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Aldébaran

Léo (Scénariste, Dessinateur, Coloriste)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 30/11/2004  -  bd
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Aldébaran

Léo, de son vrai nom Luiz Eduardo de Oliveira, est né au Brésil en 1944. Après des études d’ingénieur, il fuit une première fois son pays alors sous la dictature militaire, pour se retrouver au Chili. Un an après c’est le coup d’état qui fait tomber Allende. Une nouvelle fuite en Argentine avant de retourner à Sao Paulo clandestinement en 1974. Il s’installe en France en 1981 et commence à publier quelques histoires dans L’Echo des Savanes et Pilote. Sa rencontre avec Jean-Claude Forest est déterminante, grâce à lui, il réalise régulièrement des histoires authentiques pour Okapi. Avec Rodolphe, il crée le personnage de Trent en 1991, et c’est à cette occasion qu’il rentre dans la maison Dargaud qu’il ne quittera jamais. C’est en 2000 qu’il peut enfin mener à bien son projet d’Aldébaran qu’il mûrit depuis des années. Suivront Kenya avec Rodolphe et Dexter London dont il confie les dessins à Sergio Garcia. Aldébraran est le point de départ de ce qui deviendra Les Mondes d’Aldébaran qui comprendront trois cycles. Cette intégrale réunit donc les cinq albums du premier cycle. Le second est le cycle de Bételgeuse qui sera prochainement suivi d’un troisième : Antarès. L'intégrale bénéficie d’une préface de Jean Giraud alias Moebius.

Chronique d’Aldébaran

2184, cela fait un siècle qu’une colonie de Terriens s’est installée sur la planète Aldébaran 4. Le contact avec la Terre a été interrompu depuis longtemps et les colons vivent maintenant comme des autochtones. Mais un siècle c’est court pour découvrir tous les secrets de cette nouvelle Terre. Un nestor, animal amphibien, vient s’échouer sur une plage du paisible village d’Arena Blanca. Dans le même temps, la mer semble s’être vidée de ses poissons, un pêcheur et ses deux fils s’en reviennent bredouille. Alors qu’ils rentrent, ils trouvent un poisson gigantesque qui ne vit habituellement que dans les profondeurs de l’océan. Pourquoi cet animal que personne n’a jamais approché est-il venu mourir à la surface ? Les événements se précipitent, l’eau de la mer se transforme en gélatine épaisse et le village a été ravagé par une substance qui détruit tout ce qu’elle touche. Seuls survivants Marc et Kim vont tenter de trouver les explications à tous ces étranges phénomènes.

Un charme suranné pour une bande dessinée culte

Comme le dit si bien Jean Giraud dans la préface « Unes des sectes les plus sympathiques et inoffensives qui soient est celle des adorateurs d’Aldébaran. ». Cette série de science-fiction entièrement réalisée par Léo est devenue aujourd’hui culte. Elle est une référence et détonne dans le paysage de la S-F. Pourquoi ? Parce qu’Aldébaran ne décrit pas un monde à feu et à sang, un monde ruiné et stérile, parce qu’elle ne parle pas de haine et de guerre mais de paix, d’harmonie, de douceur. Bien qu’une tyrannie a été installée sur cette planète, que le pouvoir en place tente par tous les moyens de continuer à régner en maître et de contrôler la population, Léo met en avant des valeurs positives et offre à l’humanité une deuxième chance. Ses personnages ne sont pas des héros, ce sont des êtres de chair et de sang, des gens ordinaires pour des situations extraordinaires et qui tentent de faire au mieux. Les vrais héros ne sont-ils pas ceux que rien ne laissait présager qu’ils auraient un destin exceptionnel. C’est le cas de Kim et de Marc, le narrateur. Il se retrouvent au cœur du mystère grâce à leur rencontre avec les deux biologistes qui ont découvert en premier la mantrisse, cet être intelligent et étrange dont les desseins sont inconnus.

Avec une douce malice, Léo nous entraîne donc dans son monde, on se laisse happer par ses pages, on s’émerveille, on se glisse avec volupté entre les cases savoureuses d’Aldébaran. Loin des violences de notre Terre, Léo nous offre une terre vierge à explorer avec lui, à découvrir lentement, doucement, sans heurt, sauf ceux que la dictature impose. Un bestiaire fabuleux est créé par Léo pour cette série. Son imagination sans limite lui permet de concevoir des créatures aussi improbables que poétiques. D’ailleurs l’univers entier de Léo est d’une douceur et d’un calme apaisant. Même lorsqu’il y a combat, tout se joue sur une fragilité, comme un rêve que l’on ne voudrait pas brisé. Le voyage auquel vous invite Léo vous le vivrez tout éveillé, absorbé par les cases au charme suranné et délicieux d’Aldébaran. On aimerait que le voyage devienne réalité, touché du doigt la bête fabuleuse, la mantrisse, cet être intelligent venu de la mer.

Le trait minimaliste et la précision de Léo est un enchantement pour les yeux, et sous ce long poème, il ne faudrait pas oublier la portée écologique d’Aldébaran. L'auteur a une vision du monde dans lequel l’homme serait en symbiose avec son environnement, où il ne chercherait pas à détruire mais se contenterait de sa beauté. Une œuvre culte, on vous le disait que toute bibliothèque digne de ce nom se doit de posséder.

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