Né en 1970, Stéphane Douay a fait une première incursion dans la bande dessinée avec Don Quichotte dans la Manche aux éditions Vents d’Ouest. Une expérience qu’il a renouvelé en se lançant dans la série Matière Fantôme accompagné d’Hugues Fléchard. Ce dernier a également scénarisé MR. DEEDS aux éditions Emmannuel Proust en compagnie d'Olivier Cinna pour les dessins.
Dans le grand Vaisseau
Dans le Grand Vaisseau, ils sont désormais des milliers à cohabiter. Elle est bien loin la solitude du premier homme que l’on avait suivi dans l’album Alpha. C’est toute une société qui a vu le jour, célébrant régulièrement sa mémoire. Mais cette société est très encadrée et très rigide. Au point que certains ont envie de se rebeller, notamment pour obtenir le droit de procréer eux-mêmes, un acte rigoureusement interdit à bord du Grand Vaisseau. Les naissances ne s’y font que par clonage... La révolte gronde...
Excellent
Une société autoritaire, une rébellion qui s’organise. Le scénario de ce deuxième tome de Matière Fantôme a une intrigue plutôt classique pour une BD de science fiction. Ce serait gênant s’il n’y avait pas le cadre de l’histoire. Hugues Fléchard mélange en effet à son récit des éléments parfois mystiques qui liés au premier album sont carrément jubilatoires car ils nous apportent un flot d'informations sur le "Grand Vaisseau" et sur le premier tome. Celui-ci prend alors une autre dimension. Autre plus, l'imagination du scénariste. Il parvient à distiller dans les planches quelques trouvailles et ce qu’il faut d’onirisme pour inviter au rêve. On pense notamment à ces salles mystérieuses et gigantesques qui apparaissent dans le vaisseau. Ce sont de véritables territoires à explorer pour les héros. C’est assez remarquable. Et pour compléter le tout, il soulève au passage des questions existentielles sur la maternité et la reproduction en les traitant avec adresse. Cela donne une certaine profondeur à l’album malgré peut-être quelques longueurs. Côté dessin, le style de Stéphane Douay est plutôt réaliste et classique. On aura du mal à se pâmer devant ses planches même s’il faut lui reconnaître une certaine efficacité au niveau de la narration. Son style sert bien l’intrigue.
Avec ce deuxième tome, les deux auteurs confirment le statut atypique de cette série. Un cycle de science fiction avec ce qu’il faut de réflexion et de mystère pour qu’on le mette dans le haut du panier. Il mérite que l’on s’y attarde.
La chronique de 16h16 !