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A la découverte de la Foire de l'étrange
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A la découverte de la Foire de l'étrange

Depuis la mi-février, vous pouvez participer à la nouvelle campagne de financement participatif des Saisons de l'Étrange - La Foire de l'étrange.
Prêts à découvrir les derniers récits inédits de Nelly Chadour, Vincent Mondiot et Julien Heylbroeck ?

Actusf : Vous venez de lancer une campagne Ulule pour un nouveau projet, La Foire de l’étrange. En quoi consiste-t-il ? Pouvez-vous nous le présenter ?

Mérédith Debaque : La Foire de l’étrange est une grande librairie un peu baroque et grand-guignolesque. Imaginez un lieu mental débordant de codex poussiéreux et de tomes anciens, où officie un vieil homme souffreteux revêtu d’une longue cape et d’un haut-de-forme trop large. Il tousse plus qu’il ne parle, mais quand il vous tend des livres, un frisson chatouille votre échine, puis s’empare de votre cœur insatiable de lecture. Ce roman qu’il vous propose, vous le désirez tant, vous l’avez toujours désiré. Alors que vous l’attrapez, voilà que la cape tombe, que la toux du vendeur se métamorphose en un rire sadique, son visage étique vous fixe et une lueur de jubilation brûle dans ses orbites creuses.

La Foire de l’étrange, c’est l’occasion d’acquérir de la création francophone de qualité à des prix à brader son âme. Des récits courts et fun, inspirés des pulps d’antan, mais aussi des comics, des films de série B et des littératures de l’imaginaire. Les Saisons de l’étrange est une maison d’édition pour laquelle les éditeurs œuvrent bénévolement afin de garantir une production de qualité, elle permet à des écrivaines et écrivains de façonner des histoires qui ne trouveraient pas leur place dans le circuit traditionnel du livre, tout en les rétribuant justement pour leur travail.
Notre motto est simple : publier de la littérature qui ne se prend pas au sérieux, mais avec sérieux.

Melchior Ascaride : La Foire de l’étrange est dans la continuité de nos financements précédents. Une volonté de maintenir vivace une culture populaire de qualité. On ne travaille pas à la nostalgie, mais subsiste en nous cette étincelle qui brûlait vivement à l’époque des Fleuve Noir Angoisse ou de la collection Marabout. Ce désir de montrer que la littérature de genre est accessible à tout le monde, qu’elle peut être exigeante sans sacrifier au fun. Les Saisons nous permettent de dire à un auteur ou autrice « Tu as une idée bien barrée ? On va la publier ». Et comme l’a dit Mérédith, avec à la clé un accompagnement professionnel et une rémunération juste.
On reste persuadés qu’une culture qui se porte bien se doit d’être variée, multiple, que les romans compliqués à sortir dans le circuit traditionnel méritent d’exister. Et notre tâche, avec l’aide précieuse de tous nos contributeurs et contributrices, c’est de leur préparer cette petite place au soleil.

Actusf : Y a-t-il des différences avec La Saison de l’effroi ? Lesquelles ? Je pense notamment aux très nombreux choix proposés.

Mérédith Debaque : La Foire de l’étrange est ouverte à tous, elle n’est pas uniquement focalisée sur quelques livres, mais sur l’ensemble de notre catalogue. Que vous soyez vétéran des Saisons, ou nouveaux lecteurs, vous trouverez forcément des contreparties à votre goût. Que vous ayez envie de découvrir les inédits, les collectors, les intégrales des séries achevées, sur papier ou en numérique, vous dénicherez forcément une offre adéquate.

Actusf : Qu’est-ce que l’étrange pour vous ? Qu’est-ce que cela représente ?

Mérédith Debaque : L’Étrange est un lieu de rencontre, une porte dessinée à l’encre des récits que le Maître vous propose. Un itinéraire dangereux qui vous obsède, qui vous passionne. De lecteur, vous devenez ce voyageur qui s’égare dans les ruelles sombres de Paris est une bête, qui enquête avec Bodichiev sur des meurtres impossibles dans une URSS rétrofuturiste, qui encourage El Hijo Del Hierofante au cours de matchs de catch mortels contre les forces du mal, ou encore, qui cherche des réponses dans une ville prison au côté des modérateurs, ces super héros grandiloquents. L’Étrange, c’est une demeure, celle du Maître. Là, assis sur ce fauteuil aux accoudoirs ornés de crânes, près d’un feu généreux, il vous attend, une tasse fumante à la main, et des promesses de lectures jubilatoires.

Nelly Chadour : L’Étrange, c’est ce qui te happe hors du train-train. Tu ne le sais pas encore, mais tu as quitté ta sécurisante routine pour une autre dimension où les pendules ne donnent plus l’heure. L’Étrange rompt avec les habitudes, bouleverse la bienséance, brise les normes. Est étrange ce qui n’est pas encore rentré dans l’ordre et forcément, cela inquiète.

Vincent Mondiot : L’Étrange, c’est quelque chose qui peut presque être rassurant, j’ai l’impression ! C’est la maison potentielle de ceux qui vivent dans les marges, qui se sentent trop « bizarres », « en décalage », par rapport à ce qu’on leur propose d’habitude. L’étrange, ça peut paraître inquiétant, à première vue, mais pour moi, c’est la Cour des Miracles où se retrouvent les personnages et les lecteurs qui cherchent à développer leur sens de l’anormalité, et donc leur marginalité, dans tout ce que ce terme peut avoir de noble et de chaleureux. L’étrange, c’est l’endroit où tout le monde est le bienvenu.

Julien Heylbroeck : L’Étrange, c’est vaste. Mais sans faire « patriote », le terme a un petit quelque chose de « français » et un petit quelque chose « d’ancien ». En tout cas pour moi. Ça me fait penser au « merveilleux fantastique » mais en plus général.
C’est pour ça que j’ai fait une série qui se passe de nos jours et à Mexico. C’est évidemment absolument pas logique. Mais je me suis laissé porté par l’inspiration.

Melchior Ascaride : L’Étrange, c’est l’infini des possibilités. C’est un espace mental et artistique où tout a sa place. Un jeu de Lego absurde où pourtant toutes les pièces s’emboitent pour donner, in fine, quelque chose de parfaitement cohérent. L’Étrange, c’est ce lieu vertigineux, sans frontières, au bout duquel brille une porte grande ouverte sur une nouvelle façon d’appréhender le monde.

Actusf : Comment avez-vous sélectionné les œuvres que vous souhaitiez publier ?

Mérédith : Travailler dans l’édition offre l’avantage de rencontrer des professionnels de l’écriture. Il suffit alors de discuter et l’on se rend compte qu’ils transportent aussi en eux cette marque de l’étrange, ce désir d’écrire des romans un peu moins calibrés pour la libraire, des fantasmes de vieux geeks de cinéma, de comics, de manga, de JDR et de littérature populaire. Et comme ce sont des écrivaines et auteurs publiés et pros, ils savent comment le faire, avec talent et sérieux.

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots des récits sélectionnés ?

Melchior & Mérédith : Le Maître a concédé à libérer brièvement les auteurs de leurs geôles souterraines. Ils peuvent ainsi présenter eux-mêmes leurs trois nouveaux pulps. En tant qu’éditeurs comblés, nous sommes heureux de proposer aux lecteurs trois récits passionnants, des page turner qui possèdent l’incroyable avantage d’être écrit avec talent, et d’être chacun radicalement différents. Si vous souhaitez frémir, rire, ou vous évader, ces romans sont pour vous.

Nelly Chadour : Paris est une Bête suit les pérégrinations d’une bande de jeunes gothiques dans un Paris des années 80 aux sombres secrets. Notre bande de jeunes aimait flirter avec la culture des ténèbres et ils vont être servis. Leur guide à travers les mystères est un vieux petit monsieur maghrébin, gardien d’une terrifiante entité. Pour moi, petite provinciale qui ne connaissait le monde que par les infos, Paris était un des endroits les plus dangereux au monde, j’essaie de retranscrire ma vision de cette époque en m’appuyant sur mes souvenirs, les faits divers et la culture populaire de cette décennie qui a l’air de susciter une nostalgie déformée.

Julien Heylbroeck : El Hijo del Hierofante est un jeune catcheur mexicain masqué, un luchador enmascarado, qui succède à son père sur les rings. Un soir, il se retrouve à aider un gamin sur le point d’être capturé par des narcos. C’est le début des ennuis et de la célébrité pour notre héros, qui devient un peu le champion du peuple dans la droite ligne de ses illustres prédécesseurs que sont Santo, Blue Demon ou Mil Mascaras, qui ont écumé les rings et les toiles de cinéma durant trois décennies. J’y ajoute les problématiques urbaines actuelles du Mexique et je pioche quelques monstres bien velus du bestiaire et de la mythologie aztèque. Je mélange le tout et vamos !

Vincent Mondiot : Élections et exécutions, mon roman, se déroule dans l’univers de la Colonie Kitej, comme le précédent, Toute entrée est définitive. Kitej, c’est une colonie spatiale établie très loin de la Terre, et qui consiste en une énorme ville protégée par un cube transparent censé repousser les radiations qui balaient la planète. À l’intérieur dudit cube se trouve, en vérité, une Gotham City de l’espace : une ville où la pauvreté, l’enfermement et l’isolement ont poussé la plupart des colons à devenir des criminels. Les différents gangs s’y livrent une guerre permanente, sous le regard aussi passif que corrompu de la police... Dans tout ce marasme ont émergé les modérateurs, des justiciers masqués qui tentent, à leur échelle, de rendre la justice à la place des autorités. Si dans le précédent roman on avait suivi Guillermo et Soraya, deux modérateurs ratés, cette fois, on s’intéresse principalement à Angel Zéro, le plus célèbre modérateur de la ville, et à Madame Azul, une tout aussi célèbre criminelle... Les deux ennemis de toujours vont se mettre en tête, pour des raisons différentes, de renverser le maire en place, Auguste Shinto. Je dois avouer que les rafales et les explosions seront plus importantes que le scrutin universel, dans leurs programmes politiques.

Actusf : De nombreuses contreparties sont proposées. Qu’avez-vous concocté ?

Mérédith : Tout est possible. C’est l’idée qui a fondé cet Ulule. Vous voulez les inédits, vous pouvez les prendre via l’offre « le retour », vous souhaitez la série entière pour la découvrir ? L’offre « série vedette » est pour vous ? Les nouvelles séries ne vous intéressent pas ? Choisissez les offres « découvertes » ou « collectors ». Vous pouvez même cumuler les offres.
Tous les financements récupérés ne servent qu’à la création et à la rémunération des écrivaines et écrivains. Les ouvrages sont façonnés par des imprimeurs de qualité, et forts de notre expérience avec les Moutons électriques, Melchior, et moi-même la mettons à contribution pour nos Saisons de l’étrange. J’ajoute que les visuels de mon collègue sont encore plus époustouflants sur les belles couvertures rigides des intégrales.

Actusf : Si le projet se concrétise, la sortie est prévue pour quelle date ? Pouvons-nous espérer quelques exemplaires sur les salons par la suite ?

Mérédith & Melchior : Les publications sortiront à la fin de l’année pour les épisodes 2 de Paris est une bête, la Colonie Kitej, et l’épisode 3 de El Hijo Del Hierofante. Si l’objectif des épisodes supplémentaires est atteint, ceux-ci paraîtront l’année d’après : même le Maître sait ménager ses escla… ses auteurs.
Bien évidemment, vous nous trouverez en salon. Nous ne négligeons aucun espace pour promouvoir l’Étrange, et notre production est particulièrement adaptée à ces endroits peuplés d’amatrices et d’amateurs d’imaginaire, ces pauvres âmes qui vaquent innocemment, ignorant encore que leur sort est scellé, que le Maître a posé la lueur de ses orbites vides sur eux.

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