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Sept redditions

Ada Palmer (Auteur), Michelle Charrier (Traducteur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Anglais
Aux éditions : 
Date de parution : 27/05/2020  -  livre
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Ada Palmer - Sept redditions

Un univers touffu

Sept Redditions est la suite du premier tome du cycle de Terra Ignota d’Ada Palmer, Trop semblable à l’éclair où on découvrait l’univers des ruches et l’histoire singulière de Mycroft Canner. Rappelons qu’il s’agit d‘un monde où l’humanité est répartie en sept ruches, dont celle des utopistes. Les dirigeants de ces ruches utilisent Mycroft Canner, le narrateur, à la fois comme un homme à tout faire, un familier et un confident. Mycroft a commis des années auparavant des meurtres particulièrement horribles contre le bash des mardi. Il se rachète depuis en participant à l’éducation de Bridger, un enfant dieu. Le premier volume nous montrait un univers fragilisé par l’apparition de Bridger et les complots entre les ruches avec un  dernier chapitre très troublant : on y découvrait que le bash Saneer-Weeksbooth orchestrait depuis plusieurs années des assassinats. On réalise aussi que ces crimes visent à éviter un déséquilibre mondial

Bienvenue dans un paradis bien perdu

Que se passe-t-il dans Sept redditions ? Rien moins que l’écroulement progressif de l’univers mis en place par Trop semblable à l’éclair. L’univers des ruches de 2454 a été mis en place après une guerre qui a failli éradiquer l’humanité. La paix assurée par ce système a certainement permis de sauver l’espèce et d’assurer son bond vers l’espace : la ruche des utopistes est en train de terraformer Mars. Mais voilà : les conflits de pouvoirs sont là, le conflit rôde et bientôt tout s’écroule, sous le regard d’un Mycroft Canner qui parfois nous ment, fantasme et égare le lecteur un peu distrait. Du coup, on relit le chapitre précédent, on cherche le fil. Et le roman se termine sur un univers désormais en proie à la violence, celle-là même que Mycroft a autrefois exercé pour sauver un système qui désormais s’effondre. Et Bridger, après avoir montré ses pouvoirs et ramené un homme à la vie, disparaît…

Un livre (trop) ambitieux

Sans conteste, Sept redditions est un roman brillant, où se déploie tout un univers, à la manière de Dune de Frank Herbert ou d’Helliconia d’Aldiss. Tous les aspects de cet univers sont abordés, y compris la question du genre (d’où une narration parfois absconse) : le pronom « on » remplace « il » et « elle » et genre et sexe sont dissociés. Par-delà l’intrigue géopolitique, on saisit aussi que ce roman remet en cause le modèle occidental de la famille nucléaire et des appartenances qui en découlent. De plus, la façon dont Ada Palmer transpose cette hypothèse sociologique voire civilisationnelle dans sa narration font d’elle sinon une des meilleures représentantes actuelles de la speculative fiction, en tout cas une de celles qui prennent le plus de risques. Au passif de ce roman, notons toutefois que la narration est victime de son ambition : on s’y perd beaucoup et je vais choquer : Frank Herbert est clair à côté d’Ada Palmer, c’est dire ! Vu cependant l’ambition et le choc littéraire causée par cette œuvre, il faudra cependant attendre de lire l’ensemble du cycle pour statuer définitivement.

 

Sylvain Bonnet

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