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A Travers Temps

Langue d'origine : Français
Date de parution : 31/03/2010  -  livre
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À travers temps

Robert Charles Wilson est né en 1953 aux États-Unis, en Californie, mais vit aujourd’hui au Canada. Il est l’auteur de nombreux romans dont Spin, qui a obtenu le Prix Hugo 2006 et le Grand Prix de l’Imaginaire 2008.

À travers temps
date de 1991, mais cette publication par Denoël est la première en français.

Maison hantée

1979 : Ben Collier, gardien d’un passage temporel, se fait assassiner dans son jardin par un soldat en fuite venu du XXIIe siècle. 1989 : Après son divorce et avoir perdu son travail d’ingénieur, Tom Winter revient dans sa ville natale, Belltower, dans l’État de Washington, où son frère aîné lui propose un poste de vendeur dans sa concession automobile. Il y achète une maison excentrée, qui paraît insensible aux outrages du temps. Mais il semble qu’il n’en soit pas le seul habitant…

Un hommage à Clifford D. Simak ?


À travers temps est présenté par la maison d’édition comme « un hommage au classique de Clifford D. Simak, Au carrefour des étoiles (…) ». Une maison isolée au centre de l’intrigue, vieille demeure inaltérable sur laquelle le temps n'a pas de prise et qui tient lieu de portail ou de passage, un gardien secret, des « fantômes »… Il est en effet apparent que Robert Charles Wilson s’en est inspiré, mais pour mieux rebondir vers une perspective différente. D’autre part, on pourrait presque finalement penser que le Spin de Robert Charles Wilson se révèle plus proche du livre de Clifford D. Simak, puisque l’on y trouve un certain nombre de points communs.

Un livre ancré dans son époque

Si Robert Charles Wilson rend hommage au livre de Clifford D. Simak, c’est pour mieux s’en détacher. Le premier date de 1963 : l’Homme n’avait pas encore mis le pied sur la Lune, mais la conquête spatiale avançait à grand train, portée par une vague d’optimisme. Le livre de Robert Charles Wilson, publié pour sa part en 1991, est quant à lui bien ancré dans son époque, une période plus anxiogène et désabusée, où l’homme est plus préoccupé par les problèmes de la planète Terre que par ses éventuels voisins extraterrestres. Le thème de l’écologie est donc fortement présent, à travers une vision presque apocalyptique du proche futur de l’humanité.

Lorsque Tom Winter, empruntant le passage temporel, se retrouve en 1962, il espère y trouver une sorte d’insouciance qui lui fait défaut, l’espoir et la croyance en un avenir meilleur. Son époque lui semble sombre et sans avenir : « Barbara considérait l’effet de serre comme un virus, quelque chose qu’on peut stopper en trouvant le bon vaccin. Je lui ai dit que c’était un cancer… le cancer de l’humanité sur les organes vitaux de la terre. On ne peut pas l’arrêter en manifestant. ». Mais il va découvrir qu’on ne peut pas échapper à l’incertitude et à l’appréhension en se terrant dans le passé. La flamboyante couverture de Manchu représente bien l’état d’esprit du livre, cette sensation de sursis, de glaive suspendu au-dessus du sort de l’humanité.

À travers temps révèle également l’ambigüité des nouvelles technologies. Les sortes de nanomachines que l’on découvre ici symbolisent les conséquences contradictoires de la science : d’une part le progrès qui permet une amélioration des conditions de vie, avec les insectes mécaniques, bénéfiques, qui vivent avec le gardien temporel ; et d’autre part le versant plutôt maléfique de la science et de ces abus, avec l’armure du soldat Billy Gargullo, exosquelette dont il est devenu l’esclave, et qui transforme sa personnalité.

L’alternance des événements vécus par les différents protagonistes amène peu à peu le lecteur à la compréhension globale du roman, au tableau final regroupant l’ensemble des personnages. Tous sont plus ou moins pris malgré eux dans une aventure extraordinaire, même si pour certains leur caractère semblait les y prédestiner. Rien n’est ordinaire, tout peut arriver pour qui sait regarder et prêter attention à ce qui l’entoure. Ici, le temps n’est pas présenté comme immuable, mais au contraire comme une force indomptable, qui ne peut être maîtrisée par l’homme. Ce qu’apprend Tom Winter, c’est qu’on ne peut jamais connaître le futur : même s’il est sensé s’être déjà produit, tout peut encore changer – paradoxe temporel qui rappelle Les Chronolithes du même auteur.

Un roman de grande qualité


À travers temps, dans sa modernité, revient aux questionnements essentiels de la SF, avec aisance et sans fioritures. L’écriture simple, sensible et efficace de Robert Charles Wilson nous entraîne sans discontinuer dans les dédales du temps. Ce roman confirme, s’il en était encore besoin, le savoir-faire de son auteur.

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