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ITW Stéphanie Nicot
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ITW Stéphanie Nicot

Imaginales 2009 (14 – 17 mai) / Épinal

ActuSF : Tout d'abord comment se portent les Imaginales après quelques années ? Es-tu satisfaite de la tournure des événements ?
Stéphanie Nicot : Unanimement, l’édition précédente a été saluée comme une réussite exceptionnelle. Le festival, voulu par la ville d’Épinal, pensé et construit dès le début par une équipe soudée, prend désormais une ampleur croissante avec des partenaires éditeurs de plus en plus nombreux et investis, des écrivains motivés pour venir de toute la France (notre TGV Est nous y aide !), mais aussi d’Europe, du Canada et des États-Unis, avec des initiatives de plus en plus originales. Mais l’esprit des débuts est toujours là : les imaginaires dans tous leurs états, une volonté de décloisonner les genres, une proximité auteurs / public et la convivialité spinalienne de l’accueil qui fait aussi notre réputation.

ActuSF : Quelles ont été les rencontres qui t'ont le plus marquée au fil des années ?
Stéphanie Nicot : La prochaine ! Sérieusement, sans vouloir me limiter à ce genre de réponse convenue, le festival est toujours en éveil et en attente de rencontres nouvelles. C’est ça, l’esprit Imaginales : une ouverture aux autres, une envie de partager, une réactivité, une écoute (si vous avez des idées à nous soumettre, des écrivains à nous signaler : n’hésitez pas !). Mais bien sûr, il y a la « dream team » des premières années, ceux qui ont essuyé les plâtres et qui ont depuis leur « rond de serviette » aux Imaginales : Ayerdhal, Francis Berthelot, Alain Grousset, Johan Heliot, Jean-Claude Dunyach… Et des auteurs qui, dès le premier contact, vous sidèrent par leur gentillesse comme Robin Hobb, une habituée du festival.

ActuSF : Quelles sont les forces, selon toi, des Imaginales ?
Stéphanie Nicot : La sincérité dans tout ce que nous faisons, si tu veux parler du climat que la Ville tient à préserver malgré l’ampleur croissante du festival, et l’enthousiasme que l’équipe fait régner. On aurait tort de l’oublier, le festival c’est évidemment l’envie et les moyens mis en œuvre par la Ville d’Epinal et ses partenaires institutionnels, les compétences des professionnels qui y travaillent toute l’année, la mobilisation de tout le personnel municipal. Mais c’est aussi une équipe exceptionnelle de spécialistes que toutes les manifestations nous envient, à commencer par nos fidèles et brillants traducteurs, Lionel Davoust et Sylvie Miller en particulier, nos amis journalistes et critiques spécialisés, présents au jury des Imaginales et/ou volontaires pour animer des débats et tables rondes ; je songe à Jacques Baudou (Le Monde), à Olivier Delcroix, Christophe de Jerphanion (Radio Bleu) et à Jean-Claude Vantroyen (Le Soir). Je ne peux les citer tous, mais vous retrouverez l’équipe 2009 sur le site des Imaginales…

ActuSF : Les Imaginales est le plus gros événements fantasy en France. Comment se porte selon toi le genre dans l'hexagone ?
Stéphanie Nicot : De mieux en mieux ! Évidemment, on a hélas vu disparaître une collection de poche en 2008, et le risque de surproduction existe ; mais dans une période difficile, où chacun fait des choix, le livre d’imaginaire reste une valeur refuge – au sens fort du terme. La fantasy nous fait rêver, et c’est sans doute ce qui explique son succès phénoménal à un moment où, plus que jamais, nous en avons besoin ! Ce qui me frappe aussi, c’est la qualité croissante des romans francophones. Gagner la guerre, le premier roman de Jean-Philippe Jaworski (le « coup de cœur » des Imaginales 2009), est une leçon de littérature qui en remontre au meilleur des professionnels. On pourrait aussi citer le Maïa Mazaurette, original en diable, et on me dit le plus grand bien du dernier Pevel, qui doit sortir à l’occasion des Imaginales…

ActuSF : Et est-ce qu'il pourrait y avoir d'autres manifestations du même genre ailleurs ?
Stéphanie Nicot : Si des festivals du même type pouvaient se créer en Europe, on serait ravis de pouvoir apporter notre savoir-faire et bâtir des partenariats ! Je suis d’ailleurs persuadée que les bonnes idées finissent toujours par se copier, et c’est tant mieux pour le dynamisme européen du genre.

ActuSF : Comment se présente l'édition 2009, quelles sont les premières pistes ? Y'aura-t-il des nouveautés cette année ?
Stéphanie Nicot : La huitième édition des Imaginales se prépare activement, entre continuité et évolutions. Ce qui ne change pas, c’est le lieu (Les jardins du Cours, tout près de la Préfecture et du centre ville, le long des « gravots » de la Moselle). Et la convivialité que chacun relève et qui fait l’unanimité chez nos invités, nos partenaires et tous les festivaliers.
Les Imaginales vont d’ailleurs s’inviter plus encore au cœur de la ville, le soir par exemple, pour distiller des bribes d’imaginaire dans les restaurants (dans les restaurants partenaires d’Épinal, on accueille les auteurs et on expose les illustrateurs) et dans les bars.
On pourra entendre quelques accords de saxophones là où on ne s’y attendrait pas, voire demander à la générosité spinalienne de secourir des princesses de fantasy en détresse… Tout en se gardant, malgré tout, la nuit venue, des loups-garous et autres mutants louches. Qu’on se rassure : avec l’arrivée en force du roman historique, le guet veillera sur votre repos : dormez tranquilles, festivaliers, les Imaginales s’apprêtent à jeter sur la ville un manteau enchanté…

ActuSF : Peux-tu nous révéler déjà quelques invités ?
Stéphanie Nicot : La liste intégrale sera en ligne sur le site des Imaginales dans les jours qui viennent (ce sera peut-être déjà fait au moment où cette interview paraîtra)… Mais je peux, en avant-première, donner aux visiteurs du site ActuSF (nous ne sommes pas partenaires pour rien !) des noms qui traduisent la dimension internationale accrue du festival, l’ouverture aux romanciers hors littératures de genre, au roman historique. Pour aller vite, citons Céline Minard, Mathias Énard, Mélanie Fazi, Anne-Marie-Garat, Michel Jeury, Sire Cédric… Et au titre de leur première venue dans un festival français : David Anthony Durham (l’auteur de la série Acacia), Andrzej Sapkowski, la star de la fantasy polonaise, et Barry Cunningham, l’éditeur d’Harry Potter, qui nous parlera du renouveau de la littérature d’imaginaire dans le monde anglo-saxon, mais aussi, bien sûr, de sa première rencontre avec le petit sorcier !

ActuSF : Quelles seront les orientations au niveau des expos et du cinéma ?
Stéphanie Nicot : Accompagner, enrichir et décliner le cœur du festival qui reste et restera le livre et donc l’écrivain. Le cinéma Palace présentera des nouveautés mais aussi des films d’imaginaire récemment distingués dans divers festivals de genre et des classiques indémodables. Et cette année encore, outre la traditionnelle et très appréciée fresque collective des illustrateurs, les Imaginales feront le pari de donner leur chance à de jeunes artistes qui ont déjà un vrai talent et à qui il ne manque qu’un nom ! Sans oublier un projet original, qui se noue entre un écrivain en résidence, dont les textes penchent du côté du réalisme magique, et Gilles Francescano.

ActuSF : Et puis quels sont tes projets personnels ?
Stéphanie Nicot : Je ne pourrais pas les mener à bien avec les Imaginales dont le succès se traduit – mais une directrice artistique heureuse ne va pas s’en plaindre ! – par un travail accru d’année en année. Heureusement, la passion est intacte. Alors laissons un temps mes projets personnels pour évoquer un projet collectif qui nous tenait à cœur, Bernard Visse, le directeur de la culture, et moi-même : associer les Imaginales à un fort projet éditorial. À l’occasion du festival, en collaboration avec les éditions Mnémos, on pourra découvrir « Rois & Capitaines », une anthologie de fantasy que j’ai eu beaucoup de plaisir à réaliser (Qui sait ? Ce sera peut-être un rendez-vous annuel des Imaginales !). Voici, à côté des meilleures plumes du moment, une occasion de découvrir Julien d’Hem, un jeune écrivain qui y fera ses premières armes : si les maîtres de l’imaginaire viennent désormais aux Imaginales, le festival n’en continue pas moins à appuyer les jeunes auteurs qui s’y révèlent d’année en année. C’est le cas de l’auteur de notre affiche 2009, Michel Koch, qui a su nous offrir sa vision inspirée du château d’Épinal !

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