Un auteur béni des dieux
On ne peut pas dire que Jeff Vandermeer ne soit pas béni des dieux. Après un recueil de nouvelles intitulé La cité des saints et des fous (Calmann-Lévy, 2006), Annihilation, premier volet de la trilogie du Rempart Sud, obtient à la fois le prix Nebula et le prix Shirley Jackson en 2014. Suivront ensuite Autorité et Acceptation. Rappelons qu’Annihilation a bénéficié d’une adaptation cinématographique sous la houlette d’Alex Garland, financé par Netflix, avec Nathalie Portman. Mais au fait, de quoi ça parle ?
S’enfoncer dans l’inconnu
Elles sont quatre (une biologiste, une anthropologue, une psychologue et une géomètre) et forment la douzième expédition à pénétrer dans la Zone X : il s’agit d’une étendue en proie à des phénomènes étranges et devenue impropre à la vie humaine (mais pas animale). Narratrice des événements, la biologiste est très vite contaminée par des spores, chose qu’elle décide de cacher à ses collègues. Mais bientôt l’anthropologue disparaît et la psy semble très mal à l’aise. L’ambiance dans l’équipe se dégrade tandis que la biologiste découvre dans un escalier souterrain le corps de l’anthropologue, détériorée par la flore du coin. Que s’est-il passé ? Les phénomènes inexpliqués vont se succéder…
Les raisons d’un succès
Sur une trame dont certains éléments rappellent le film Monsters de Gareth Edwards sorti en 2010, Jeff Vandermeer réussit à mélanger le récit de la progression vers l’étrange (même si l’origine de la Zone X reste inexpliquée) et le récit intime de la biologiste. On y apprend que son mari a fait partie d’une précédente expédition et qu’il est revenu de façon inexplicable (mais était-ce vraiment lui ?). Franchement, c’est bien fait et très habile. Si le début est laborieux, on gagne au fur et à mesure en mystère et en qualité. Très bonne construction pour un roman au final très singulier.