Du droit à la science-fiction
Juriste à l’origine, Adrian Tchaikovsky a commencé à publier dès 2008 et est surtout connu outre-manche avec la série de fantasy Shadows of the Apt, qui compte dix volumes à ce jour. Il s’est fait remarquer avec Dans la toile du temps, son premier roman traduit en France en 2018, qui a reçu le Prix Arthur C. Clarke en 2016. Un roman, il convient de le dire, plutôt intriguant et réussi.
Si vous avez manqué l’épisode précédent…
Il y imaginait des araignées devenues intelligentes grâce par un nanovirus créée par une scientifique, Avrana Kern. Celle-ci avait été envoyée par la Terre pour terraformer des planètes mais la civilisation humaine s’est effondrée suite à des guerres nucléaires. Des siècles plus tard, des humains arrivent pour coloniser la planète et la rencontre entre les deux civilisations est… explosive. Kern, devenue une IA, finit par concilier les deux espèces…
Après les araignées, les poulpes !
D’autres vaisseaux avaient été envoyés par la Terre à la recherche de planètes terraformables. L’Égéen avait été ainsi envoyé dans un système doté d’une planète habitable, Nod. Mais il s’y trouve une forme de vie. Ils décident donc de terraformer la planète sœur, qu’ils nomment Damas. À bord de l’Égéen se trouve le docteur Disra Senkovi qui élève des poulpes génétiquement modifiés. Ceux-ci ont pour mission à terme d’aider l’humanité à coloniser la planète. Mais la guerre éclate, un virus informatique manque de détruire l’expédition. Senkovi et ses collègues continuent leur entreprise de terraformation, persuadés d’être les derniers humains de l’univers. Puis ils décident de descendre sur Nod, la planète qui abritait de la vie et sont contaminés par un organisme extraterrestre.
Des millénaires plus tard, une expédition composée d’araignées et d’humains embarqués sur le Voyageur, sous la bienveillante férule d’une copie de l’IA Avrana Kern, arrive dans le système. Les poulpes les attaquent aussitôt…
Un deuxième roman moins réussi que le premier
Dans les profondeurs du temps a reçu le prix de la British Science-Fiction Association en 2019. On est assez ravis de se confronter à l’univers d’Adrian Tchaikovsky. L’auteur nous transporte chapitre après chapitre, d’une époque à une autre (à travers les millénaires) vase son roman sur une question : comment des espèces radicalement différentes peuvent-elles communiquer ? La première réponse sera de dire que c’est loin d’être simple. Mais, si ce roman foisonnant est très ambitieux, il pêche aussi par sa complexité : le lecteur se perd entre les époques, entre le passé et le présent, entre l’histoire des scientifiques de l’Égéen et ceux du Voyageur. Point positif, il réussit à nous faire peur à un moment avec une sous-intrigue évoquant directement The Thing de John Carpenter : quelle aventure (ceux qui liront le roman comprendront) !
Dans les profondeurs du temps plaira à la plupart des admirateurs de Dans la toile du temps. On espère cependant que le prochain roman d’Adrian Tchaikovsky sera plus maitrisé.
Sylvain Bonnet