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Atomium-Express

Hubert (Coloriste), Fred Duval (Scénariste), Philippe Berthet (Dessinateur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 28/02/2010  -  bd
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Atomium-Express

1980 est la date à laquelle Philippe Berthet, né vingt-quatre ans plus tôt, commence sa carrière de dessinateur de bandes dessinées. Ses premières planches paraissent dans le magazine Spirou, mais il passe très vite sur des projets BD comme Couleur café (1983),  L'Ombre de la mort (1986), L'Œil du chasseur (1988)... Dernièrement, outre le premier tome de Nico, on compte au nombre de ses parutions Irina, un album de la série XIII Mystery.
Tout comme Berthet, Fred Duval est un acteur chevronné de l'industrie de la bande dessinée. Ce scénariste d'origine normande s'est spécialisé dès ses débuts dans la BD de science-fiction. Il a ainsi imaginé les aventures de Travis, Carmen Mc Callum ou Meteors.

Affaire d'espionnage dans des sixties uchroniques

1947. À Roswell, au Nouveau-Mexique, une soucoupe volante s'écrase. Quelques heures plus tôt, un autre OVNI s'est crashé en Sibérie. La nouvelle est divulguée au public tant par les gouvernements américain que russe. Vingt ans plus tard, l'exploitation industrielle des technologies aliens a transformé la société. Le ciel des villes est sillonné de voitures volantes, des projets de villes sous-marines sont lancés, des trains sont mus par l'énergie atomique, et cætera.
Nico est un agent de la CIA. Cette jeune et superbe femme d'origine allemande se voit confier une mission à Paris, tout près de Berlin où vit peut-être sa mère dont elle a perdu la trace...

Des atouts esthétiques mais un scénario un peu faible

Rien qu'avec sa couverture, mais encore plus, dès qu'on ouvre l'album sur la première page, Atomium-Express interpelle par le style de Philippe Berthet. Il rappelle immédiatement celui d'E.P. Jacobs. L'hommage au créateur de Blake et Mortimer est évident. Le choix d'un dessin au charme suranné, réaliste et simple, mis en couleur par de simples aplats, qui rappelle celui des BD des années cinquante à soixante-dix sert également la série. L'action de celle-ci se déroule en effet en 1966.

Le graphisme de Nico est immanquablement, par son caractère plaisant, le point fort de la bande dessinée. Car le scénario, lui, se révèle peu passionnant. Fred Duval imagine en effet des années soixante uchroniques, en avance technologiquement sur celles que notre monde à réellement connu. Mais l'aspect science-fictif de la BD est peu exploité. Le scénariste n'utilise en effet les avancées apportées par le crash des deux soucoupes volantes que comme des éléments de décor. L'aventure de son héroïne pourrait aussi bien se dérouler dans les années soixante réelles. Au lieu de bondir dans une voiture volante, elle le ferait dans un véhicule terrestre que la chose ne serait pas moins spectaculaire.

Car le personnage de la série, Nico, est une jeune femme pleine de ressources, qui travaille pour l'énigmatique CIA. En mission à Paris, elle tombe dans un piège et doit disparaître. Aidée par son père, lui-même un cadre de la Compagnie, elle sera mise sur la piste de sa mère, disparue pendant la Seconde Guerre Mondiale, dans son Allemagne natale. Vous avez l'impression que l'histoire est tirée par les cheveux ? C'est le cas. Nous sommes en présence, en effet, d'un scénario à la James Bond, avec ses côtés kitsch – l'apparition de Steve McQueen en agent de la CIA, par exemple – et ses éléments frisant le burlesque – Moog séduisant Alapa alors qu'elle est prête à le tuer, entre autres. Le personnage est confronté à de nombreuses péripéties qui lui permettent d'user de ses multiples talents. Combat à mains nues, désamorçage de bombes, rien n'a de secret pour elle, rien ne lui fait peur.

Mais au fond de son être bat un petit cœur sensible pour la mère qu'elle rêve de connaître. De ce fait, la mission secrète de Nico apparaît rapidement comme un prétexte au véritable récit que semble vouloir raconter Duval : celle d'une jeune femme meurtrie dans son enfance et qui va mener une enquête dans l'Europe de la Guerre Froide. Un pitch qui peut s'avérer intéressant. Nico sera en effet sans doute confrontée au forces du régime communiste de Staline, au passé peut-être nazi de ses parents, et cætera. Mais Atomium-Express ne permet pas de convaincre complètement le lecteur. Le scénariste, qui s'attache trop à présenter un personnage principal peu sympathique et attachant, n'exploite pas assez son univers uchronique, les différences géopolitiques de cette Histoire parallèle. Il parsème, avec l'aide de Berthet, foule de clins d'œil et de références qui attisent la curiosité du lecteur sans le persuader qu'il vient de lire le premier tome d'une série de bandes dessinées passionnante.

On attendra le tome 2 pour se faire un avis vraiment positif concernant Nico.
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