ActuSF : Comment est née l'idée de Je suis Légion ?
Fabien Nury : Avec le « sang parasite ». Si on vous transfuse, la conscience vient avec… J’avais au départ l’idée d’une intrigue simple, à la “Predator”, pendant la 2ème guerre mondiale, mais le sang a explosé ce concept. Cette idée du sang était à la fois plus complexe et plus séduisante que tout ce que j’avais imaginé avant. Du coup, mon petit commando est devenu un gros puzzle, réparti sur plusieurs pays.
ActuSF : Comment avez-vous rencontré John Cassaday ? Qu'est-ce qui vous a réunis ?
Fabien Nury : Philippe Hauri, des Humanos, a « pitché » la série à John, au Comic Con de San Diego. John a tout de suite aimé. Pourquoi ? Je ne sais pas. Il avait l’habitude des comics, et cette histoire était différente.
ActuSF : Comment travaillez-vous avec lui ?
Fabien Nury : On travaille l’un APRES l’autre. Je livre un script entier, découpé jusqu’au dernier détail, et il l’adapte. C’est une relation de professionnels : tu fais ton job, je fais mon job. Même si, maintenant, je connais John « de voix » et on s’apprécie humainement…
ActuSF : Qu'aviez-vous envie de faire avec cette série ?
Fabien Nury : Je rêvais de livrer, en trois parties, un authentique CAUCHEMAR. Un roman graphique qui vole votre âme, et qui la cloue au mur. Je n’y suis pas complètement arrivé, mais je ne suis pas si loin…
ActuSF : Qu'est-ce qui vous intéressait dans cette période de la seconde guerre mondiale ?
Fabien Nury : Il est question de gens intelligents, qui se mettent à élaborer des plans complètement déments. J’ai été ému par leur ferveur, et leur folie. Churchill, Canaris… Ils étaient scénaristes, eux aussi… Mais c’est l’Histoire du monde qu’ils écrivaient.
ActuSF : Avez-vous eu besoin de beaucoup de documentation ?
Fabien Nury : Oui, beaucoup. J’ai bossé, et longtemps, pour faire en sorte qu’on y croie.
ActuSF : Les nazis ont a priori fait pas mal d'expériences borderline. Est-ce qu'ils ont étudié les "pouvoirs parapsychiques" ?
Fabien Nury : Des expériences « borderline » ? Mais c’étaient des MALADES MENTAUX ! Peu importe le détail de ce qu’ils ont étudié… S’ils avaient découvert le pouvoir du « strigoï », je crois que ces fous furieux ne l’auraient pas exploité autrement. Et je demeure incapable de retranscrire l’horreur de ce qu’ils ont réellement fait. Je peux à peine l’évoquer en partie.
ActuSF : C'est une série très riche en personnages et au niveau de tous les thèmes que vous abordez. Est-ce que vous aviez prévu que ce soit aussi riche dès le départ ou les éléments se sont-ils rajoutés au fur et à mesure de la narration ?
Fabien Nury : C’était prévu dès le départ, car j’ai construit le plan détaillé des trois tomes avant de présenter le projet. Je ne pouvais pas écrire une telle histoire sans connaître sa conclusion. C’est vrai, c’est compliqué… Mais cette histoire, comment voulez-vous la simplifier ?
ActuSF : Le tome 3 vient de sortir, que peut-on en dévoiler au lecteur ?
Fabien Nury : C’est la FIN. Karel, Pilgrim, Von Kleist… Si vous avez aimé ces personnages, vous devez savoir qu’ils arrivent au bout de leur chemin. C’est LA raison de lire cet album. En plus, vous saurez enfin pourquoi on trimballe cette caisse de cognac de pays en pays, depuis la case 1 du tome 1…
ActuSF : Le cycle se termine, pourriez-vous y revenir un jour ?
Fabien Nury : Il n’y aura pas de suite à proprement parler ; mais dans un autre contexte historique, une autre étape de la lutte des strigoïs… Pourquoi pas ?
ActuSF : Quels sont vos projets ?
Fabien Nury : J’en ai plein. Trop pour en dresser ici une liste exhaustive. Raconter des histoires, celles qui vous bouffent, celles qui vous empêchent de dormir… C’est une belle vie, non ? J’en ai tellement, de jolis cauchemars à partager… Il faudra bien qu’ils sortent.
La chronique de 16h16 !