Jean-Marc Ligny est un auteur incontournable de la science fiction en France. Depuis son premier roman paru en 1979, Temps Blancs, il a donné quelques romans importants pour le genre comme le fabuleux Jihad (l'histoire de la France où le Front National a remporté les élections), Inner City (avec des personnages confondant réalité virtuelle et réalité) ou plus récemment AquaTM, un récit autour du dérèglement climatique, avec de grandes tempêtes dans l'hémisphère Nord et d'incroyables sécheresse dans l'hémisphère Sud. Un roman qui a reçu quatre prix littéraires.

La nouvelle publiée dans le dossier que lui consacre Bifrost 56 (on conseillera d'ailleurs la lecture de la très longue interview) se situe dans la même veine écologiste. On y suit les aventures d'un homme partant chercher de l'eau à plusieurs kilomètres de son village. Il en va de la survie de tous les habitants. Sauf que le seul véhicule disponible est en panne et qu'il va devoir aller au point de ravitaillement en plein soleil avec un âne. L'histoire pourrait sembler banale si elle ne se situait dans la campagne française en 2080. C'est dans notre pays que cette fois la sécheresse frappe... Une nouvelle fois, Jean-Marc Ligny veut avertir le lecteur des dangers du dérèglement climatique. Une mise en garde salutaire pour une nouvelle qu'on ne peut que recommander.

Ted Chiang, Don Lorenjy.

La nouvelle de Ted Chiang est, elle aussi, très recommandable. Dans une ambiance steampunk, un être de métal essaie de découvrir l'anatomie de ses congénères automates. Une quête qui rappelle celle des hommes à propos du corps humain et qui pose de nombreuses questions sur la nature même de ces humanoïdes mécaniques. Tout simplement passionnant. Quant à Don Lorenjy, il nous offre dans Viande qui pense, la vision d'un futur de cauchemar avec un père sans emploi qui décide de s'engager dans l'armée pour ramener un peu d'argent et retrouver de la fierté dans le regard de sa femme et de son fils. Sauf qu'on ne revient jamais indemne de l'enfer... Une nouvelle plaisante au final malheureusement un peu convenue.

Un bon numéro, une revue indispensable

Avec ce 56ème numéro, Bifrost, dont la qualité reste égale d'année en année, confirme son statut de revue indispensable, tant par la très bonne tenue de sa partie fiction, que par ses articles de fonds passionnants. On conseillera d'ailleurs la lecture de la rubrique de Fred Jaccaud : Les Anticipateurs, qui nous propose de découvrir André Laurie, mais aussi le long article de Sylvie Denis et Roland C.Wagner sur l'anthologie Retour sur l'Horizon, point de départ d'une discussion qui anime le forum d'Actusf depuis de longs mois. Encore un bon numéro dans l'histoire de la revue.