Patrick Guay est enseignant et chercheur à l’UCAQ (Université du Québec à Chicoutoumi). Auteur d’une thèse remarquée sur Jacques Spitz, de plusieurs articles sur des écrivains de l’entre-deux-guerres, il a co-organisé deux colloques fondateurs sur la science-fiction française et québécoise et co-dirigé l’ouvrage collectif Les Dieux cachés de la science-fiction française et francophone (1950-2010).
À la redécouverte...
Jacques Spitz (1896-1963) est un écrivain que le milieu de la science-fiction connaît bien : on lui doit notamment des œuvres comme La Guerre des mouches ou L’Œil du purgatoire. Il reste toutefois méconnu du grand public et de nombreux lecteurs du genre (qui lui préféreront sans doute des auteurs américains de la même période), à l’image d’autres grands auteurs de merveilleux scientifique tels que Régis Messac, Gustave Le Rouge ou Jean de la Hire.
Comme le souligne Natacha Vas-Deyres dans son avant-propos au présent ouvrage, « Il est temps désormais de découvrir ou re-découvrir un auteur élégant, ironique et lucide pour qui l’humanité confine parfois au mythe, Jacques Spitz ».
D’un auteur méconnu
En se basant sur le journal intime laissé par l’auteur, Patrick Guay propose une étude passionnante sur sa vie et son œuvre, d’autant qu’il a laissé à la postérité d’autres ouvrages que ceux que le lecteur de SF connaît bien. Il ne faut surtout pas se laisser effrayer par le côté étude universitaire du présent essai ; le fait de s’appuyer en grande partie sur un journal intime joue peut-être, mais c’est tout comme si on lisait un récit autour de la vie de Jacques Spitz, dont on découvre les nombreuses facettes. L’ouvrage se conclut d’ailleurs par deux nouvelles de SF inédites, une manière d’inviter au voyage romanesque.
Cette étude apporte quoi qu’il en soit un éclairage fascinant, et donne aussi des clés pour mieux comprendre le contexte éditorial de l’époque. C’est ainsi tout un pan de l’histoire de la SF en France qu’il nous est donné de voir. Les difficultés pour définir le genre ne datent pas d’hier... Patrick Guay nous propose ici sa lecture et grille d'analyse, on peut ou pas être d’accord avec ses choix, mais il a le mérite de remettre en avant un auteur injustement méconnu. Tout lecteur intéressé par l’histoire de la SF et de ses précurseurs en France trouvera matière à réflexion, et qui sait, se plongera peut-être à nouveau (ou pour la première fois) dans l’œuvre de Jacques Spitz ?