Walter Jon Williams n'a certainement pas chez nous toute la popularité qu'il mérite, et peut-être que la présente réédition aidera à palier cette injustice. Habitué du grand écart, il nous perd cette fois aux confins du western moderne et de l'anticipation.
La fin de la mine, la fin de la ville...
Atocha est une petite ville du Nouveau-Mexique, fondée jadis par une secte d'inspiration mormone, et qui ne vit que par la grâce de la mine de cuivre Riga Frères. On lui a tout sacrifier à la mine. On a même reconstruit la ville un peu plus loin, pour ne pas gêner l'exploitation. On l'a reconstruite comme un futur glorieux, dans ce style avant-gardiste des années trente, qui vous faisait ressembler les maisons à des vaisseaux spatiaux. Et justement la mine vient de fermer. Le désœuvrement des chômeurs, cette amertume qu'ils ressassent devant une bouteille de whisky, la violence du monde qui finit par rejoindre cette bourgade perdue en plein désert du Middle-West, voilà qui va donner du travail à Loren Hawn, le chef de sa police. Lui qui depuis trente ans s'applique à servir sa communauté, à faire d'Atocha un endroit où vivre en paix, voit sa ville agoniser lentement, sans autre espoir que celui, bien mince, d'un avenir rendu radieux par les investissements locaux du LTA tout proche. Le Laboratoire de Technologies Avancées, qui reste désormais la seule grosse entreprise du coin, mais qui vit en autarcie, et qui a même son propre chef de la sécurité. Il s'annonce bien sombre le futur d'Atocha, Nouveau-Mexique. Il faut dire qu'ici, le futur ce n'est pas la spécialité. On reste plutôt branché passé. Ici on dit "tradition".
Pourtant, cet homme blessé à mort qui s'en vient agoniser dans les bras du chef Hawn, ce dimanche-là, il ne vient pas d'une quelconque tradition, mais bel et bien du passé. Loren Hawn en est convaincu. Et pourtant il sait que c'est impossible, parce que c'est lui, 20 ans plus tôt, qui a ramassé son cadavre sur le bord d'une route du comté. Il en jurerait, c'est bien Randal Dudenhof qui vient de mourir dans ces bras ce soir, et pour la seconde fois.
Un roman atypique
Plus polar que S.F, plus tekno que voyage dans le temps, Sept Jours Pour Expier, est un roman atypique. Williams nous entraîne dans cette ville avec la nonchalance qui sied à un bled paumé du Middle West. On pourrait s'y ennuyer, mais on se laissera plutôt gagner par ce style précis et un peu laid back, comme disent les musiciens du cru. On se laissera surprendre par les coups de sang du chef Hawn, et on n'en reviendra pas de s'identifier à ce personnage complexe, ce gros con réac mais attachant, ce plouc matois et violent. On pense à un James Caan rigide et brutal, dans un univers qui évoque tout à la fois Le Continuum Gernsback de Gibson et les polars navajos de Tony Hillerman. Un mélange des genres plutôt original et bien amené qui vous gagnera comme un voyage, et vous laissera peut-être les même souvenirs de dépaysement.
Imaginales 2025