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Aube ardente

Nicolas Mitric (Scénariste), Fred Besson (Coloriste), Sébastien Bouet (Coloriste), Grey (Dessinateur)
Cycle/Série : 
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 31/05/2004  -  bd
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Aube ardente

Nicolas Mitric est un touche-à-tout de la BD, un de ces nouveaux auteurs qui doivent autant à Crisse qu'aux animes japonais, une génération façonnée par le sens du rythme, de la dramaturgie et de la rondeur graphique. Architecte d'Arkeod, érigé en classique de la BD de science-fiction française, Nicolas Mitric s'est ouvert de nombreuses portes avec cette série qui en seulement deux tomes lui a apporté une notoriété tout à fait méritée. Ayant ouvert le bal des albums de Kookaburra Universe avec Le Secret du Sniper, il dessine également le quatrième volume de la saga sidérale de Crisse, intitulé Système Ragnarok. Non content de ce joli succès, c'est cette fois la jeunesse d'un de ses personnages à lui: Scalp, le mystérieux 'samouraï', que Mitric a décidé de dévoiler dans une série parallèle à Arkeod: La Voie du silence, qui comptera deux albums. Pour ce faire, il laisse les clés du dessin à un nouveau venu du vivier Soleil, au mystérieux pseudonyme de Grey. Chez Soleil, l'ouverture d'une série parallèle est véritablement la marque des grands succès. Une consécration, en quelque sorte, qu'il faut savoir mériter et dont on jugera ici de la pertinence.

Une enfance marquée au fer rouge sur le crâne

Avant de s'appeler Scalp, il fut un jeune garçon. Un jeune garçon marqué au fer rouge par le cataclysme qui a ravagé la Terre: le jour où ce que l'humanité a longtemps pris pour des météorites a ravagé la planète, il était aux première loges, avec ses parents. Tandis qu'ils périssaient dans les flammes, le gamin était sauvé par ses cheveux qui ralentirent sa chute avant d'être violemment arrachés de son crâne (!). Traumatisé, le jeune Scalp s'est reconstitué une famille parmi les survivants. Une famille que les monstrueux extra-terrestres, les véritables responsables du cataclysme, auront tôt fait d'exterminer à son tour, laissant le gamin doublement orphelin.

Recueilli par un groupe de combattants dirigé par Le Maître, un samouraï old-fashioned à souhait, Scalp va apprendre la voie du sabre. Une voie qu'il va marier à sa morale personnelle, au risque de désobéir aux ordres. Un lien étrange semble pourtant lier Scalp à l'antique samouraï Masaki Minamoto dont il lui arrive de rêver d'une façon presque... réelle.

Et le sentiment dans tout ça?

A la suite de Mitric et de toute la batterie de jeunes auteurs de Soleil, le trait de Grey nous accroche par sa rondeur. Que reprocher au dessin de cette série? La composition est dynamique, les plans larges très convaincants, les nombreuses planches sans texte suffisamment évocatrices pour supporter l'absence de phylactères, les personnages sont bien typés (sauf que le Japon et les Japonais de Grey manquent singulièrement de pittoresque, mais passons)... Alors quoi? Peut-être un petit supplément d'âme: en lisant cette Aube ardente, on ne passera évidemment pas un mauvais moment, mais on ne peut pas dire que cette série soit promise à la postérité. Si Grey ne signait pas ses dessins, on pourrait le prendre pour n'importe qui d'autre tant ils sont dépourvus de personnalité. Alors, oui: on peut joliment dessiner et pourtant passer à côté, en multipliant les cases vues et revues, en s'astreignant à lisser tout relief d'un dessin dont la plus grande qualité tient dès lors à sa 'propreté'...

La mise en couleur est elle aussi irréprochable dans son style: propre, dense, contrastée, elle use (et à mon sens abuse) des effets de lumière et de texture électroniques avec un savoir-faire certain, pourtant incapable de rallier un vieux con rétro dans mon genre. Certes, après les vagues d'admiration soulevées par les couleurs d'Arkeod, La Voie du silence se devait d'avoir des couleurs irréprochables. C'est bien le cas, et c'en est presque triste. J'aurais aimé trouvé des aspérités sur lesquelles me déchaîner, m'émouvoir, quelque chose qui me chavire ou me hérisse, mais là: rien. Pas la moindre parcelle de sentiment...

Du coup, la candeur du scénario ne risquait pas de m'atteindre: un pauvre gamin qui souffre tous les malheurs du monde avant de trouver un mentor, mentor dont il devra s'émanciper pour devenir un homme, et gnagnagna et gnagnagna... J'ai passé l'âge de ces conneries comme dirait l'ami Danny. Désolé messieurs: n'y voyez rien de personnel, mais je me suis juste ennuyé ferme dans cette Aube ardente. Un peu de sentiment que diable, et moins de prédigéré! Et je reprendrai alors la voie qui convient souvent le mieux aux critiques obtus: celle susnommée du silence.

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