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Le Complexe du chimpanzé

Richard Marazano (Scénariste), Jean-Michel Ponzio (Dessinateur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/03/2007  -  bd
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Le Complexe du chimpanzé

Le complexe du chimpanzé, c’est celui d’un cobaye qui a conscience de sa situation sans pouvoir agir pour la modifier. C’est un peu celui des astronautes sollicités pour une mission dont ils ignorent les objectifs, mais aussi celui des humains confrontés à d’inexplicables paradoxes temporels. Ponzio et Marazano nous livrent avec cet album un bon et solide récit graphique SF qui ravira les fans de voyage dans l’espace et dans le temps.

Jean-Michel Ponzio a d’abord réalisé des courts-métrages en 3D, des décors pour le cinéma et la publicité et des illustrations pour la collection J’ai Lu. Il a publié son premier album T’ien Keou en 2004, sur un scénario de Genefort. Il écrit lui-même le scénario de Kybrilon et publie Le dernier exil, avec Spitz. Le complexe du chimpanzé est le fruit de sa première collaboration avec Marazano chez Dargaud. Un autre album en duo, Genetiks, paraît chez Futuropolis.

Après avoir suivi des études de physique et d’astrophysique, Richard Marazano, passionné de cinéma, a rejoint l’atelier BD de l’Ecole des Beaux-Arts d’Angoulême, avant de s’installer à Bruxelles. Il se lance alors dans l’écriture et devient le scénariste de Cuervos, dessiné par Michel Durand, de Dusk, avec Christian Demetter, et de Zéro absolu, avec Christophe Bec.

Le complexe de Sofia

En 2035, la flotte américaine récupère, par le plus grand des hasards, une capsule spatiale qui vient s’abîmer dans le canal du Mozambique. Surprise : les deux occupants ne sont autres que Neil Armstrong et Buzz Aldrin, les deux hommes qui ont marché sur la lune 66 ans plus tôt.

L’armée fait alors appel à la NASA et plus particulièrement à l’astronaute civile Hélène Freeman, pressentie pour diriger le premier vol spatial habité sur Mars. Au grand désespoir de sa fille Sofia, qui ne veut plus que sa mère parte en mission et qui, elle aussi, est victime du complexe du chimpanzé.

The Chimpanzee complex

Curieuse préface que celle de Xavier Dorison qui défend l’album en fustigeant la « mode » du récit à la française. Cette mode exclurait tout contenu narratif qui ne traite pas du milieu bobo parisien, de problèmes concrets et qui ne prendrait pas de distance ironique avec son sujet. En ce qui concerne le récit graphique français, ce genre nous paraît plutôt minoritaire. Le risque nous paraît plutôt être à l’opposé : une invasion de pâles copies de séries et de films américains. De l’action, du muscle, de l’individualisme brut et abrutissant.

Heureusement, Le complexe du chimpanzé ne tombe pas non plus dans ce travers. Il regorge d’emprunts aux codes du film de SF américain : une femme astronaute émérite ayant des difficultés à concilier son héroïsme et son rôle de mère, des services secrets militaires tout puissants, l’intervention du Président, de vrais plans à l’américaine et un découpage à rebondissements. L’album pourrait être l’adaptation d’un film américain, mais d’un bon film. Car l’intrigue est intelligente, les contenus scientifiques (l’exploration spatiale) et le contexte politique et militaire sont traités sérieusement. On en redemande à la page 56.

Les dessins sont dénués d’originalité, mais leur plastique est d’une maîtrise surprenante. Il est rare de trouver dans la BD actuelle des dessins réalistes aussi précis. Les hélicoptères et les engins maritimes ou spatiaux sont très finement restitués. Cette minutie hyperréaliste du trait est compensée par un traitement plus personnel de la couleur qui donne de la vie et du caractère aux personnages. Les visages féminins, ceux d’Hélène et de  Sofia, sont parfois époustouflants. Leur humeur transparaît autant par la lumière que par le dessin. On pourrait se passer de texte…

Le scénario tient la route. Les dialogues sont équilibrés. L’ambiance n’est pas très joyeuse. Peu d’humour. Des cases souvent réduites pour traduire la densité et la tension dramatique. Un bon produit. Très professionnel.

Au total, peu de fantaisie, pas d’innovation, mais une très bonne série SF américaine. Idéale pour les amateurs de hard science.

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