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Anthologie des dystopies - Les mondes indésirables de la littérature et du cinéma par Jean-Pierre Andrevon
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Anthologie des dystopies - Les mondes indésirables de la littérature et du cinéma par Jean-Pierre Andrevon

A l'occasion de la sortie le 20 février de l'Anthologie des dystopies - Les mondes indésirables de la littérature et du cinéma, aux éditions Vendémiaire, Jean-Pierre Andrevon revient sur l'écriture de cet ouvrage.

Actusf : L’Anthologie des dystopies - Les mondes indésirables de la littérature et du cinéma est sortie dernièrement aux éditions Vendémiaire. Quelle a été l’idée à l’origine de ce projet ?

Jean-Pierre Andrevon : En 2013, les éditions Rouge Profond ont publié mon Encyclopédie Cent ans et plus de cinéma fantastique et de science-fiction, que j'avais mis 10 ans à écrire et qui a eu du mal, vu son poids, a trouver un éditeur. Le pli était pris, j'ai par la suite, chez Vendémiaire cette fois, publié en 2018 une Encyclopédie de la guerre au cinéma. Qu'a suivi donc cette encyclo (qui n'en est pas vraiment une) sur les Dystopies, et que suivra en juin, toujours chez le même éditeur, un Tarzan. Pourquoi cette boulimie ? Parce qu'il s'agit de sujets qui m'ont toujours intéressé, accompagné, en cinéphile acharné que je suis. Et sans doute, après quelques 170 ouvrages de fiction, je me suis senti poussé à, non pas tourner la page, mais à traiter autrement mes centres d'intérêt.

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son contenu ?

Jean-Pierre Andrevon : J'ai voulu, de manière synthétique et il va de soi incomplète, tracer un panorama du genre, aussi bien en littérature qu'au cinéma (et même parfois en bandes dessinées) des principales œuvres traitant de la dystopie, à commencer par les utopies des XVIe et XVIIe siècles, à commencer par l'Utopie de Thomas Moore qui, si on la lit bien, est déjà une dystopie. Et en allant jusqu'à aujourd'hui, où la science-fiction à pris le relai, dès Le monde tel qu'il sera d'Émile Souvestre en 1846) – et en classant par sous-genres les différentes sociétés totalitaires mis en scène par les auteurs et les réalisateurs : la dictature militaire, la religion totalitaire, le règne des robots, etc.

Actusf : Y-a-t-il des thématiques incontournables dans les dystopies ? Ont-elles évoluées avec le temps ?

Jean-Pierre Andrevon : De manière synthétique, doit-on modeler l'homme comme le fait Aldous Huxley dans Le Meilleur des mondes (et avec la génétique ou le transhumanisme, jusqu'où peut-on aller?) soit on l'asservit par la culture, ainsi que l'a bien compris George Orwell dans 1984, où les mots disparaissent ou perdent leur sens. Mais s'il y a un changement, ou au moins une évolution, c'est dans le fait que les gens s'habituent, acceptent qu'on fasse « leur bonheur » sans leur demander leur avis. La majorité des Allemands a soutenu Hitler jusque dans les ruines de Berlin, et combien de millions de Russes ont pleuré à la mort de Staline ?

Actusf : Pour vous, les dystopies sont-elles une façon d’illustrer le monde dans lequel on vit ? De le dénoncer ?

Jean-Pierre Andrevon : Je pense qu'on vit de plus en plus dans un monde dystopique, effectivement. Avec pour dictateurs invisibles la consommation, le tout connecté, le tous connectés. La majorité des gens ne se rendent pas compte qu'ils sont contraints, et c'est pour ça que ça marche.

Actusf : Qu’est-ce qui pour vous fait une bonne dystopie ?

Jean-Pierre Andrevon : Qu'on y croie. A savoir, c'est affaire de talent car il n'est bonne histoire qu' histoire bien racontée.

Actusf : Avez-vous un roman dystopique préféré ? Pour quelles raisons ?

Jean-Pierre Andrevon : Incontestablement 1984. D'abord parce que j'ai une admiration profonde pour George Orwell, dont il ne faut pas oublier qu'il a fait la guerre d'Espagne et a failli y laisser sa peau, et qu'il a tout compris des mécanismes de la dystopie (la dictature) qui ne dit pas son nom ? Rappelez-vous la dernière phrase du roman : «Il (Winston Smith) a remporté la victoire sur lui-même. Il aime Big Brother.»

Actusf : Un film ?

Jean-Pierre Andrevon : Métropolis parce que c'est Fritz Lang, et parce que c'est la première dystopie filmée. Le hasard (mais en est-ce un?) est que le scénario soit signé Thea von Harbou, à l'époque femme de Lang, et qui se livrera corps et âme au nazisme.

Actusf : Les Enfants de Pisauride vient de reparaître aux éditions H&O. Pouvez-nous en parler ?

Jean-Pierre Andrevon : Le roman d'origine date de 1975 et fut publié au Fleuve noir sous le pseudonyme que j'utilisais alors : Alphonse Brutsche. Je l'avais écrit pour la collection « Angoisse », qui a entretemps cessé ses parutions, ce qui fait qu'il a atterri dans la collection « Les lendemains retrouvés » Son premier titre était Purulence mais, avec raison, André Richard n'en a pas voulu.

Actusf : Avez-vous eu des sources d’inspiration en particulier, littéraire ou/et cinématographique pour ce roman ?

Jean-Pierre Andrevon : Je considère ce roman comme une série B (ce qui n'a rien d'infamant) et, comme il était destiné à « Angoisse », je l'ai écrit dans la continuité et le style de mes précédents ouvrages dans la collection, Le reflux de la nuit ou Une lumière entre les arbres, avec le secret espoir d'égaler mon maitre d'alors en la matière : Kurt Steiner. Mais en même temps, en écologiste de toujours que j'étais déjà, et déjà anti-nucléaire, j'y ai traité en sous-main les dangers de l'atome qu'on dit civile.

Actusf : Qu’est-ce que cela fait de le voir réédité ? Avez-vous retravaillé le texte à cette occasion ?

Jean-Pierre Andrevon : Ce que cela fait ! Comme évoqué ci-dessus, ma bibliographie se monte à plus de 170 ouvrages, tous genres confondus. Et combien de titres peut-on trouver aujourd'hui en librairie ? Peut-être 5 ou 6. La déperdition est sévère, non ? Alors chaque réédition est un bonheur. Pour celle-ci, je l'ai comme on dit revu et corrigé, spécialement concernant des aspects techniques qui dataient un peu.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Jean-Pierre Andrevon : J'ai commencé conjointement deux autres études : une encyclopédie des Catastrophes et Cataclysmes sur le modèle des Dystopies, et un livre sur la sf écrite telle qu'elle a été publiée en France essentiellement entre les années 50 et 2000. Qui sera partielle et partiale et fera j'espère grincer des râteliers. Ai-je pour autant abandonné la fiction ? Non, mais un éditeur que je nommerai pas, a dans ses tiroirs, depuis plus de deux ans, un gros roman entre politique fiction et... la dystopie, Albion. Alors j'attends, et en attendant, j'écris aussi des nouvelles dispersées de ci de là.

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?

Jean-Pierre Andrevon : On ne peut pas : je travaille.

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