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Le Grand Livre de Mars

Michael Moorcock (Préface), J-S. Rossbach (Illustrateur de couverture), Leigh Brackett ( Auteur)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 22/05/2008  -  livre
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Le Grand Livre de Mars

Leigh Brackett est une grande dame de la science-fiction. Née en 1915, elle est décédée en 1978 en laissant derrière elle de nombreux récits de science-fiction, ainsi que des scénarios de films célèbres (Le Grand sommeil, Rio Bravo, L’Empire contre-attaque…). Elle fut mariée à Edmond Hamilton et était une grande amie de Ray Bradbury. Elle a inspiré de nombreux auteurs.
Avec Le Grand Livre de Mars, Le Bélial’ permet à chacun de découvrir ou redécouvrir Leigh Brackett et son œuvre martienne.

Contenu

Le Grand Livre de Mars rassemble trois romans de Brackett, plus un recueil de nouvelles :
Dans L’Epée de Rhiannon, Matt Carse, archéologue et chasseur de trésors, est propulsé dans le passé de Mars alors qu’il visite la tombe de Rhiannon. Ce dernier, un ancien dieu de Mars, projette son esprit dans le corps de Carse. A eux deux, ils pourront peut-être délivrer les peuples des Rois de la Mer de la tyrannie des Sarks…
Le Secret de Sinharat est la première aventure d’Eric John Stark, un des héros de prédilection de Leigh Brackett. Il doit s’infiltrer dans les rangs de l’armée de Kynon pour saboter son projet de conquérir Mars.
Avec Le Peuple du talisman, nous retrouvons Stark. Il se rend à la ville de Kushat pour y ramener un talisman volé voilà longtemps par un de ses amis. Cet objet est sensé protéger la cité. Or, elle s’apprête à être envahie par les tribus mekhites…
Les Terriens arrivent, quant à lui, rassemble cinq nouvelles de tailles variables qui complètent la vision de Mars livrée par les trois précédentes aventures.
Une préface de Michael Moorcock rappelle à quel point l’auteur a inspiré d’autres écrivains devenus célèbres.
La postface de Charles Moreau retrace la vie de Leigh Brackett.
Une bibliographie exhaustive de l’œuvre de Leigh Brackett, signée Alain Sprauel, complète l’ouvrage.

Science-fantasy martienne

Les récits de Brackett, notamment ceux rassemblés dans Le Grand Livre de Mars, appartiennent à un sous-genre de la science-fiction généralement dénommé science-fantasy.
En effet, si les aventures écrites par l’auteur se situent dans le futur (le XXIe siècle), la technologie est peu présente, du moins sous une forme qui nous est familière. Pas de vaisseaux, peu d’armes laser ou autres équipements électroniques. Par contre, il y a profusion d’engins fabriqués par des races anciennes, que les gens du XXIe siècle ne peuvent comprendre. Toutefois, à aucun moment, on ne parle de magie. On a affaire à une science, complexe, aux mécanismes incompréhensibles, mais à une science !

Cela dit, les aventures vécues par les héros de Brackett ont ce goût de surnaturel et d’épique qu’ont souvent les récits de fantasy.
Mars est décrite comme une planète de barbares. C’est un monde qui a eu un passé glorieux, à la surface duquel des civilisations grandioses se sont succédé. Et Mars est tourné vers ce passé, non vers un avenir qui ferait basculer ses habitants dans un univers de développement technique. Les différents peuples de Mars se battent encore à l’arme blanche, se déplacent à dos de créatures sauriennes. A l’opposé, les Terriens sont désignés comme civilisés. Ils ont des vaisseaux, des armes radiantes, des combinaisons isolantes, et cetera.
Pour ne pas déséquilibrer le rapport entre le niveau technologique de ses héros (d’origine terrienne) et les Martiens, Brackett se débrouille dans le début de ses romans et de ses nouvelles pour que son personnage principal perde ses armes les plus dévastatrices. Il doit alors se débrouiller avec épées, lances, couteaux et autres armes blanches, comme ses adversaires de la planète rouge.
Leigh Brackett nous propulse donc sur une Mars moyenâgeuse. Ses histoires sont centrées sur des légendes évoquant des races antiques et mystérieuses et les restes étranges de leurs technologies. Indéniablement, le terme fantasy (accolé à science, parce qu’il n’y a pas de magie) définit très bien les œuvres présentes dans Le Grand Livre de Mars. C’est pourquoi les amateurs de science-fiction, et que la fantasy rebute, pourront être déçus par les romans de Brackett.

Trois romans, cinq nouvelles, un même schéma

On ne peut pas dire, en lisant les romans et nouvelles du Grand Livre de Mars, que Leigh Brackett renouvelle continuellement son univers.

D’un côté, c’est une bonne chose, puisque la Mars de L’Epée de Rhiannon est la même que celle du recueil du Secret de Sinharat ou du Peuple du talisman, publiés dix ans plus tard. Autant les lieux, les personnages que l’Histoire de Mars sont d’une cohérence absolue d’un récit à l’autre. C’est sans doute ce qui fait la grandeur de cet univers martien imaginé par Brackett.

D’un autre côté, le lecteur a un peu l’impression de lire la même histoire à chaque fois. En effet, Brackett utilise pour toutes ses histoires un même schéma et des éléments redondants.
Tous ses récits commencent par une situation particulière (déambulation dans les rues obscures d’une ville, poursuite dans le désert…), qui permet de présenter le personnage principal et sa mission dès le premier chapitre.
Ce héros, justement, est presque tout le temps un personnage ténébreux. En général, c’est un voyou, voire un criminel au passé mouvementé. Eric John Stark, par exemple, est un mercenaire qui se vend au plus offrant et nombre de ses relations sont peu recommandables. Le héros « brackettien » est fort, malin et surtout privé des scrupules qui pourraient l’empêcher de tuer ses ennemis et tous ceux qui se dresseront devant lui.
Le héros, malgré toutes ses compétences, a besoin d’alliés. De façon quasi systématique, Brackett choisit une femme séduisante pour jouer ce rôle. Cette dernière avertit le personnage principal des dangers qui le guettent. Elle le guide au sein de la société martienne qui lui est inconnu.
En contrepartie, le grand méchant de l’histoire, ou son bras droit, est une femme. Fière, arrogante, cette femme pour qui le héros est d’abord un cauchemar finira à un moment ou un autre par coucher avec lui.

Les trois romans du Grand Livre de Mars font écho au passé de Mars. Les nouvelles du recueil Les Terriens arrivent s’intéressent un peu plus à la société martienne et aux interactions Terriens/Martiens. Il était indispensable d’avoir une vision différente de Mars et la lecture des nouvelles est rafraîchissante après trois romans se ressemblant beaucoup.
On a tout de même l’impression finale, en achevant Le Grand Livre de Mars, que Leigh Brackett peinait pour inventer des histoires chaque fois différentes.

Un livre gros avant d’être grand

Le Grand Livre de Mars
peut facilement être affublé du titre de gros pavé. Pourtant, même si son épaisseur est impressionnante, il ne faut pas se laisser intimider. Il ne comporte finalement qu’un peu plus de six cent cinquante pages. L’écriture de Brackett, simple, évite que la lecture du Grand Livre de Mars ne soit un marathon littéraire.

Mais encore faut-il que les histoires racontées par l’auteur passionnent le lecteur. Les fans de Leigh Brackett seront évidemment enchantés de trouver une partie de l’œuvre martienne de cette dernière rassemblée en un seul ouvrage.
Ceux qui ne connaissent pas la dame prendront un risque en acquérant Le Grand Livre de Mars. Une découverte de Brackett par l’intermédiaire de publications plus classiques est recommandée. Malheureusement, il n’y a aucune autre édition récente des œuvres de cet auteur.

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