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L'instant Critic - Février 2015
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L'instant Critic - Février 2015

C’est bien joli tout ça, mais le mois de février file et il est donc venu le temps d’un nouvel épisode de L’Instant Critic. Une fois de plus, nous avons quelques pépites à pointer du doigt pour que, avec avidité, vous investissiez les rayons SF de votre libraire !
 
Et ce mois de février, même s’il est court, est dense et jalonné de coups de cœur !
 
Tout d’abord, un petit focus sur un roman un peu à part, (re)paru il y a quelques jours seulement aux éditions Ombres dans la collection « petite Bibliothèque des Ombres ». Il s’agit d’un roman intitulé La Kallocaïne, signé Karin Boye, poétesse et romancière suédoise née en 1900 et morte en 1941. Si La Kallocaïne ne vous dit rien, ce n’est pas anormal : la dernière édition de ce classique de la littérature dystopique datait de 1988, toujours aux éditions Ombres. Pourtant, malgré son importance dans la littérature suédoise, cette œuvre majeure de l’auteure, est légèrement passée inaperçue en nos chères contrées, bien qu’il ait fortement influencé George Orwell pour son fameux 1984. On retrouve d’emblée la notion d’enfermement présente dans le classique du romancier anglais, avec la figure d’un ingénieur chimiste, Kall, qui, à la première personne et sous forme de témoignage, raconte son histoire , alors qu’il a été incarcéré dans ce monde où un Etat Mondial contrôle et surveille tous les citoyens… dans un bonheur, il va de soi, absolument total..itaire (hum). Et notre chimiste, tout joyeux et dévoué, a imaginé une drogue de vérité qui va parachever la puissance de ce gouvernement liberticide… encore mieux, Kall va tester son produit sur sa femme. Le début des ennuis et des doutes ! Sobrement (mais délicatement) écrit, La Kallocaïne nous impressionne par la qualité de sa réflexion, d’une modernité saisissante, et la force de son personnage central qui, par de nombreux aspects (moraux et physiques – d’ailleurs les deux approchent de la quarantaine), rappelle fortement le Winston Smith d’Orwell. Une réédition tout bonnement indispensable, à ranger parmi les grands livres (et on ne parle pas de taille ici) de votre bibliothèque !
 
Parmi les autres livres SF qui ont plus que retenu notre attention, vous pouvez acquérir les yeux fermés Le Cercle de Farthing de Jo Walton (Ed. Denoël, coll Lunes d’Encre). Après Morwenna, gros succès éditorial et critique, et même si celui-ci est antérieur à Morwenna en termes de publication originale, on attendait l’auteure au tournant. Son uchronie policière tient toutes ses promesses. Nous avons adoré cette enquête tortueuse superbement écrite (et traduite par Luc Carissimo).
 
Au rayon des nouveaux auteurs, et pour rester dans l’évocation de la Seconde Guerre mondiale après le roman de Jo Walton, Stéphane Przybylski nous livre le premier volet de sa tétralogie Origines. « Un chouette premier roman à conseiller aux fans d'uchronies comme aux amateurs de thrillers historiques. A la librairie, le roman trône déjà fièrement sur l'îlot central, réservé aux coups de coeur ! », dixit mon collègue Simon, à la librairie. Qui rajoute que ce n’est « qu’une mise en bouche ». Il faudra malheureusement attendre le printemps 2016 pour connaître la suite de l’histoire !
 
 
Parmi les autres nouveautés de février, nous retiendrons la sortie du cinquième opus de la série Le sang des sept rois, aux éditions L’Atalante. Je l’attendais impatiemment, celui-là. Cette série de fantasy, écrite dans un style limpide et efficace, ne cesse de nous surprendre, tome après tome. Le scénario de cette saga démarre peut-être de façon ultra classique mais, plus ça va, plus on comprend que l’auteur joue avec son univers et, par la même occasion, avec le lecteur. Vous l’avez compris, si vous n’avez toujours pas commencé Le sang des sept rois, profitez de la sortie de ce nouveau volume pour vous y mettre. De l’aventure, de bons personnages, un univers maîtrisé, tout est réuni pour que vous passiez un vrai bon moment de lecture.
 
En vitesse, quelques parutions qui ont su nous convaincre : sur fond de pouvoirs psys, Marcus Sakey nous invite à rencontrer Les Brillants, et c’est très bon (Série Noire, Gallimard). Chez Rivière Blanche, le célèbre humoriste Sellig vous fera rire (et plus) avec son nouveau roman L’opération R8.
 
Enfin, en poche, ne loupez pas dans la collection Hélios la réédition du space-opera de Juan Miguel Aguilera et Javier Redal, Les Enfants de l’éternité, bon moment de détente et de vertige spatial. Et question vertige spatial, c’est double dose ce mois-ci dans cette collection puisque reparaît également Le Volcryn de George Martin, solide et tendu huis-clos dans un vaisseau où tout l’équipage ne verra visiblement pas le chemin du retour. Et, pour conclure, ne ratez pas chez Points Les vies parallèles de Greta Wells, roman de Andrew Sean Greer qui appartient à cette tendance de la littérature générale proche de la SF (Bon, qui en est.) et nous fait voyager dans le temps. Comme sur le principe (un peu) de la série Outlander de Diana Gabaldon (et en mieux) nous suivons une femme, Greta Wells (et un hommage, un) qui de 1985 se retrouve projetée au début du vingtième siècle suite à un traitement aux électrochocs… un roman qui se lit comme on déguste un succulent dessert. Miam.
 
Bonne lecture à tous, et allez saluer votre libraire (humain si possible) !

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