Victor Dixen est déjà l’auteur d’une tétralogie, Le cas Jack Spark, qui a remporté le prix de l’imaginaire 2010 « Etonnants voyageurs ». Né d’un père danois et d’une mère française, il a beaucoup voyagé et s’est installé à Singapour. Il souffre d’insomnies, ce qui lui permet de mettre à profit ses nuits pour écrire. Les personnages principaux de ses œuvres ont souvent un côté sombre, presque monstrueux, et luttent pour garder le contrôle d’eux-mêmes. C’est précisément le cas de Blonde, l’héroïne d’Animale, la Malédiction de Boucle d’Or.
L’éveil d’une héroïne hybride.
Blonde est une orpheline de seize ans, élevée par les sœurs dans le couvent des ursulines. Depuis son enfance, les sœurs l’obligent à porter des lunettes teintées et à dissimuler sa chevelure d’or sous un bonnet ou attachée en chignon serré. Sa vie morne semble toute tracée jusqu’à ce qu’un vieil homme surgisse au beau milieu de la nuit pour lui remettre un dossier rouge, contenant des documents liées à la mystérieuse disparition d’une jeune femme, Gabrielle de Brance. Intriguée, Blonde plonge dans le passé de Gabrielle, et mène à son tour l’enquête. Elle va alors découvrir des vérités qui vont éveiller en elle sa vraie nature…Une nature monstrueuse.
Un agréable mélange d’Histoire, de contes, de romance, d’aventure et de fantastique.
Victor Dixen réinterprète ici le conte de Boucle d’Or et les Trois Ours en lui donnant une enclave historique (époque napoléonienne) et en tissant une véritable trame tout autour du personnage de « Boucle d’Or », lui donnant beaucoup plus de profondeur. Le résultat est très positif.
L’action démarre rapidement, avec le personnage de Blonde qui mène l’enquête sur Gabrielle. Les rebondissements s’enchaînent, la quête commence, et l’on plonge dans l’aventure, très facilement. Le rythme est entraînant, le style d’écriture très plaisant.
L’auteur accorde également une place importante à l’Histoire. Il donne beaucoup de précisions historiques pour donner à son récit une résonance réaliste. On y trouve également des traces de mythologie nordique, pour parfaire le syncrétisme de l’œuvre.
Un récit construit par étapes qui débouche sur une conclusion trop rapide.
Le roman se découpe en quatre parties, correspondant chacune à une étape du récit. Les deux premières sont narrées à la troisième personne, nous permettant de suive Blonde dans sa quête de vérité et d’assister à son émancipation. La troisième partie est racontée du point de vue de Blonde, sous forme de journal intime, avec un aspect plus introspectif sur ses sentiments. Dans la dernière partie, nous suivons un tout autre personnage, pour le dénouement final. Ce changement peut paraître déstabilisant au premier abord mais il n’en sert que mieux l’intrigue principale.
Ce choix permet également de donner une profondeur psychologique à l’œuvre, avec le ressenti de l’héroïne, ses doutes, ses angoisses et son évolution personnelle.
On regrette cependant quelques longueurs, surtout dans la troisième partie, et une conclusion beaucoup trop rapide, après tout le chemin parcouru, ce qui laisse le lecteur perplexe. On apprécie néanmoins la construction globale, et le fait qu’il s’agisse d’une œuvre finie, aboutie.
Il faut noter également que le roman est particulièrement bien servi par une magnifique illustration de Mélanie Delon, qui intrigue et attire le lecteur.
Pour résumer, Animale est un roman surprenant et entraînant, mêlant fantastique et réalisme, conte et Histoire, aventure et introspection. Un très bon moment de lecture pour les adolescents et les adultes qui aiment replonger dans les contes, et les voir sous un nouveau jour.