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Bifrost 49 - L'édito
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Bifrost 49 - L'édito

Pour un éditeur, le diffuseur est la société qui le représente en librairies. Concrètement, cela signifie que le diffuseur démarche le libraire pour le convaincre de la qualité et/ou du potentiel commercial de tel ou tel bouquin. Le diffuseur emploie pour se faire un certain nombre de représentants qui, tous les mois, passent voir le libraire pour lui détailler les nouveautés de l’éditeur. La présentation faite, le libraire décide du nombre d’exemplaires de l’ouvrage « travaillé » qu’il souhaite recevoir à la parution dudit bouquin. Cette quantité est appelée « noté », la somme de ces notés constituant ce qu’on nomme, dans le jargon du milieu, la « mise en place ». Aux côtés du diffuseur, l’autre partenaire majeur de l’éditeur est le distributeur (par souci de précision, on indiquera qu’il arrive que le diffuseur et le distributeur constituent une seule et même entité). Ce dernier est avant tout un stockeur : il conserve dans de gigantesques entrepôts tout ou partie des catalogues de ses éditeurs clients. Le distributeur centralise les notés communiqués par le diffuseur, puis, au moment de la parution de l’ouvrage travaillé, appelée « office », il expédie les quantités notées à l’ensemble des libraires. Outre ce travail sur les nouveautés, le distributeur reçoit toutes les commandes et réassorts des libraires sur le fonds de ses éditeurs, qu’il exécute à mesure de leur arrivée. Chaque fin de mois, le distributeur facture les libraires sur les notés et les commandes de fonds, puis communique les ventes à l’éditeur qui, en retour, facture les ventes au distributeur (moins la remise concédée au libraire et le pourcentage pris par le diffuseur et le distributeur — ces trois intervenants, libraire/diffuseur/distributeur, constituant ce qu’on appelle la chaîne de distribution, coûtant à l’éditeur entre 50 et 60 % du prix de vente de chaque bouquin vendu). Pourquoi vous raconter tout ça ? D’abord parce que la diffusion est le nerf de la guerre, dans l’édition, et qu’un petit rappel sur les fondamentaux n’est jamais inutile. Et aussi, surtout, parce que figurez-vous que les éditions du Bélial’, et donc la revue Bifrost, changent de diffuseur et de distributeur. Ainsi, à compter du 1er mai 2008, nous ne serons plus diffusés/distribués par CED/Les Belles Lettres, mais par CDE/Sodis. Un changement qui, s’il peut vous paraître anodin, ne l’est pourtant pas. Plusieurs éléments ont motivé ce changement. D’abord, nous changeons pour plus grand. Le CDE possède davantage d’équipes de commerciaux que CED, ce qui nous assurera une représentation en librairies plus régulière et des points de ventes supplémentaires. En clair, ça signifie que d’ici quelques mois, il sera plus simple de trouver Bifrost (et les éditions du Bélial’) en librairies. De plus, le CDE travaille l’export. Ainsi, pour la première fois depuis la création de la revue, nous allons bénéficier d’une réelle et régulière implantation en Suisse, en Belgique et au Québec ; nous aurons enfin quelque chose à répondre à tous lecteurs qui, à juste titre, regrettent de ne pouvoir nous lire à Bruxelles, Lausanne ou Montréal. Enfin, il est très rare de trouver, dans les sphères commerciales liées à l’édition, des responsables véritablement intéressés, voire passionnés, par les littératures de genre. C’est pourtant ce que nous avons trouvé au CDE… Plus grand, plus loin, et plus d’intérêt quant à nos productions et le domaine dans lequel elles s’expriment : il est clair que ce changement signifie pour nous une marche cruciale de franchie. Reste que je ne voudrais pas laisser ici supposer que nous quittons CED/Belles Lettres de gaieté de cœur. Certes, c’est notre décision, un choix mûrement réfléchi et essentiel pour notre développement, une évolution somme toute logique. Je veux néanmoins souligner, à l’occasion de ce départ, combien Bifrost et les éditions du Bélial’ doivent à CED/Belles Lettres. Toutes les petites maisons, tous les jeunes éditeurs vous diront combien il est difficile de trouver un diffuseur et un distributeur sérieux, professionnels et efficaces. La première fois que j’ai rencontré Cyrill Vachon, le directeur commercial de CED, en 1996, je n’avais à lui proposer, outre mon enthousiasme forcené, que deux numéros de Bifrost assez mal fichus. Plutôt que d’accepter d’envoyer ses représentants au casse pipe en librairies pour défendre un éditeur qui, non seulement ne publiait pas de livres mais une revue, et qui plus est une revue de… science-fiction !, la logique aurait voulu que Cyrill m’invite à gentiment quitter son bureau pour aller nous vendre ailleurs. Je ne sais pas pourquoi il a cru en nous, en Bifrost, dans les éditions du Bélial’. Mais c’est pourtant ce qu’ils ont fait, lui et sa chef des ventes, Dorothée Perraut. Nous avons travaillé douze années ensemble, construisant, à partir de deux numéros de Bifrost, une revue qui fêtera bientôt son numéro 50 et une collection parallèle d’une centaine de titres. Ce résultat est aussi le leur, et je veux ici les remercier pour nous avoir donné notre chance… Ils l’ont fait, et franchement, c’était pas gagné…
Outre ce changement majeur, il en est un autre moins crucial sur lequel je tiens néanmoins à vous dire quelques mots : la refonte de notre site internet. En ligne à compter de début mars prochain, ce nouveau site, entièrement repensé mais à l’adresse identique (www.belial.fr), proposera un habillage beaucoup plus moderne et surtout une navigation plus simple et instinctive.
Me reste à vous laisser en la très recommandable compagnie de Robert Silverberg. A moins que vous ne préféreriez débuter la dégustation de notre livraison hivernale par la découverte des nominés et lauréats de notre prix à nous, celui du pire, évidemment, les Razzies 2008 — quelques pages qui, n’en doutons pas, seront comme toujours les plus commentées de toutes celles que nous vous proposerons au cours de l’année… Une année que je vous souhaite par ailleurs excellente.

Olivier Girard

 

 

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