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Dimension Suisse

François Rouiller ( Auteur), Lucas Moreno ( Auteur), Sébastien Gollut ( Auteur), Jean-François Thomas ( Auteur), Vincent Gessler (Anthologiste), Sylvain Demierre (Illustrateur de couverture), Anthony Vallat (Anthologiste), André Ourednik ( Auteur), Sébastien Cevey ( Auteur), Thibaut Kaeser ( Auteur), Robin Tecon ( Auteur), Laurence Suhner ( Auteur), Denis Roditi ( Auteur), Yves Renaud ( Auteur), Daniel Alhadeff ( Auteur), Tom Haas ( Auteur)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 30/11/2009  -  livre
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Dimension Suisse

Grâce à la Rivière Blanche et à ses formidables anthologies russes, espagnoles et sud-américaines, nous avons pu découvrir des textes et des sensibilités venus d'ailleurs. Ce nouveau recueil nous emmène cette fois en Suisse Romande, un pays qui a vu la science fiction faire ses premiers pas avec la genèse de Frankenstein, imaginé par Mary Shelley sur les rives du lac Léman. Vincent Gessler, l'un des deux anthologistes, lui même novelliste, scénariste et auteur de Cygnis, un premier roman très remarqué, signe la préface. Anthony Vallat, quant à lui, est enseignant, auteur d'essais et de nouvelles. Le recueil est complété par une intéressante postface de Jean-François Thomas sur l'histoire de la science-fiction locale. Signalons pour terminer la superbe illustration de couverture de Sylvain Demierre, subtile évocation du drapeau national helvétique.

Des auteurs Romands mais des récits universels.

Vincent Gessler nous averti dans sa préface : hormis le fait que les auteurs y résident, il n'y a rien de typiquement suisse dans ces récits et on remarquera à peine que quelques uns d'entre eux s'y déroulent. Le recueil débute avec Ceux qui marchent, une nouvelle centrée sur une humanité vouée au nomadisme, avant de passer à deux textes radicalement différents, tous deux influencés par le Japon. Cette ville qu'ils appellent Sanzu, relève du fantastique le plus sombre, à la fois triste et morbide, puis Au dessus de Shibuya, un récit dans lequel le réel et le virtuel fusionnent et dont la lecture demande une certaine concentration. Le fantastique revient ensuite avec Puni, une histoire d'enfant martyr plus classique et nous replongeons dans la science-fiction avec Les Miens, une bonne nouvelle évoquant le dilemme qui se pose lors de la terraformation d'une planète extra-terrestre : est-il raisonnable de sacrifier tout un écosystème pour le simple confort des colonisateurs ? Homeostasie poursuit dans cette veine écologique par une illustration de la théorie de Gaïa de James Lovelock et Lynn Margulis, en plus affreux... Jay, le basset et le gitan, pamphlet d'une irrésistible drôlerie, conte les mésaventures d'un gitan obsédé par l'information et ses vecteurs, constitue le coup de cœur du chroniqueur. L'autre moi, une histoire se déroulant en pleine singularité, est également un morceau de choix dans lequel les IA et les nanotechnologies se mêlent de psychanalyse. Divergence, plus romantique, nous ramène au début du vingtième siècle avec un médium et ses incursions rêvées dans un monde ultraterrestre. Dans Remugle en neurocratie, les neurosciences volent au secours d'un régime politique défaillant à l'idéologie pour le moins nauséabonde. Une jeune recrue des troupes d'élite téléportées découvrira, dans Partir, c'est mourir un peu, les risques du métier. Parfois mon reflet, un texte qui explore l'autre côté du miroir, est la dernière nouvelle du recueil, clôturé par un poème d'inspiration intergalactique, J'ai vu des vaisseaux, premier texte publié d'un homme qui écrit pourtant depuis soixante dix ans.

Une anthologie très riche et globalement très réussie.

Du cyberpunk au planet opera, en passant par la politique-fiction, l'écologie et la poésie, de nombreuses facettes de la science-fiction sont abordées et donnent une anthologie particulièrement variée. On pourrait cependant regretter le nombre réduit de textes fantastiques, présents en nombre tout juste suffisant à justifier le sous-titre de l'ouvrage, mais il faut reconnaître qu'il s'agit d'une récrimination mineure, tant les nouvelles de Dimension Suisse sont qualitativement homogènes et on serait bien en peine d'en trouver une pour déparer l'ensemble. La grande diversité des thèmes permet difficilement de détacher objectivement quelques textes de l'ensemble et les lecteurs du recueil y trouveront donc probablement tous de quoi satisfaire leurs attentes et leurs goûts.

Si les éditeurs de la Rivière Blanche poursuivent sur cette lancée, la collection Fusée pourrait bien finir par combler le vide laissé par la disparition du Livre d'or de la science-fiction (Le grand temple de la science-fiction) qui nous avait donné en son temps de remarquables anthologies de science-fiction allemande, russe, italienne...

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