisés par Dreampress.com nous incite à la prudence. Pour prendre un exemple qui me touche particulièrement : nous n'avons pas encore vendu 100 exemplaires de "Derrière le masque...", le recueil de Ramsey Campbell, alors qu'il s'agit tout de même d'un des auteurs les plus importants du genre ! Où sont les lecteurs/acheteurs ? Je l'ignore...
Actusf : Sale temps en ce moment pour le fantastique avec notamment la disparition de l'Oxymore cet été. Et pourtant Stephen King est toujours dans les meilleures ventes de livres. Et pourtant de nombreux lecteurs sont nostalgiques de Ténèbres. Et pourtant quand on lit votre recueil sur Brian Hopkins, ou certains romans de la collection chez Bragelonne, on se dit qu'il y a de bons textes. Comment analysez-vous la situation actuelle du fantastique ?
Benoît Domis : Les bons textes ne manquent pas. Ce sont les lecteurs qui ne sont pas au rendez-vous. Stephen King est l'arbre qui cache la forêt. Les acheteurs qui le portent sur les listes des meilleures ventes ne sont pas - en majorité - des lecteurs de fantastique, mais plutôt des lecteurs de bestsellers (et il en existe de bons). Mais croire que l'audience de SK est potentiellement celle de Ténèbres reviendrait à croire que celle de Bernard Werber (et avant d'envoyer des lettres d'insulte : non, je ne compare pas BW à SK !) est celle de Bifrost. Ne rêvons pas... La naissance d'une collection chez Bragelonne me redonne espoir, parce que si elle marche, il y aura des reprises en poche et cela risque de mettre en apétit d'autres éditeurs. Pour nous, le défi c'est de voir si les "nostalgiques de Ténèbres" comme tu les appelles peuvent se transformer en acheteur/lecteur de Ténèbres 2007 et de nos autres publications de fantastique. Je ne demande qu'à être convaincu.