Aurélie Wellenstein est née en 1980. Elle vit en région parisienne avec un pangolin et un grand chien blanc. Elle est autrice de romans à dominance Fantasy, avec une prédilection pour les thématiques qui se rapportent à l'homme-animal. Le Roi des Fauves (Scrineo 2015, pocket 2017) a reçu le Prix Halliennales, Les Loups Chantants (Scrinéo 2016, pocket 2018) le Prix Elbakin du meilleur roman jeunesse. Plus récemment, elle a reçu le Prix littéraire de l’Imaginaire BooktubersApp (PLIB) 2020 pour Mers Mortes (Scrineo 2019) et Yardam (Scrineo 2020) a reçu quant à lui le Prix de la 25ème heure du livre du Mans 2020. Et c'est sans compter ses nombreuses autres nominations passées et à venir.
Un roman teinté d'une violence exacerbée
Faolan est le fils d'un clan déchu. Sur son île tous les dix ans a lieu une compétition durant laquelle le Dieu Oiseau détermine quel clan va dominer le territoire pour la décennie à venir. Le gagnant organise alors la cérémonie du banquet durant laquelle tous les excès sont permis. Faolan y a vu toute sa famille périr devant ses yeux, et depuis ce jour où il est l'esclave de Torok, fils du chef de clan du Bras de Fer il ne rêve que d'une chose, participer à la prochaine compétition pour enfin prendre sa revanche.
Escalade de la folie
Aurélie Wellenstein est une autrice que je suis depuis un moment, j'apprécie son style, autant en terme de littérature adulte que jeunesse (La Fille de Tchernobyl par exemple m'avait laissé une très bonne impression). La qualité de ses productions est constante, et à en juger par ses nombreux Prix, on peut alors aisément dire que je ne suis pas la seule à le penser. Me voilà donc à nouveau plongée dans un de ses nouveaux univers, celui du Dieu Oiseau. Dans une atmosphère bercée de mythologie un peu Aztèque ou Incas (je manque d'expertise en la matière), j'ai été surprise de découvrir une toute autre facette de l'autrice, celle d'une violence crue et sans filtre et ce n'était pas pour me déplaire.
Si l'intrigue peut s'avérer un brin prévisible au premier abord (on devine que Faolan réussira les épreuves dès le départ, sinon le roman n'a pas lieu d'être), et c'est en partie pour cette raison que j'ai mis un peu plus de temps à m'immerger sans son roman par rapport à d'autres. Pour ce qui est de la suite, la quête de l'œuf d'or, je n'ai pas grand chose à redire. Aurélie a réussi à décrire avec justesse ce qu'on pourrait appeler "l'escalade de la folie". Faolan, enfant traumatisé et torturé ne pouvait pas sortir indemne de cette quête. Sa psychologie narrative est pour le moins déroutante. J'y ai retrouvé un peu de l'esprit de ce Guerrier Silencieux de Nicolas Windin Refn (et j'ose espérer qu'elle ne m'en voudra pas de faire ce parallèle car il est flatteur). Ses scènes d'ultra violence horrifiques sont sublimées, j'ai réussi sans peine à visualiser ses descriptions. La quête du Dieu Oiseau est avant tout un voyage intérieur où notre protagoniste tente de lutter pour ne pas sombrer dans la folie et échapper à ses délires intérieurs et c'est troublant.
Le Dieu oiseau est curieusement le roman qui traite le moins du rapport de l'homme à l'animal, mais c'est aussi un prétexte pour s'immerger dans un autre, celui de la bestialité. Si la psychologie de Faolan s'avère très réussie, celles des autres personnages en revanche est nettement plus en retrait et semble moins aboutie. Et c'est bien le seul regret que je pourrais notifier. Dans l'ensemble, le roman se tient bien même si de mon point de vue ce n'est pas mon préféré de l'autrice. Il ne nous reste maintenant plus qu'à voir ce que valent les crus de 2019 et 2020.