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Algernon, Charlie et moi - Trajectoire d'un écrivain

Daniel Keyes ( Auteur), Henri-Luc Planchat (Traducteur), Flamidon (Illustrateur de couverture)
Langue d'origine : Anglais US
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/03/2011  -  livre
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Algernon, Charlie et moi - Trajectoire d'un écrivain

En écrivant en 1966 le roman Des fleurs pour Algernon, Daniel Keyes signait une des œuvres les plus marquantes de la littérature de science-fiction. L'histoire de Charlie Gordon et de la souris Algernon a ému des générations de lecteurs. Comme pour bien des livres célèbres, le processus qui a abouti à son écriture n'est pas sans intérêt, et Algernon, Charlie et moi le montre bien.
Daniel Keyes prend donc sa plume, en 1999, pour raconter ses débuts d'auteur, qui seront marqués par l'idée, puis l'écriture d'une nouvelle qui reçut, en 1960, le prix Hugo. Ce n'est que douze ans plus tard que la France peut enfin découvrir cet essai, qui est l'une des deux premières parutions de la collection des Nouveaux Millénaires chez J'ai Lu (avec Idlewild de Nick Sagan). En prime, ce document est accompagné de la nouvelle originale, parue pour la première fois en 1959 et dont la dernière publication en France datait de 1984.

Au commencement était Keyes
 
À travers cet essai de deux cents petites pages, Daniel Keyes ne fait pas que raconter comment lui est venue l'idée de Des fleurs pour Algernon : il se raconte lui-même. Le lecteur va donc, au fil des pages, découvrir les aspirations d'un homme né en 1927, destiné à être médecin, mais que sa vocation poussera à mener une vie tournée vers la littérature, et notamment de science-fiction. Daniel Keyes deviendra ainsi éditeur de pulps, puis occupera des places de maître de conférences dans diverses universités, afin de gagner sa vie. Car même s'il fut l'auteur d'un roman célèbre dans le monde entier, adapté au cinéma, à la télévision et même en comédie musicale, il n'a jamais vraiment gagné sa vie grâce à l'écriture, à l'instar de bien des écrivains. Cela sans doute aussi parce que Keyes n'est pas un écrivain prolifique (une dizaine de nouvelles éditées, et quelques romans dont on ne connaît en France, outre Des fleurs pour Algernon, que ceux de la série Billy Milligan).
C'est cette trajectoire d'un auteur que le lecteur peut donc découvrir dans ce livre, ce récit de la naissance d'un écrivain, l'explication du processus « keyesien » de création de nouvelles. Avec sa maîtrise de l'art du récit, Daniel Keyes passionne en décrivant son obnubilation pour le métier d'écrivain, ses expériences de jeunesse qui inspireront son œuvre future, la façon dont il a appris à raconter des histoires. Le lecteur découvrira notamment qu'à aucun moment Keyes ne parle de talent, de don pour l'écriture. Il parle d'apprentissage, de travail, d'imitation de grands auteurs – pour les débuts. L'écrivain en herbe trouvera deux ou trois conseils bien utiles dans ce témoignage d'un grand auteur.
 
Plus que l'histoire de la naissance d'un roman
 
Découvrir comment est né un livre comme Des fleurs pour Algernon est certes d'un intérêt fondamental mais, il n'y a pas là, forcément, au premier abord, de quoi enthousiasmer outre mesure.
Évidemment, Daniel Keyes réussit, l'air de rien, à raconter à la manière qu'il a de le faire dans son célèbre roman, une histoire captivante, à provoquer chez le lecteur une émotion qui le fait adhérer sans retenue au propos. Toutefois, pour produire deux cents pages sur la naissance d'une idée de nouvelle, sur la manière dont il l'a couchée sur le papier et de quelle façon il l'a étoffée pour qu'elle devienne roman, Keyes aurait pu gonfler ennuyeusement son discours. Il n'en est rien, car le récit qu'il nous livre n'est pas seulement cela, c'est aussi un témoignage sur le monde de l'édition du milieu du XXe siècle, sur la vie artistique d'une Amérique de l'après-guerre jusqu'à aujourd'hui – avec toujours, bien sûr, en fil rouge, Algernon, Charlie et leur auteur – qui permet à ce livre de devenir encore plus intéressant.
Quant à la dernière partie du livre, qui traite des adaptations du roman à l'écran (grand et petit) et en comédie musicale, elle reste intéressante pour l'illustration qu'elle fournit de ce que représente pour son auteur l'évolution de son œuvre vers d'autres supports, cela même si elle est juste assez courte pour ne pas ennuyer.
 
Le livre se termine avec la nouvelle originale Des fleurs pour Algernon, qu'il est également intéressant de comparer au roman pour se rendre compte du travail énorme de l'auteur qui augmente un texte, tout en montrant que, finalement, le principal était déjà dans la nouvelle : l'idée, l'écriture, l'émotion.
 
Algernon, Charlie et moi est donc un essai à découvrir, pour le passionné de littérature – de genre comme générale – qui s'intéresse à l'envers du décor, aux auteurs derrière les livres. Il ne doit pas s'arrêter à la couverture, qui reste globalement ordinaire, surtout si on la compare à celles des différentes éditions du livre chez le même éditeur, signées Tibor Csernus puis Eikasia. Ce livre est une des bonnes surprises de ce printemps, avec lequel la collection Nouveaux Millénaires commence fort bien.

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